CHAPITRE 3 : Ecart de conduite.

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Athéna se laissa tomber bruyamment sur son lit, épuisée par les évènements. Elle repensa à la soirée qui s'était déroulée il y avait de cela quelques minutes et dont elle s'était éclipsée avant la fin. Elle revit le regard du Roi se poser sur son coup puis devenir noir à la révélation de son âge. Un regard perçant qui lui avait donné des frissons et qui lui en donna maintenant encore lorsqu'elle le visualisa. Puis, elle se rappela son plan de départ : celui de s'échapper le soir même. Elle revêtit rapidement ses habits initiales, c'est à dire une chemise pour homme et un pantalon, et prit le couteau qu'elle avait volé dans la cuisine en revenant. On ne savait jamais, après tout...

C'était le moment propice pour s'enfuir : tout le monde faisait la fête en bas et le Roi s'occupait de ses invités. Sur la pointe des pieds, elle sortit donc de sa chambre, les sens aux aguets et le regard perçant l'obscurité qui enveloppait le reste du château déjà endormi. Elle passa par les passages qu'elle avait repérés, vérifiant à chaque intersection s'il n'y avait pas des gardes. Comme il y en avait presque toujours, elle longeait les murs en se baissant, telle une ombre, et lorsque le soldat se retournait pour vérifier que le bruit qu'il avait entendu parmi le calme envoutant de la nuit n'était pas le fruit de son imagination, elle était déjà passée au couloir suivant.

Elle descendit les escaliers pour se rendre aux sous sols, atteindre les écuries et sortir sans se faire remarquer. Il devait bien y avoir une porte dissimulée à l'arrière du château... Lorsqu'elle atteignit les cachôts, elle se fit repérer par le seul garde qui surveillait cette partie du souterrain. Cependant, il n'eut pas le temps de dire un mot qu'Athéna l'avait déjà assommé. Elle prit la ceinture de son épée et l'attacha autour de sa taille pour se mettre ensuite à courir et trouver une sortie à ce labyrinthe qui lui était totalement inconnu. Elle n'avait pas pensé à cela, mais les cachôts étaient vastes et elle ne savait pas du tout comment en sortir. Aussitôt, elle commença à paniquer et s'arrêta un instant pour se repérer. La pénombre l'empêchait de discerner le moindre indice qui lui permettrait de sortir de là. Elle alluma alors une torche en créant une étincelle avec une pierre trouvée par terre qu'elle frotta contre le mur. Une fois la lumière revenue, la jeune fille retrouva vite son calme habituel. Elle se posa un instant et réfléchit à la situation critique dans laquelle elle s'était mise. Une seule solution s'offrait maintenant à elle : celle de continuer à arpenter ces couloirs.

Athéna reprit donc sa course effrénée et son chignon, jusque là parfait sur sa tête, se défit pour laisser place à la chevelure rebelle qu'étaient ses épais cheveux blancs. Elle ne regardait pas vraiment où elle allait, son esprit trop occupé pour s'y soucier, et finit par percuter quelqu'un qui stoppa net son élan. La lampe torche tomba à terre et sa flamme diminua pour n'éclairer que trop peu les lieux. L'individu l'attrapa au passage et la retint fermement. Athéna était prise au piège. Elle essaya de se défaire de son emprise, en vain. Il avait une force étonnante. Ou alors, c'était elle qui en avait peu...

-Où crois-tu aller comme ça ? demanda-t-il d'une voix rêche.

C'était donc un homme. Elle l'avait déjà deviné en remarquant sa silhouette, elle en était maintenant sûre. Seulement, ce n'était pas n'importe quel homme. C'était le Roi. Elle reconnaissait sa voix. Mais que faisait-il dans les cachôts à cette heure-ci, alors même qu'il avait des obligations envers ses invités ? Elle sentit avec effroit son pouls s'accélérer. 

-Nulle part...répondit-elle alors dans un murmure d'une voix frêle.

Elle aurait aimé ne pas laisser paraitre sa peur, mais au fond d'elle, cet homme la terrifiait. Elle sentit la poitrine du souverain vibrée. Il avait échappé un rire silencieux, mesquin. Se moquait-il d'elle ? Cette possibilité la mit en rogne. Athéna profita donc de ce moment pour se défaire de son emprise et sortir le poignard de sa chaussure. Elle le pointa vers lui, touchant presque sa gorge, et redressa le menton. Elle avait renversé la situation. Néanmoins, malgré la pénombre, la jeune fille devina le demi sourire qui s'était dessiné sur le visage du jeune homme.

 𝙾𝙱𝚂𝙴𝚂𝚂𝙸𝙾𝙽 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant