Prologue.

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Aaron arpentait les couloirs d'un pas pressé. Cela faisait des jours qu'il attendait que cette bataille se termine. Des jours qu'il attendait de voir son père sain et sauf. Dehors, on entendait les bruits d'épées et les cris des hommes. Son père combattait auprès d'eux, peut être même qu'il s'agissait de ses hurlements. Il sentit le sang lui monter à la tête. Il ne voulait plus rester ici à ne rien faire, se sentir complètement impuissant face à cette guerre meurtrière qui ravageait ses terres et tuait son peuple. Il voulait agir. Se battre pour son pays. Participer à la victoire.

Il serra ses poings presque automatiquement et revint soudain sur ses pas. Il descendit les marches des escaliers trois par trois jusqu'à arriver à l'immense porte du château qu'il poussa sans efforts. Les gardes lui ressassèrent qu'il ne pouvait pas, que c'était trop dangereux, mais le jeune homme n'écouta personne. Surtout pas ces paroles qu'on lui avaient répétées des dizaines de fois. L'enceinte du château était calme, propre, irréelle face à la dure réalité de l'extérieur. Il passa par une petite porte à l'arrière du palais afin de passer inaperçu au près des ennemis et monta sur le premier cheval venu. Une fois dehors, il vit enfin la bataille de ses propres yeux. L'herbe était devenu rouge, une odeur pestilentielle émanait des cadavres qui se putrifiaient déjà et le paysage était méconnaissable. Dans cette partie là de la province, la bataille avait cessée. Quelques minutes plus tard, il aperçu la silhouette d'un village au loin. Du moins, ce qu'il en restait...

Lorsqu'il arriva, il fut contraint de s'arrêter soudainement. Une petite fille obstruait le passage. Elle était au milieu de la route. Pas plus haute que trois pommes, elle ne devait pas avoir plus de 10 ans. Le regard de Aaron rencontra ses yeux noirs tranchants qui faisaient le contraste avec sa chevelure blanche. Elle semblait être le fruit de son imagination, si propre et douce au milieu de tout ce sang. Cependant, il se reprit vite, n'y préta pas attention et continua sa route, l'air furieux.

Athéna errait dans les rues de son village meurtries. Elle ne comprenait pas se qui se passait et ne reconnaissait plus les maisons ni les rues. Pourquoi était-il dans ce piteux état ? Et pourquoi y avait-il des personnes allongées partout? Elle commença à avoir peur. Pas la même peur qu'elle ressentait parfois lorsqu'elle était seule dans sa chambre le soir et qu'elle entrevoyait des silhouettes dans le noir. Non, cette peur était plus puissante et la possédait de toute part, lui glaçant le sang. Il fallait qu'elle retrouve maman et papa. Eux sauraient ce qu'il se passait.

Ses pensées furent interrompues par le bruit des sabots sur les pavés de la rue. La petite fille se retourna brusquement. Elle reconnaissait ce bruit. C'était le bruit qu'elle entendait tous les soirs quand son papa rentrait. Elle se figea lorsqu'elle aperçut un grand cheval qui se dirigeait vers elle à toute allure. Heureusement, il s'arrêta mais elle ne bougea pas. Son cavalier la regarda sans rien dire et elle fini par croire qu'il voulait jouer au jeu du regard. Cela tombait bien, elle était imbattable à ce jeu. La preuve, c'est elle qui gagna car le cavalier s'en alla au bout de quelques secondes. Un grand sourire parcouru alors son visage innocent. Sa peur s'était dissipée. Puis, la réalité lui revint de plein fouet. Athéna retourna à sa maison en courant. Lorsqu'elle l'atteignit, elle remarqua que sa porte était grande ouverte. Elle entra à pas lents. A l'intérieur, tout était en bazar. La vaisselle était cassée, la table retournée et les bougies éteintes. Elle appela ses parents d'une voix frêle mais personne ne lui répondit. Elle recommença alors en criant, les larmes lui montèrent aux yeux. Pourquoi personne ne répondait? Le sentiment qui l'avait parcouru un peu avant lui revint. Cette fois, la peur était plus grande et n'allait pas disparaitre.

La fillette s'enfonça doucement dans l'unique pièce qui constituait sa maison puis fini par remarquer avec effarement les corps de ses parents gisant au sol. Elle pria pour qu'ils ne soient qu'endormis, mais Dieu ne l'entendit pas.

Aaron été arrivé là où la bataille faisait rage. Il avait été sûr que son père s'y trouvait et, aussitôt, avait sauté de cheval et s'était mêlé à l'affrontement. En avançant, il tua tous les ennemis qui se trouvaient en travers de son chemin et fini enfin par l'apercevoir. Le roi était en train de combattre un adversaire redoutable. Tout en gardant son allure royale et le charisme tant admiré par son fils, il esquivait les coups, surveillait ses arrières et frappait avec rage et dextérité à la fois. A cet instant, Aaron aurait voulu lui ressembler. Faire preuve d'autant de sagesse et avoir les mêmes compétences physiques. Trop heureux, il l'appela de toutes ses forces. Son père tourna la tête et le jeune prince vit son visage se durcir. De justesse, le Roi para un coup de l'ennemi. Le cœur d'Aaron avait bondit pendant une fraction de seconde. Alors qu'il commençait déjà à se rassurer, il aperçut un homme surgir derrière son père et, avant qu'il ne puisse réagir, lui couper la tête. Le jeune homme observa la scène avec horreur. Le corps de son père sans vie s'écroula au sol. Il aurait voulu pleurer, hurler, aller à son chevet et le tenir dans ses bras mais la bataille faisait toujours rage. Au lieu de cela, il se précipita vers le meurtrier et, d'un coup, le transperça de sa lame jusque là brillante et propre.

Plus tard, il marchait une nouvelle fois dans les rues du village voisin, cette fois avec le cadavre du Roi dans les bras et couvert de sang. Tête baissé et à pas lent, il s'engagea sur la place centrale et jeta le corps à terre. Les survivants sortirent de chez eux, intrigués. L'un d'eux reconnu le corps de son souverain et cria avec effarement : "Le Roi est mort ! Le Roi est mort !" On se concerta avec horreur et bientôt un homme prit la parole une nouvelle fois : "Le Roi est mort, longue vie au Roi !"

Le combat venait de se finir mais un autre avait commencé.

 𝙾𝙱𝚂𝙴𝚂𝚂𝙸𝙾𝙽 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant