La prophétie des 12 Royaumes [Tome1](Édité)

̴ Chapitre 2 ̴

Les Terres d'Intravia, Royaume d'Ingrecia dans le village Lamaris

« Tu peux sortir de ta cachette, Eloa, la fouine est rentrée dans son antre. »

Abasourdie, Eloa se leva. C'était la première fois qu'elle entendait quelqu'un parler d'un Père en ces termes. Prise de panique, elle regarda les alentours afin de voir si quelqu'un avait pu surprendre l'insulte de Niniel. Eloa l'aimait beaucoup et une telle déclaration pouvait lui amener de sérieux problèmes. Heureusement, la fermière vivait à l'extérieur du village, peu de gens empruntaient cette route.

Trois mois auparavant, Eloa avait créé des liens avec Niniel dans le but de se rapprocher de Madenn, qui passait beaucoup de temps chez elle. Mais ensuite, une réelle amitié s'est installée. Une fois remise de sa surprise, Eloa se demanda comment Niniel avait pu deviner qu'elle se dissimulait dans les parages. De sa cachette, elle n'était pas repérable. Et elle n'avait fait aucun bruit.

« Niniel, tu ne devrais pas parler du Père Arthur ainsi, s'il l'apprend, cela peut t'attirer de sérieux ennuis.

— Ne t'inquiète pas pour moi, les choses doivent être ce qu'elles sont... L'opinion qu'a de moi Arthur est le cadet de mes soucis.

— Pourquoi ?

— Cela pourrait être un peu long à t'expliquer, pour le moment, mais en parlant de problème, lorsque tu mens au Père, tu devrais faire plus attention, c'est un vrai détecteur de mensonges.

— Oui, je sais, j'étais encore en retard ce matin pour La Leçon, je n'ai pas eu le temps de trouver une excuse plausible. Mais... Comment as-tu deviné ce que je lui avais dit ?

— Oh... Juste un coup de chance ! Je trouvais que cette histoire de souche à arracher était branlante, et heureusement, te connaissant, je me suis dit que tu avais plutôt inventé une excuse en lien avec les animaux. Donc c'était soit le cheval ou la chèvre. Une chance sur deux, répondit Niniel, plutôt adroitement.

— Ha ! Je l'ai échappé belle ! ... Merci beaucoup, Niniel. Dis-moi, puis-je te poser une question ?

— Oui, bien sûr !

— J'ai entendu que tu avais eu une conversation concernant une légende sur des Sorciers qui vivraient dans un pays de l'autre côté de la Grande Mer et... j'aimerais bien que tu me la racontes. »

Eloa préféra taire le fait que Madenn en avait parlé durant La Leçon, et utilisa plutôt la conversation entendue entre Niniel et le Père Arthur.


« Je ne suis pas sûre que ce soit raisonnable, pour le moment... Cela pourrait t'attirer de gros problèmes, et accroître les miens avec le Père Arthur... Peut-être une autre fois, murmura Niniel, sachant parfaitement qu'elle ne souhaitait pas aborder ce sujet avec la jeune Lamarisienne. »


Elle l'aimait beaucoup, et ne voulait pas attirer sur Eloa les foudres du Père Arthur et du Grand Temple. Après tout, cette histoire ne la concernait pas, mieux valait ne pas l'embrigader dans cette aventure.

« Je comprends, mais tu me la raconteras, n'est-ce pas ? Quand le Père Arthur ne te tournera plus autour !

— Oui, Eloa, mais le vautour n'est pas prêt de lâcher sa proie, ironisa Niniel, un sourire au coin.

— Pardon ?...

— Non, rien, je pensais à voix haute. À présent, tu devrais rentrer chez toi, tes parents vont encore se demander ce que tu fais.

— Oh, oui, tu as raison ! Encore merci de m'avoir couverte, je ferai plus attention à l'avenir pour être à l'heure à La Leçon, répondit la jeune fille, en partant au pas de course.

— Il vaut mieux ! Je ne pourrai pas toujours te couvrir, tu dois réfléchir à tes actes et à tes dires. Eloa, juste un dernier point : peux-tu dire à Madenn que je vais devoir m'absenter quelque temps ? J'ai de la famille à visiter. Je serai de retour d'ici quelques mois.

— Oui, bien sûr, je lui ferai la commission, lança Eloa, heureuse d'avoir une bonne excuse pour adresser la parole à Madenn. »