Lilou .1.

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WTF! Je ne me reconnais presque pas!

Louisa, ma toute récente demi-sœur, me donne un dernier coup de lisseur. Elle en profite pour me conseiller :

— À dix heures, remets du gloss.

Un peu sous le choc face à mon nouveau look, je suis assez bluffée par le résultat.

— Tu as fait un travail de ouf sur moi !

Elle me répond :

— Il y avait une bonne base ! Tu ne savais simplement pas t'y prendre.

Je m'observe devant le miroir de ma nouvelle chambre, dans mes nouveaux vêtements, avec ma nouvelle coiffure, mon nouveau maquillage, mon nouveau tout, ma nouvelle vie.

Louisa a raison, je n'étais pas si moche en fin de compte. Il fallait juste que je change de coupe, que je fasse quelques mèches, que je jette l'intégralité de ma garde-robe pour en enfiler une autre et que j'apprenne à me maquiller. Enfin, techniquement, tout ça aurait été impossible sans le pognon de beau-papa et son aide. Donc, il y a de fortes chances que sans elle, je sois restée invisible toute ma vie!

Quand elle a terminé, Louisa contemple son œuvre.

— Tu es parfaite !

Je bouge un peu pour m'assurer que ma tenue est un bon choix.

Avec un tee-shirt blanc assez court et une jupe noire, je ne vais pas passer inaperçue! Mais est-ce vraiment mon style? Ai-je eu raison de la laisser s'occuper de moi? Est-ce que je vais assumer ce look très différent de celui que j'arborais l'an dernier une fois que je serai au lycée et que tous les regards seront tournés vers moi? Je n'en suis pas très sûre! J'ai peur d'être ridicule et qu'on me rappelle celle que j'étais avant-hier.

En voyant mon expression pleine de doutes, Louisa me remémore presque sévèrement les consignes qu'elle m'a données hier :

— Donc, n'oublie pas que le regard des autres, tu t'en tapes. Tu es canon et tu l'assumes. Si quelqu'un a quelque chose à redire sur ça, tu lui colles un stop. Et si on te fait une remarque sur le passé, tu zappes. Ne les laisse pas te descendre. À partir d'aujourd'hui, tu es une reine.

Je pouffe parce que même si j'ai changé de look, je reste la même fille un peu gauche qui préfère longer les murs. Elle me gronde :

— Je suis sérieuse, Lilou ! On n'a pas fait tout ça pour rien. Cette année, tu exploses tout ! Et en particulier avec les mecs ! Ils doivent être à tes pieds !

Je rigole encore :

— Ouais, enfin...

Elle fait claquer ses doigts devant mon nez.

— Il s'appelle comment déjà le gars qui te fait craquer ?

Je rougis.

— Gabin.

Elle me reprend :

— Oui, voilà ! Eh bien, ton Gabin, il va regretter de ne pas t'avoir calculée ces dernières années. Je parie que dès ce soir, tu as un contact avec lui.

Sceptique, je glousse :

— Oh, ça...

Elle insiste :

— Attends, mais tu as vu le boulot ? Soit il flashe pour toi, soit il n'a aucun goût et tu t'en trouves un autre.

Plutôt du genre à prendre la vie comme elle vient, je hausse les épaules.

— OK.

Elle m'indique :

— Prends ton sac, je vais te déposer.

Je l'attrape et je la suis jusqu'au garage. Lorsqu'on grimpe dans sa Mini Cooper, je me prends vraiment en pleine figure mon changement de standing.

Eh ouais, Maman s'est trouvé un homme riche! Enfin, il a assez d'argent pour louer une nouvelle maison afin que je puisse avoir ma propre chambre. Sans oublier la cérémonie du mariage qui avait de quoi vendre du rêve, les achats coûteux de Louisa et les dépenses accumulées hier qui m'ont donné le tournis ou plutôt des sueurs froides. Bref! Ma vie ressemble à une comédie romantique depuis le début de l'été. Reste à savoir si je vais trouver l'amour ou me fracasser le nez comme d'habitude parce que je suis plutôt du genre à avoir la lose. Ouais, j'ai toujours fait partie des «intellos» ringards : pas assez belle pour exister, trop intelligente pour avoir de l'intérêt. Du coup, j'ai longé les murs pendant toute ma scolarité dans l'espoir que je puisse y survivre sans trop de dégâts mentaux!

Sur le trajet jusqu'au lycée, Louisa met la musique à fond. Je me sens tout étrange pour ma part. Je fixe mes jambes nues en me disant que j'en ai peut-être fait un peu trop.

Je vais être ridicule!

Dans un éclair de panique, je la supplie :

— Ramène-moi !

Mon cri la fait sursauter. Comme on est dans la circulation, elle me demande :

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je pivote vers elle et je lui exprime mes inquiétudes :

— Tout le monde va se moquer de moi, c'est sûr ! Réfléchis un peu à quoi je ressemblais et maintenant...

Elle me coupe :

— STOP !

Je me fige, j'arrête limite de respirer tandis qu'elle me souffle :

— Tu oublies celle que tu étais, OK ? Je t'ai dit qu'à partir d'aujourd'hui, tu es une reine.

Médusée, je lui rappelle :

— Tout le monde...

Elle me coupe :

— Si tu étais aussi transparente que tu le dis, personne ne se souviendra de toi telle que tu l'étais. C'est le moment de marquer les gens d'une autre façon.

J'avale lentement ma salive tandis qu'elle insiste :

— Je t'ai observée tout l'été. Tu as du caractère. Donc, montre-le !

Enfoncée dans le siège, je marmonne :

— Je change de lycée si ça ne fonctionne pas.

Louisa prend ça comme un pari :

— C'est d'accord, j'en prends la responsabilité. C'est même moi qui demanderais le changement si tu n'es pas la reine de ton lycée avant ce soir.

Choquée, je ne sais pas quoi répondre après ça. Quelques minutes plus tard, elle se gare sur le bas-côté pour me déposer. J'ai le cœur qui bat à s'en rompre quand elle saisit ma main et qu'elle me promet :

— Tu vas tout déchirer.

J'ouvre la portière et je m'élance sur la place du lycée. Après seulement quelques mètres, je remarque que les garçons m'observent. Mal à l'aise, je cherche quelqu'un à qui parler pour ne pas rester seule. Mon regard se pose alors sur Gabin. Mon cœur cesse de battre quand je me rends compte qu'il me regarde, lui aussi.

Waouh! Ça marche?

Help ! Je suis devenue populaire [Edité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant