La traversée 2

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Ophélie avait eu du mal à trouver le sommeil. La perte de sa montre l'avait mise dans un état de panique, et elle s'en voulait terriblement. Elle était revenue sur ses pas, avait cherché partout où elle aurait pu la laisser tomber, mais rien. Sa tante Roseline et Archibald n'était plus au bar, surement parti se coucher, et les quelques personnes à qui elle avait demandé ne l'avait pas vu. Personne ne l'avait non plus rapportée au personnel de l'équipage et rien aux objets trouvés. Désespérée, elle s'était résignée à retourner bredouille dans sa cabine. Elle partirait à sa recherche à son réveil. Sa montre était forcément sur le bateau et elle devait la retrouver avant leur arrivée.

La mer était calme, et il n'y avait pas trop de remous dû aux vagues. Dans sa cabine, il faisait chaud et moite, Ophélie était en sueur et se tournait et retournait dans son sommeil. Son écharpe était endormie à ses pieds, gênée par les coups et les mouvements d'Ophélie, elle se glissa hors du lit à la recherche d'un endroit plus tranquille pour terminer la nuit.

Un cliquetis familier résonna au loin, Ophélie ouvrit les yeux en grands, elle avait froid, elle souffla dans ses mains, de la buée sortait de sa bouche. Elle regarda autour d'elle, il faisait sombre, devant elle un escalier s'enfonçait profondément, une faible lumière en sortait. Elle ne se rappelait pas comment elle était arrivée là, mais elle reconnaissait cet endroit pour y être déjà allée. L'excitation remplaça la peur, elle cherchait cet endroit. Elle descendit les escaliers d'un pas décidé sans se retourner, elle savait très bien que derrière elle, les ténèbres la suivait. Au bout d'une centaines de marche, Ophélie se retrouva devant l'obscurité. Elle ne se laissa pas déstabiliser et tendit le bras devant elle. Sa main s'arrêta sur une surface dur, elle la glissa le long du bois jusqu'à trouver une poignée. Elle poussa de tout son poids et l'ouvrit. Derrière la porte le fameux couloir qui continuait jusqu'à perte de vu à sa gauche et à sa droite. La première fois où elle était venue cette porte n'était pas là, c'était le même endroit, mais différent à la fois.

Ophélie resta un moment au milieu du couloir sans bouger. Elle se concentrait sur le moindre bruit qui pouvait résonner, de nouveau elle entendit au loin un cliquetis. Elle arrêta de respirer, ferma les yeux et continuait d'écouter, cherchant de quel coté le son pouvait venir. *clic* Elle ouvrit les yeux, elle était sure de deux choses, la première d'où ce son provenait et la seconde il s'agissait du bruit de sa montre. Elle marchait vers la gauche, regardait son reflet dans les différents miroirs puis entre deux miroirs s'élevait une porte, une porte en bois identique à la première qu'elle avait ouverte. Une lueur passait sous la porte, Ophélie mit son oreille contre le bois. Quelqu'un était derrière, et ouvrait et fermait rapidement le couvercle de sa montre.

Sans aucunes hésitations, elle poussa la porte de tout son poids comme la première fois. La porte était lourde mais pas verrouillée, elle céda et Ophélie arriva dans une pièce, les murs était de pierres et il n'y avait pas d'autres portes, ni fenêtres. Des flambeaux étaient accrochés aux murs, une grande cheminée de pierre prenait tout un pan de mur et un feu crépitait. Au centre de la pièce sur un grand tapis, il y avait une table basse en bois entourée de grands fauteuils pourpres. L'inconnue était là, assise sur le fauteuil le plus proche du feu, dans sa main elle tenait la montre à gousset. Ses cheveux étaient tressés sur les cotés formant une crête sur le haut de sa tête et lui donnait un air de guerrière viking. Les griffes d'Ophélie qui s'était faites oublier à leur première rencontre commençaient à grogner, elle les sentait se débattres, prêtes à attaquer au moindre mouvement. Voir cette inconnue jouer avec sa montre la mettait en colère, et elle sentait la chaleur monter dans ses joues.

- C'est ma montre ! lâcha Ophélie d'un ton sec et autoritaire. L'inconnue sursauta :

- Je sais, je l'ai retrouvée tout à l'heure lorsque nous nous sommes rencontrées. Je venait te dire que je l'avait. Je te la rendrait demain.

- Rends-la moi tout de suite !

- Cela ne servirait à rien, tu ne pourrait pas repartir d'ici avec.

- Rends-la-moi.

Lentement, Ophélie s'approchait de plus en plus d'elle, elle tendit la main et son gant qui se referma sur la montre. Elle recula de quelques pas et la contempla, c'était bien elle, elle ne fonctionnait toujours pas, mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'était plus à l'heure. Le couvercle s'ouvrit et se referma de soulagement, elle l'avait retrouvée.

- Je m'appelle Axil, d'habitude je ne vais jamais chez quelqu'un comme ça, surtout pour un premier rendez-vous, mais j'ai sentit que cette montre avait quelque chose d'étrange et te tenait vraiment à coeur.

- Comment tu as pu le savoir ?

- Disons que déjà elle m'a pincé plusieurs fois les doigts, et ne se laissait vraiment pas faire. Cela nous pouvait appartenir qu'à quelqu'un avec une écharpe aussi aimable. Et j'ai sentit que tu avait un sommeil agité.

Elle avait dit cette dernière phrase du bout des lèvres, un son à peine audible. Ophélie ne comprenait plus rien.

- Quel est cet endroit ?

- Je n'en ai aucune idée, c'est chez toi.

- Comment es-tu arrivé ici ?

- C'est mon pouvoir, je suis une passe-rêve, depuis toute petite je peux entrer et sortir des rêves des gens.

Ophélie n'avait jamais entendu parler de ça. Tout cela était invraisemblable. Elle sentit quelque chose lui secouer l'épaule, elle tourna la tête, il n'y avait rien. Cette sensation recommença un peu plus fort. Ophélie mit la main sur son épaule, il n'y avait rien, elle ne comprenait pas. Axil lui souriait, un sourire sincère et qui se voulait rassurant :

- à tout à l'heure.


Ophélie ouvrit les yeux, sa tante Roseline se tenait devant elle. Il faisait jour, elle était dans son lit, trempée de sueur, ses draps étaient en boule, et son oreiller par terre. Son premier réflexe fut de regarder dans sa main, elle savait qu'il y avait sa montre, elle ne l'avait pas lâchée et elle la sentait encore. En une fraction de seconde, le désespoir s'empara d'elle : son gant était vide. Il y avait pourtant encore la marque du couvercle du cadran, tellement elle l'avait serrée fort. Sa tante Roseline l'a regardait inquiète :

- Tu vas bien Ophélie ? Tu as dormit jusque très tard et j'ai eu du mal à te réveiller.

- Oui, ça va... J'ai juste fait un étrange cauchemar.



Les retrouvailles du MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant