6) Comment cette prêtresse écureuil devint ma première amie.

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La traversée fut des plus pénible, de longues semaines à bord, sans autre divertissement que le plaisir de la conversation de ces compagnons d'infortune.

Ajouté à cela la maigre pitance et boisson qui leur était servis, ainsi que l'hygiène déplorable, inexistante même qui au bout de quelques jours avaient rendu l'air irrespirable, Alexandre qui n'éprouvait déjà que peu de sympathie pour ses geôliers en vain à les détester profondément.

"Mais malgré toute ma haine, aucune pensée malveillante n'atteint celle qui m'a mis là. C'est d'une sinistre ironie !"

A quoi pensez-vous ? s'enquit la jeune prêtresse écureuil à ses côtés, alors qu'ils prenaient enfin l'air sur le pont supérieur durant l'une de leur rare promenade autorisée.

La prêtresse Adélaïde le suivait partout désormais. Sa longue queue rousse s'agitant à chacun de ses pas. Elle était belle, indéniablement, avec ses joues rondes et son air un peu naïf. Une fille incapable de se défendre, qui n'avait jamais eu besoin de se défendre, mais avant tout une fille gentille.

"Malheureusement trop pour ce monde visiblement"

Car si la prêtresse ne l'avait pas remarqué, ce n'était pas le cas d'Alexandre. Le regard, le regard envieux de tous les marins du navire. En mer depuis déjà deux semaines, le manque se faisait ressentir. La seule raison qui empêchait les marins de s'en prendre à la jeune fille, n'étaient certainement pas l'ordre du capitaine de ne pas abîmer la marchandise, en témoignait d'ailleurs l'état dans lequel se trouvait certaines des autres esclaves à bord. Non, c'était plutôt justement dû à la présence du jeune homme à ses côtés. Un jeune homme dont la rumeur prétendait qu'il avait terrasser un duc, ou était-ce un comte ? lourdement armé, à main nue. Un homme jugé donc dangereux. Sans le savoir, Alexandre avait placé la jeune fille sous sa protection.

— Vous pensiez encore à elle ? lui demanda t'elle, voyant que sa première question demeurait sans réponse.

— Oui. Désolé, je suis de piètre conversation aujourd'hui.

— Ce n'est rien. C'est même plutôt bon signe en un sens. Mais je crois que vous devriez plutôt vous concentrer sur le moyen de... elle s'arrêta net en voyant le jeune homme faire une moue étrange sur son visage. Est-ce moi qui vous gêne ? Si c'est le cas, je suis désolé, je vais me retirer.

— Pardon encore, ma dame. Je ne voulais pas vous offenser, je regardais simplement ce bateau. Il est assez primitif, une grande voile, fond plat. Ce n'est pas l'idéal pour le commerce ou le transport de marchandise.

— Les bateaux ont toujours été ainsi pourtant ! Comment sont les bateaux de votre pays ?

— Cela dépend, beaucoup en bois, beaucoup en acier déjà...

— En acier ? C'est un drôle de pays que le votre ! Par quel magie est ce qu'un navire d'acier tiendrait sur l'eau?

— Ce n'est pas le poids du matériel qui importe, enfin si, il importe, bien sûr mais... Il faut tenir compte de l'air aussi. C'est l'air qui le maintien hors de l'eau. Il faut juste trouver le bon équilibre. S'il n'est pas respecté, alors même un navire de bois peut couler. C'est ce qui est arrivé au Wasa.

— Au quoi ?

Les deux compagnons se déplacèrent encore le long du navire, celui n'étant pas de grande taille, il ne permettait pas de longue promenade, d'autant plus que leurs fers les entravaient grandement, et en plus il faisait frisquet, mais tout valait mieux que la puanteur de la cale en sous-sol. Il n'avait droit qu'a quinze minutes de promenade, et pas forcément tous les jours, alors autant en profiter.

Isekai Comment séduire une Noble ennemieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant