CHAPITRE 4 : La victoire aime l'effort.

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Le Roi descendit les marches des gradins une par une avec une démarche d'adolescent joueur, réduisant, à chaque pas, l'espace entre Athéna et lui, et vint se planter devant elle. Les mains sur les hanches et le regard espiègle, il se pancha, violant carrément son espace vitale, leurs visages seulement séparés part quelques centimètres. La jeune fille, plutôt grande habituellement, devait se casser le coup pour soutenir son regard d'aussi près et, malgré leurs dix-sept centimètres de différence, garder sa crédibilité.

Les yeux du jeune homme étaient animés d'une lueur nouvelle qui la perturbait. Ce n'était plus un regard glacial, bien qu'il soit tout de même perçant, mais plutôt un regard taquin, provoquant. Il avait failli mourir, et cela l'amusait?

-Tu voulais me tuer ou juste attirer mon attention ? murmura-t-il avec un demi sourire à l'oreille d'Athéna qui avait finalement laissé ses bras ballants.

L'adolescente frissonna. Elle serra le poing droit et, alors qu'il ne s'y attendait pas, réussit à lui décocher un coup de poing assez fort. Surpris, le Roi resta d'abord sans voix. Puis, il reprit vite ses esprits lorsque la jeune fille enchaina son deuxième coup. Il l'arrêta en lui attrapant fermement le bras, plantant ses doits dans sa combinaison. Mais Athéna, l'autre bras libre, en profita pour lui pointer un couteau sur le coup, l'enfonçant assez pour faire couler un petit filet de sang. Elle monta sur la pointe des pieds et colla ses lèvres à son oreille pour lui chuchoter d'une voix sensuelle qu'elle n'avait même pas fait exprès de prendre :

-Je voulais vous tuer.

Le jeune homme resta une seconde immobile, ipnotisé par sa voix. C'était à son tour de frissonner. Il reçut une bouffée de chaleur. Ses mains devinrent moites et cela le mit hors de lui. Il ne pouvait pas fléchir ainsi, surtout pas devant une gamine de 16 ans ! Aussitôt, son regard se refit noir.

Pas de problème. Si elle voulait jouer, ils allaient jouer.

Soudain, le jeune homme arracha le couteau de la main d'Athéna pour venir lui mettre sur la gorge et la tourna violement dos à lui. Il fit glisser le couteau le long de son coup doucement, telle une caresse meurtrière. Tout le monde regardait le spectacle, retenant son souffle et plongé dans l'action.

-Tu n'imagines même pas à quel point j'aimerais te planter ce couteau dans la gorge, dit-il, sa tête à hauteur de celle de la jeune fille et son souffle venant lui chatouiller l'oreille.

-Ne vous gênez pas alors, répliqua-t-elle, presque sérieuse.

Ils restèrent comme cela quelques instants, puis le Roi finit par la lâcher. Elle se retourna aussitôt, plantant une dernière fois ses yeux noirs dans ceux du souverain, et s'éloigna d'un pas rapide à l'autre bout de la salle vers un endroit où étaient exposées des épées. Elle en prit une et commença quelques mouvements improvisés contre un ennemi imaginaire, se défoulant contre ce dernier en tentant d'évacuer sa rage.

Le jeune homme retourna à sa place et tout le monde reprit ce qu'il était en train de faire, comme si rien ne s'était passé. Les hommes qui étaient aux côtés du Roi et qui avaient observés la scène silencieusement vinrent se rasseoir près de lui, le sermonnant de ne pas avoir donné une punition plus stricte à la fautive. Ils étaient en fait ses conseillers et le jeune souverain les écoutait toujours attentivement. Cependant, là, son attention était portée ailleurs. Il regardait avec insistance Athéna, mise à part dans un coin de la salle loin des autres concurrents, essayant tant bien que mal de comprendre et d'assimiler quelques techniques à l'épée seule. Il se dit qu'elle n'arriverait jamais à rien comme cela et commença à corriger tous ses mouvements dans sa tête. Au fond de lui, il aurait voulu qu'elle sache mieux se battre.
Puis, quelque chose le contraria. L'un des combattants était venu vers elle.

 𝙾𝙱𝚂𝙴𝚂𝚂𝙸𝙾𝙽 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant