Chapitre 6 : chanceux

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Steve se tourne et se retourne encore dans son lit dans le but de pouvoir enfin trouver le sommeil. En vain. Il en a profité pour aller se coucher plus tôt après être rentré tout seul du bal mais depuis, il n'arrête pas de penser à Tony. C'est plus fort que lui.

Ni une, ni deux, il se saisit de son téléphone sur sa table de nuit et bizarrement, les mots lui viennent tout naturellement. D'habitude, ça ne lui arrive que très rarement surtout quand il s'agit de dire réellement ce qu'il a sur le cœur.

« Tony, je ne t'obligerai jamais à mettre des mots sur ce que tu ressens, je tenais seulement à ce que tu le saches. Ce qui s'est passé dans les toilettes, ça veut pas dire que t'es forcément gay ou pas hétéro, tu vis juste ta vie comme tu l'entends, tu suis tes désirs et puis, moi je commence à en avoir vraiment ras le cul de cette manie de foutre les gens dans des cases, pas toi ? Et peut-être bien qu'on est juste deux mecs qui ont réalisé ce soir la chance qu'ils ont de s'être trouvés l'un l'autre ? »

Sans réfléchir une seconde de plus, Steve envoie son SMS dans la foulée et quand aucune réponse ne lui parvient après cinq longues minutes, il laisse retomber sa tête sur son oreiller d'un air las, Dieu que cette nuit s'annonce interminable.

La première chose que fait Steve quand il ouvre les yeux le lendemain matin, c'est de vérifier son portable, toujours aucun sms de la part de Tony, son cœur se serre dans sa poitrine, il a beau essayer de ne pas perdre espoir, il est de plus en plus pessimiste au fil que les minutes s'égrènent.

Après avoir pris une bonne douche, il se regarde dans le miroir, ses traits sont fatigués, ses cernes apparentes, il fait vraiment peur à voir et n'a pas la moindre envie de se rendre à son entraînement d'aviron dans une quinzaine de minutes à peine.

Or, c'est peut-être sa seule chance d'y croiser Tony alors il s'habille en vitesse et juste quand il s'apprête à sortir de la chambre, on toque à sa porte, et le frêle blond ouvre donc cette dernière dans la seconde qui suit.

- Tony, tu vas bien... dieu merci.

Steve pousse un soupir de soulagement très peu discret en croisant le regard chocolat du beau brun devant lui et comme il fait son entrée dans la chambre sans rien lui dire, le fils du doyen referme calmement la porte derrière eux.

Ses gestes sont posés alors qu'une centaine de questions submergent ses pensées à cet instant et que la nervosité le gagne de plus en plus car Tony reste muet face à lui et ce silence de mort entre eux lui donne des sueurs froides ainsi que des palpitations. Ah oui, et il le fait parler dans un véritable débit de mitraillette aussi.

- tuNeMeDonnaisPlusDeNouvellesAlorsJ'étaisSuperInq...

- demande-moi comment je me sens.

Steve le fixe d'un air intrigué, cette requête le laisse pantois, il ne comprend pas où le brun veut en venir mais il obtempère quand même, sans poser de questions, il imagine facilement qu'un interrogatoire à cet instant précis, surtout venant de sa part, c'est sûrement la dernière chose que souhaite son interlocuteur.

- comment tu te sens, Tony ?

- chanceux.

Le brun lui répond en même temps qu'il avance doucement vers lui et passe amoureusement ses bras autour de sa taille. Il colle affectueusement son nez au sien et plonge ses magnifiques yeux chocolats dans les siens avant de venir chercher ses lèvres dans un doux et tendre baiser, du bout des lèvres.

- très chanceux.

Il murmure tout contre ses lèvres et Steve est aux anges. Il ne peut réprimer un sourire, ça veut dire que Tony a bien reçu son sms et que lui aussi a finalement réalisé la chance qu'ils ont de s'être trouvés l'un l'autre.

La bouche de Tony se faufile maintenant dans son cou et y dépose une multitude de baisers du bout des lèvres et le frêle blond relève encore plus le menton afin de lui en faciliter l'accès.

Il ferme en même temps les yeux pour savourer pleinement chaque seconde de ce moment. Une chose est certaine, il n'a plus la moindre envie de se rendre à ce putain d'entraînement d'aviron à présent.

- Tony ?

- mmmh ?

- faut qu'on aille à l'entraînement. On va être en retard sinon.

- mmmh ok.

Mais le beau brun fait tout le contraire et commence même à suçoter la peau lâche dans son cou avant de le mordre avec jeu d'un seul coup.

- Tony ! Arrête ! Mais t'es fou !

Il sent le rire de son amoureux au creux de son épaule et dépose une petite tape dans son dos en retour pour avoir osé jouer les vampires de service avec lui.

- tu m'as toujours pas repoussé en attendant.

- t'es marrant toi, si tu crois que c'est facile de te résister.

- je sais, je suis irrésistible.

Tony accompagne ses propos de nouveaux petits baisers à la base de son cou avant de remonter doucement vers sa mâchoire et Steve ne peut s'empêcher de pousser un soupir de contentement tellement le savoir-faire de son amoureux lui fait du bien.

- et si modeste avec ça.

- bingo, c'est tout moi ça.

Ni une, ni deux, il sent Tony s'éloigner de lui pour mieux lui prendre la main et déposer un tendre baiser sur cette dernière.

- allez viens beau blond, on y va. Le coach va nous tuer sinon.

Steve se laisse alors gentiment emmener en dehors de sa chambre par Tony et une fois qu'ils sont dans le couloir, il lâche délibérément sa main afin de ne pas provoquer le moindre malaise chez son beau brun.

Ça l'étonnerait fortement qu'il veuille rendre leur relation publique et tant mieux d'un côté, car le frêle blond ne le désire pas non plus, c'est leur petit jardin secret à eux et il ne veut pas le partager avec le reste de l'académie, il veut garder leur relation précieusement pour lui.

- messieurs Rogers et Stark, ravi que vous ayez pu vous joindre à nous.

Comme Steve le craignait, avec Tony, ils arrivent les derniers à l'entraînement et ce cher coach Carter ne manque pas de leur faire remarquer ce léger point de détail en maniant, comme à son habitude, l'ironie comme personne.

Tous les autres élèves sont déjà assis sur l'herbe alors le frêle blond et son amoureux en font de même, l'un à côté de l'autre, quand ils croisent le regard plein de sous-entendus de Sharon face à eux qui a sûrement compris de quoi il retournait vraiment et donc la raison de leur retard, ce qui les fait bien sourire tous les deux au passage.

C'est vrai qu'ils lui doivent une fière chandelle et Steve sait déjà qu'il sera toujours infiniment reconnaissant envers leur généreuse bienfaitrice pour les avoir aidé à ouvrir les yeux sur leur relation. C'est exactement ce petit coup de pouce du destin qui leur manquait à tous les deux pour se lancer et être enfin en paix avec leurs sentiments.

Rogers AcademyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant