VERVE : Wicked game

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—Calmez-vous. Vous êtes déjà au seuil critique, il est nécessaire de vous calmer.

La voix sort des haut-parleurs. Je suis incapable de savoir à qui elle appartient. C'est une de ces voix déshumanisées qui ne manifeste pas la moindre émotion. Depuis le temps, ils ne sont pas rendus compte que ça n'améliore pas mon état. Mes flammes montent le long du mur. Je claque des doigts avant de serrer mes poings, envoyant ce qui semblent n'être que de fines étincelles dans l'air, puis elles grandissent en un instant pour ressembler à des traînées de feu.

Mickaël, reprit la voix. Vous avez désormais passé le seuil critique. Je peux vous proposer des médicaments de catégorie trois.

Mickaël... Ils ont aimé nous donner des noms bibliques. Comme pour nous absoudre de nos péchés. Oui, ils n'ont pas trouvé mieux que de me coller le nom d'un archange. Et quoi de mieux que celui qui a pourfendu le mal ? Alors que pour eux, je me rapproche plus de l'incarnation du diable.

Ils ont définitivement un sens de l'humour pourri. Mes flammes lèchent désormais le plafond, hors de contrôle.

—Mikaël, répondez-moi. Voulez-vous prendre des médicaments de catégorie trois ?

Elle va reposer la question et ensuite passer à l'étape deux du manuel en bonne petite ouvrière qu'elle est. Comme si je n'étais qu'une machine à faire fonctionner. Débrancher, rebrancher.

Je hurle. De rage, de tristesse, de frustration, je ne sais, peut-être les trois à la fois. J'ai encore du mal à mettre des mots sur mes émotions. Le doc tente bien de m'expliquer qu'il n'y a pas que la colère ou la frustration dans l'éventail des sentiments. Et que la prostration dont je fais parfois preuve n'est en aucun cas une manifestation normale mais je suis encore loin de toutes les maîtriser et de les identifier quand elles se manifestent à moi.

En même temps, ressentir des émotions normales dans ma situation est quasiment impossible. Enfin, il y en a une plus prégnante que les autres et que je n'identifie que trop. L'attachement comme un signe aliénation, cette dépendance anormale qui me hante.

Mikaël, fit la voix, répétant pour la troisième fois ce prénom auquel je ne m'identifie pas, comme si cela devait avoir un effet sur moi.

—Je veux le Doc, coupe-je en jetant un coup d'œil vers les caméras qui filment toujours, derrière leur vitre protectrice, toute la journée, sans arrêt. » Et je les noye sous le feu. Je veux le Doc.


World was on fire
Le monde était en feu

No one could save me but you.
Personne d'autre que toi ne pouvait me sauver


« Verve, dit-il en arrivant, m'appelant par mon vrai nom. Je suis là comme tu l'as demandé. » Je me détends immédiatement à sa voix. Il n'est pas derrière une caméra et un micro, non, il est entré directement dans ma cellule, sans aucune peur, les flammes suivent ses pas. Mais il fait comme s'il ne les voyaient pas.

S'il ne possédait pas ces grosses lunettes avec ces montures hideuses et cette barbe qui lui mange le visage, je pourrais presque lui donner un air inquiet.

J'aime l'idée qu'il s'inquiète à mon sujet.

Il y a beaucoup de choses qui ont changées quand le doc est arrivé. La première chose, c'était que quelqu'un m'a parlé, véritablement parlé.

Pendant les deux premières années de ma détention, personne ne l'a réellement fait. Pas que je sois un grand bavard. Mon nom a été choisi par ironie face à mon peu de capacité à communiquer.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 02, 2021 ⏰

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