Je sors du bureau derrière Esteban. Les autres, qui grignotaient arrêtent en nous regardant.
"-On va y aller." lance Esteban avec un air bienveillant, comme à son habitude.
Le groupe débarrasse avant de se préparer à sortir. Léo se rapproche de moi avant d'attraper ma main. Elle cherche mon regard, alors que je la prends dans mes bras. J'inspire cette odeur qui sait tant m'apaiser, et la relâche. Elle me regarde avec inquiétude alors que je souris doucement.
"-Mes ailes en peuvent plus d'être enfermé dans mon pull." mentais-je en chuchotant.
Elle ne lâche pas mon regard et soupire.
"-Lukas, tu es sûr ?" Un frisson me parcourt l'échine.
"-Oui. Ne t'inquiète pas va."
J'attrape sa main en l'embrassant avant de l'emmener avec les autres dehors, vers la voiture. Ce que m'a dit Esteban résonne encore dans mon esprit, mais je dois me concentrer sur notre objectif d'aujourd'hui. On rentre dans la voiture, me posant aux côtés de Léo. La route fut assez silencieuse, nos mains jouant ensemble discrètement. Je pose ma tête sur son épaule, la laissant poser la sienne au dessus.
"-On est arrivé." lance Esteban après quelques temps.
Je regarde à travers la fenêtre, me laissant apercevoir la forêt. Des souvenirs flous de l'accident me reviennent à l'esprit. Je soupire avant de resserrer inconsciemment la main de Léo. Celle-ci glisse sa deuxième main sur la mienne en me regardant. Je lui glisse un semblant de pardon silencieux qu'elle accepte. Je sors de la voiture et laisse place à mes amis pour descendre.
"-Bon, on va se séparer en deux groupes comme prévu." commence Esteban. "Lukas, Léo, Évariste et Julie, on vous laisse partir vers le haut de la montagne ?"
"-On s'en occupe." lance Évariste.
Les deux groupes se séparent, partant de leurs côtés. Je suis les miens, nous enfonçant doucement dans la forêt. Léo attrape ma main pour marcher à mes côtés. On laisse les deux autres avancer, discutant entre eux sereinement.
"-Ça va ? Depuis qu'on est parti, tu n'as pas dit grand-chose." me demande Léo.
"-Hm ? Ouais, Je repensais... Au fait de commencer à planer dès la semaine prochaine."
"-Si tu ne veux pas, tu peux dire non, tu sais ?"
"-Je sais Léo, mais il faut que je le fasse." J'embrasse sa main en rigolant.
"-Hé ! On devrait quitter les chemins pour s'enfoncer plus profond dans la forêt." lance Julie.
"-Bonne idée. Je passe devant." Je répond avec assurance avant d'appliquer mes paroles.
Je passe devant mes amis, sortant du chemin. Je les entends me suivre de près alors que je zigzague entre les arbres, ne sachant pas vraiment par où aller. Évariste me rejoint devant alors que je passe à côté d'un arbre.
"-Alors... Toi et Léo, vous vous êtes rapprochés ?" me demande-t-il calmement.
Je regarde Léo, qui discute avec Julie en rigolant. Quand son regard croise le mien, elle me fait signe en souriant avant de reprendre sa conversation.
"-Ouai, mais... je sais pas, j'ai peur avec elle."
"-De quoi ?" s'étonne-t-il.
La discussion avec Esteban me revient l'ombre d'un instant.
"-D'aller trop vite." répondais-je rapidement pour chasser les souvenirs.
Il rigole avant de me taper gentiment la tête.
"-T'as pas à paniquer avec Léo, elle est mature et autonome. C'est pas toi qui va lui faire peur." m'explique-t-il avec sérieux.
Je soupire en le regardant. Il n'a pas tort, mais il ne sait pas tout. Le fait que je sois un ange complique tout. Je sais à peine cacher mes ailes tellement elles ont besoin de bouger, s'étirer.
"-Merci Évariste."
"-Lukas, Évariste !" crie Julie.
Je me retourne vers elle avec vitesse. Léo se tient la tête fortement alors que Julie la tient comme elle peut. Je cours vers Léo avant de la prendre dans mes bras.
"-Je le sens. Il s'approche..." dit-elle avec difficulté.
Je resserre l'étreinte avant de regarder autour de nous. Il n'y a aucun chemin autour de nous. Et je ne vois rien qui ressemblerait à un démon de près ou de loin.
"-Où est le chemin ?" demandais-je rapidement.
"-J'en sais rien." réplique Julie.
"-On est paumé au milieu de la forêt avec un démon qui se rapproche. Faut qu'on s'en aille !" lançais-je. "Léo, tu sais d'où il vient ?"
Elle ne répond pas, me faisant un signe de la tête pour me dire non. Je regarde mes deux amis qui ont les yeux rivés vers le lointain.
"-Faut qu'on bouge. Léo, tu peux marcher ?"
"-N-Non..."
J'attrape Léo et la porte sur mon dos. Je commence à marcher rapidement dans une direction, suivit de mes amis. Les bras de Léo se resserrent autour de moi alors que j'accélère le pas pour essayer de m'en aller au plus vite.
"-Lukas..." chuchote avec difficulté Léo.
Je ralentis pour essayer de la laisser parler. Ses yeux sont fermés, presque souffrants. Alors qu'elle allait parler, un hurlement sourd se fait entendre non loin.
Je m'arrête avant de regarder derrière sans bouger. J'entends mon cœur battre très vite, très fort. Si j'étais qu'avec Léo, je pourrais aller plus vite avec mes capacités. Mais avec Évariste et Julie, je ne peux pas me dévoiler...
"-Évariste ! On se sépare ! Partez à gauche, on va à droite."
"-C'est la pire idée." répond-t-il aussi vite.
"-Ne discute pas !" hurlais-je en essayant de garder de l'assurance.
Il voulut répondre mais pris la main de Julie et courra à l'opposé. Je n'attends pas plus longtemps et cours dans une direction. Je sens Léo s'accrocher comme elle peut tandis que je vais de plus en plus vite.
Je vois plus de lumière entre les arbres, sûrement la sortie de la forêt. En courant dans la direction, je sors enfin et m'arrête abruptement. Je regarde en face de moi : nous sommes au bord d'une falaise. Je me retourne pour faire demi-tour mais une forme entre les arbres s'approche. Je vois un homme arriver à une quinzaine de mètres. Il s'arrête et me regarde avec haine.
"-C'est lui..." lance Léo avec grande difficulté.
Il rigole avant de faire un pas en avant tandis que je fais un pas en arrière, m'approchant un peu plus du bord.
"-Alors c'est toi... " sa voix semble irréel tellement elle est pas humaine.
"-N'approche pas."
Il rigole avant d'hausser les épaules.
"-Je ne vous ai pas fait venir pour rien au moins..."
Il s'approche de plus en plus alors que je fais le dernier pas possible en arrière. Je ne peux pas plus reculer.
J'entends Léo gémir, ses bras relâchent la pression autour de mon cou alors qu'elle se laisse tomber en arrière, m'entraînant dans sa chute. Je la lâche sans le vouloir, alors qu'on tombe dans le vide.
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La communauté de Lalìn
Hayran KurguUn jour, des membres de la communautée française de "La malédiction de Lalìn" se rencontrent. Mais un étrange phénomène les emmènent tout droit en Espagne. À Lalìn.