La communauté de Lalìn

2. Ailes

La sonnerie retentit alors que je range mes affaires. Le prof nous donne des devoirs, mes amis me rejoignent dans la foulée.

"-Encore une tonne de devoirs." souffle Karma.

"-Te plains pas et fais-les en avance." lance Julie.

Il soupire avant de râler encore plus. On sort de la salle, se baladant dans les couloirs pour sortir rejoindre Léna et Évariste, qui doivent nous attendre. Je sens une main se glisser sur mon avant-bras. Je me retourne vers Léo, qui me regarde avec bienveillance tout en glissant sa main vers la mienne. Je l'attrape discrètement en rigolant alors que Karma continu tout seul son monologue sur les devoirs.

"-Karma ?" lançais-je.

"-Oui ?" répond-t-il.

"-Ta gueule ?" demande Léo en rigolant.

Julie et moi la suivons dans son rire alors que Karma ne répond pas. On finit par rejoindre les deux autres, qui effectivement nous attendait.

"-Bah alors, vous en avez pris du temps." lance Évariste étonné.

"-Dis ça à Karma qui traîne en râlant des devoirs accumulés." dit Léo en continuant de rigoler.

Évariste soupire avant de nous faire signe d'avancer vers le parking. Une fois à la voiture, il se gratte la tête.

"-Il va manquer une place. C'est une voiture cinq places et on est six."

Je ne réfléchis pas et lève la main en rigolant.

"-Vas-y, je vais monter dans le coffre, ça passe."

"-Mais t'es trop con toi, ma parole. On va pas faire ça." dis Karma en essayant de garder son rire en lui.

J'hausse les épaules en continuant de rire.

"-De toute façon, on ne va pas très loin, ça risque rien." lançe Évariste.

Évariste ouvre le coffre. Chacun s'installe à sa place alors que je referme le coffre, toujours aussi éclaté de rire. Léo, sur un des sièges arrière, me regarde, désespéré de mon comportement. Je lui lance un clin d'œil charmeur pour rire. Ce qui semble encore plus la désespérer.

"-Tout le monde est bien attaché ? À part Lukas, du coup." demande Évariste.

"-Oui."

"-T'inquiète."

"-Ouaip."

"-Ah, je suis très bien attaché, sache-le. Mon sac est ma ceinture de sécurité." expliquais-je en rigolant.

"-N'importe quoi..." soupire Julie en m'entendant.

La voiture démarre doucement avant d'accélérer. Je sens les mouvements de la voiture, les dos d'ânes assez fort. J'enlève mon sac et m'accroupi au mieux pour ensuite me masser les ailes. Les garder collées contre moi toute la matinée me fatigue plus que je ne veux bien le faire croire.

"-Ça va ?"

Je me tourne vers Léo qui vient de me chuchoter ces simples mots. Je lui fais signe que oui comme je peux. Ce qui ne semble pas vraiment la convaincre. La voiture s'arrête, alors qu'on arrive devant chez Cody. Je sors du coffre en m'étirant doucement, pendant que les autres discutent avec Esteban. Léo pose ses mains sur mes épaules.

"-Tu aurais pas dû aller dans le coffre."

"-C'était drôle." rigolais-je.

On approche d'Esteban, tandis qu'il nous regarde.

"-On va partir dans dix, quinze minutes. Posez vos affaires à l'intérieur, on prendra ma voiture, elle est assez grande pour nous huit."

Chacun rentre à son rythme dans la maison posant son sac. Esteban m'invite à venir avec lui dans son bureau, à part. Léo qui a entendu, nous suit de près. En fermant la porte du bureau, j'enlève mon pull puis mon T-shirt, laissant mes ailes libres de bouger.

"-Je dois avouer que ça fait du bien." raillais-je.

Il s'approche des ailes avant de poser sa main dessus.

"-Déjà, pas mal de plumes sont arrivées. Elles vont grandir doucement. Tu peux étirer tes ailes ?" Je contracte au mieux le dos, essayant de tire au plus loin les ailes. "Elles ont encore bien grandi. Comparé au écrit que j'ai, tu es un peu au-dessus de la moyenne."

"-Je suis pas le meilleur alors ? Dommage." rigolais-je.

"-Désolé de décevoir." il rigole doucement "Je pense que d'ici une semaine et demie ou deux, on pourra commencer à entraîner tes ailes pour planer un minimum."

"-Planer ?" demande Léo, m'ôtant les mots de la bouche. "Ce n'est pas un peu trop tôt ?"

"-Non, quand les ailes sortent, elles se renforcent tout de suite. C'est une caractéristique des anges. Il faut entraîner au plus tôt Lukas pour que ses ailes ne perdent pas de leur force."

Esteban note sur un carnet les mesures de mes ailes, qui semble avoir doublé de grandeur depuis une semaine. Elles sont encore assez petites, mais voir qu'elles ont grandis aussi vite m'étonne.

"-Je vais rejoindre les autres pour leur dire que vous arrivez." explique Léo avant de m'embrasser furtivement et sortir de la salle.

Je remets mon T-shirt et mon pull avec un peu de difficulté alors que Esteban s'approche.

"-Tu es en couple avec elle désormais ?" demande-t-il avec un air sérieux.

"-Ouais ... ? Ça s'est fait tout seul lorsque le groupe est parti la dernière fois." expliquais-je avec une pointe de gêne.

Il ne répond pas, refermant le carnet avec délicatesse. Il s'approche de la porte et la ferme à clé avant de se retourner vers moi, un air contrit.

"-Il faut qu'on parle Lukas."