Elle passa sa main doucement sur la fenêtre. Ses doigts courraient avec agilité sur le chambranle, puis sa paume glissait avec lenteur laissant entendre un grincement et une marque sur la vitre. Le contact de sa main sur la vitre devait être glaciale. Il faisait si froid. Mais toujours quand elle venait me voir elle s'approchait, presque avec empressement, jusqu'à la fenêtre. La seule fenêtre de cette chambre austère. C'était son rituel. Étrange, étrange n'est ce pas ? Mais ça ne finissait pas comme ça, non. Elle enlevait sa main, avec brutalité, une brutalité surprenante venant d'elle. Elle si......si... délicate ? Non. Non ! Ça serait mal la décrire. Elle s'énervait, elle riait avec éclat, elle pleurait avec de la morve sortant de son nez, elle était comme moi, elle était elle. Avant. Avant ? Oui. Avant elle était. Mais ça a changé. Maintenant elle n'est plus. Elle était et elle n'est plus. Elle n'est pas morte. Elle n'est juste plus. C'est effrayant. Oui. Elle est en vie. En putain de vie. Mais sa putain de vie n'est plus ce qu'elle était car elle n'est plus. C'est incompréhensible oui. C'est triste non ? Mais si vous étiez là avec moi. Avec moi dans ma pièce. Vous verriez que ce n'est pas si triste qu'elle ne soit plus. Car un sorte de calme immense est en elle. Une sérénité. Qui me transporte. Quand elle entre. Quand elle entre son calme envahi ma pièce austère. Sans vie. Ma pièce est toujours sans vie mais elle est sereine. J'aime cette sérénité. Je l'aime. Elle. Son calme. Mais pas quand elle retire sa main. Quand elle la retire elle semble redevenir ce qu'elle était. C'est surprenant. Et ça c'est triste. Son visage se déforme de rage. Elle balance sa tête en arrière. Ses cheveux bouclés se lancent en arrière aussi. J'ai peur qu'elle se casse le cou. Voir sa tête soudain se déchirer. Se détacher du reste et rouler à terre. Ça ne me surprendrait pas. Puis elle se reprend et pause sa joue rosie par le froid contre la vitre glaciale de ma pièce. Elle me regarde. Mon dieu. Elle me fixe de ses yeux. Et là. Sa bouche s'entrouvre. Je vois dans ses yeux. Ses yeux qui me donnent confiance qui me transmettre un calme, oh !, un calme non. Je sais. Oh je sais comment vous dire. C'est une vague d'apaisements. Un océan de sa sérénité qui tombe en moi. J'en perds mon souffle. Je suffoque presque puis. Le calme. Cet apaisement que j'ai tant cherché. Cet apaisement qui me libére enfin. De toutes ces horreurs. De toute cette pourriture qui est entrée en moi petit à petit que je grandissait que je m'ouvrais et que je comprenais ce monde et que sa souffrance et la POURRITURE de mon espèce entrait en moi. Je suis........libre. NON. Je ne suis pas tout à fait libre. Car elle me regarde et ouvre la bouche. Comme d'habitude. Elle essaye de me parler. Et comme d'habitude l'incompréhension s'empare de son visage puis de ses yeux et alors ce courant magnifique d'apaisement va partir.... mais je ne veux pas. JE NE VEUX PAS ! Et je pleure. J'hurle. Je tape des poings et des jambes sur mon lit. Je secoue la tête. Peut-être qu'elle va se déchirer elle aussi. Mais...cette fois ce n'est pas d'habitude. Elle s'approche de moi, et délicatement comme si j'étais la fenêtre me ferme les yeux et m'embrasse les paupières. Elle souffle sur mon frond et elle entre en moi. Elle....entre...en moi ? Non. C'est son appaisement qui entre en moi. Cette fois ci je crois que je vais vraiment mourrir de suffoquation. Elle m'a tué ? Oh. Non. Je reprends contenance. Et j'ouvre les yeux et me lève. Je chancelle. Mais je suis debout. Comment est ce ? Elle est debout elle aussi, elle tend la main de nouveau vers la fenêtre. Va-t-elle recommencer le rituel ? Non elle ouvre la fenêtre. Le froid infini envahit la pièce. Mais moi je vais bien. Car je suis appaisée. J'ai envie de chanter ma joie. Sauf qu'elle monte sur le rebord et saute. Elle saute dans le vide. Mais le vide à l'état pur. Car en dehors de ma pièce c'est le froid infini et le vide réel. Alors c'est dans le vrai vide qu'elle s'élance. Elle s'envole. Je ne suis pas triste car son envol me réjouis. Son envol était nécessaire pour sa sérénité à elle. Et c'est là que je comprends. C'est à mon tour de ne plus être. Je ne suis plus. C'est tout. C'est simple. Je suis apaisée. Et je ne suis plus ! Je la remercierais jusqu'à ma fin. Je ferme la fenêtre. Et je sort de ma pièce. Demain il y aura quelqu'un qui est dans mon lit. Dans ma pièce austère. Et moi j'irais à la fenêtre et je rêverais du vide réel et du froid éternel. Mais avant je vais profiter de mon apaisement et quand je serai repu je le donnerai à la personne qui est. Car je ne suis plus.
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Petites Histoires Absurdes
Proză scurtăDe temps en temps (UnE fOis paR sièCle) je publie une courte histoire, des histoires souvent absurdes, j'en ai peur. Mais j'adore ceci, que puis-je donc y faire ? Dans ces étranges histoires j'y met de mon angoisse et de ma joie, j'y met mes senti...