5. Imoucha ~ Alexandra (version éditée)

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Après un samedi pluvieux, nous profitons du retour du soleil pour faire une balade dominicale du côté de la Sainte-Victoire. Mon pilote s'est mis en tête de monter jusqu'à la Croix de Provence. Pendant que je préparais nos sacs à dos avec pique-nique, goûter et eau, Nathaniel s'est occupé de Clémence. Il a déjà fait une randonnée dans la Sainte-Victoire et pensait nous emmener faire le sentier classique des Venturiers, mais je l'en ai dissuadé. Je ne suis pas très fan de ces chemins bétonnés qui sont certes très praticables, mais qui, selon moi, dénaturent le paysage. À la place, j'ai préféré lui proposer un itinéraire plus pittoresque et relativement facile d'accès, même pour une petite fille de cinq ans. C'est donc moi qui suis la préposée à l'orientation cet après-midi.

J'indique la direction à prendre à Nathaniel pendant qu'il conduit et une demi-heure plus tard nous nous garons sur le grand parking aménagé du barrage de Bimont. Sacs à dos sur les épaules et chaussures de marche aux pieds, nous entamons notre périple. La traversée du barrage est source d'émerveillement pour Clémence qui ne cesse de vouloir regarder des deux côtés. Cependant, sa petite taille l'empêche de voir au-delà du mur du parapet. Très rapidement, Nathaniel cède à sa bouille suppliante et la prend dans ses bras. À peine le barrage franchi, je bifurque sur la gauche vers un sentier balisé.

— Où on va ? demande Clémence étonnée. Le grand chemin est de l'autre côté !

— On ne va pas emprunter la route en terre, mais ce sentier. Nous serons plus tranquilles, car il y aura moins de monde.

— Mais on ne va pas se perdre ? s'inquiète ma petite élève.

— Tu vois les traits bleus sur l'écorce des arbres et sur les rochers ? C'est le balisage qui nous permet de savoir que nous sommes sur le bon chemin. Grâce à ces repères, nous ne pourrons pas nous égarer.

— C'est un peu comme les pierres du Petit Poucet, renchérit Nathaniel. Sauf qu'ici ce ne sont pas des cailloux blancs, mais des traits de peinture bleue.

— Cet itinéraire s'appelle le sentier Imoucha.

— Y a des mouchoirs sur ce chemin ? demande Clémence avec perplexité.

Je ne peux me retenir de rire à sa question, mais je m'efforce de maîtriser mon hilarité pour ne pas la vexer avant d'expliquer :

— Cela n'a rien à voir. Ce sentier a été baptisé ainsi en hommage à Henri Imoucha. C'était un alpiniste et un grand randonneur qui est à l'origine de la restauration du prieuré que nous visiterons tout en haut de la montagne.

Le sentier est agréable à suivre, il s'élève entre les pins et les chênes verts auxquels se mêlent des buis. En cours de route, je ne peux m'empêcher de nommer certains arbustes ou de faire observer à Clémence les particularités de certaines plantes. Les différentes variétés de chênes, de cistes, de genévriers, les filaires, les argelas, les plantes aromatiques telles que le romarin, le thym, la sauge... tout y passe. Clémence et Nathaniel se montrent très intéressés, même si j'ai quelques doutes sur les motivations véritables de mon pilote, car il ne manque pas une occasion de me toucher – pour ne pas dire peloter – dès qu'il se penche vers moi pour soi-disant observer ce que je montre à sa nièce.

Mach 2 L'amour dans le viseur T3 (Edité chez Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant