Chapitre 3

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OoO

Deux mois plus tard

POV Eadlyn

Le palais avait retrouvé toute sa splendeur d'antan, ce soir. Les domestiques s'étaient surpassés pour le sublimer en cette période de fêtes. Il resplendissait littéralement. Mon cœur se serra et je réprimais les larmes qui montaient à mes yeux à la pensée de la dernière fois qu'il avait été aussi magnifique. Ma mère était encore de ce monde. C'était elle, d'habitude, qui supervisait toute l'organisation des festivités de Noël. Mais cette année, personne n'avait eu le courage de prendre cette responsabilité. Mon sentiment était plutôt que personne n'avait voulu toucher au souvenir encore extrêmement présent de ma mère et ainsi la remplacer. La décoration avait donc été reproduite à l'identique.

Il faut dire qu'aucun n'avait vu ces deux mois passer depuis ce jour tragique. Les obsèques de maman étaient arrivées quelques jours après l'arrivée d'Ahren et Camille. Nous aurions souhaité un enterrement intime et simple. J'étais sûre que c'est ce que maman aurait souhaité. Mais la pression et l'émotion de la population avait été telle que nous avions dû consentir à des obsèques nationales. Ce fut la journée la plus dure de toute ma vie. Rester droite et digne alors que les badauds rassemblés sur le chemin du cortège funéraire faisaient étalage de leur peine m'avait brisé le cœur. On n'avait jamais vu la famille royale verser une larme. Ça aurait fait la une des journaux. N'avoir le droit de pleurer que dans son cœur ou derrière les hauts murs du Palais avait, me semble-t-il, un arrière-goût de punition. Ce jour avait été la dernière apparition publique de mon père. Il avait bien tenté dans un premier temps de maintenir la famille et le pays à flots mais la douleur que j'avais entraperçue avait finalement pris le dessus. J'avais ainsi vu mon père s'étioler petit à petit, comme si ma mère était celle qui le maintenait en vie, qui lui donnait une raison de vivre. Il n'était plus que l'ombre de lui-même et même la présence de tous ses enfants réunis n'avait pas réussi à lui redonner sa joie de vivre qui l'avait caractérisé toute sa vie.

J'avais alors compris une chose. Toute ma vie j'avais idéalisé le couple que formaient mes parents. Ils étaient pour moi un véritable conte de fée. Les histoires que l'on racontait sur eux, sur leur rencontre, les obstacles qu'ils avaient traversés ne les rendaient pas extraordinaires. Bien au contraire. Ils étaient simplement deux personnes ordinaires trop entêtées pour laisser le monde les séparer. C'était peut-être ça la définition des âmes-sœurs, finalement.

Depuis récemment, les couloirs bruissaient des rumeurs de ma prochaine intronisation. Pourtant, malgré ce que tout le monde semblait supposer, ce projet n'avait pas été abordé concrètement pour l'instant. Car si je n'avais pas encore officiellement le titre de Reine, j'en avais déjà toute les prérogatives. En effet, depuis que mon père n'arrivait plus à assumer ses fonctions, les devoirs politiques qui lui incombaient d'habitude m'étaient naturellement revenus.

Et malgré tous ces évènements, j'avais dû me résoudre à continuer ma Sélection. Ne restaient plus que deux candidats en lice : Kile et Henry. Et d'ici quelques jours, comme le voulait la tradition, le grand gagnant serait annoncé en direct à la télévision. Rien que d'y songer, j'étais angoissée. C'était dans ces moment-là que maman me manquait plus que tout. Elle aurait su quoi me dire et me conseiller.

Soudain, une main se posa sur mon épaule, interrompant le cours de mes pensées et me faisant sursauter.

- Ça va, Eadlyn ?

Mon frère jumeau, était arrivé derrière moi sans un bruit. J'eu un instant d'hésitation, deux images se superposant dans mon esprit. J'avais vu une photo de mon père plus jeune portant la même couleur de costume gris perle. Et ce soir-là, avec ses mêmes cheveux blond, la ressemblance entre les deux était frappante.

Long May She Reign- La Sélection FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant