OS - Ataraxia Ó Mordha

Oubliette ?

le 4 mai 1987
Manoir des Malfoy

La petite fille aux boucles brunes avait été appelé depuis sa chambre. Elle descendait doucement les escaliers pour ne pas tomber. Les marches étaient immenses ; elle s'accrochait à celles-ci pour permettre à son petit corps de garder l'équilibre.

« Ataraxia. Dépêche-toi », murmura un homme aux cheveux longs et noirs alors qu'elle se rapprochait de lui de plus en plus. Elle lui adressa un immense sourire mais lui, son visage crispé restait intact. La jeune fille ne fronçait pas des sourcils, elle n'avait l'air ni contrariée ni embêtée. Elle souriait. Son tendre sourire ne quittait jamais ses lèvres bien même s'il n'était pas en concordance avec l'endroit où elle avait grandi.
Elle se retrouva dans la grande salle des repas. Cette pièce était cruellement terne. Mais on pouvait certainement le justifier par les personnes qui s'y trouvaient. Chaque chaise était occupée par une personne qu'elle reconnaissait. Ses iris prirent une teinte jaune alors qu'elle avançait vers l'immense table. Les ornements des meubles étaient prestigieux, à l'égal des maîtres de la demeure. Elle reconnut d'ailleurs la couleur dorée des cheveux de son meilleur ami à qui appartenait ce manoir. Il était assis entre ses parents et la regardait en souriant, un sourire qui se voulait rassurant, mais ce n'était réellement que de l'inquiétude qui s'en échappait. À nouveau, elle ne fronça pas des sourcils. Son sourire ne disparaissait pas. N'avait-elle pas peur ? Ataraxia n'avait pas de raisons d'avoir peur.

« Viens ici », lui lança l'homme qui se trouvait au bout de la table, sur la chaise où elle avait l'habitude d'y voir Lucius Malfoy. Ataraxia s'exécuta d'un pas nonchalant, elle n'appréciait pas que son cousin la dérange alors qu'elle jouait dans sa chambre. Elle se trouva alors rapidement devant lui. Elle devait à peine lui arriver à la cheville, elle leva sa tête vers le haut et découvrit son visage. Il était pâle et son crâne était lisse. Comment était-il devenu aussi laid? Lui qui aime tant rappeler le charme qu'il détenait lorsqu'il était plus jeune. Ses lèvres étaient presque invisibles, et son nez avait changé. Ataraxia n'osait jamais se moquer de lui, puisque de toute façon elle se trouvait encore plus hideuse lorsque ses yeux devenaient jaunes. Lorsqu'elle ouvrait sa bouche et que sa langue et ses dents étaient ceux d'un serpent. Lorsque sa peau laissait apparaître quelques écailles vertes et violettes. Mais ses meilleurs amis l'avaient appris à s'aimer aussi lorsque le serpent se réveiller. L'un d'entre-eux se tenait à la table et serrait les poings de colère, il ne voulait pas que l'on blesse son amie, il avait peur pour elle. Draco avait toujours ressenti la responsabilité de devoir protéger Ataraxia depuis qu'ils étaient petits. Ils avaient grandi en se voyant presque tous les jours, avec Blaise et Alphée. Mais il était le seul présent ce jour-là, et il se sentait complètement impuissant.

« Bonjour Tom », Ataraxia lui répondit en un sourire malicieux. Elle savait pertinemment qu'il détestait lorsqu'on l'appelait ainsi mais la jeune brune refusait de le nommer par le titre qu'il s'était établi lui-même, trouvant cela terriblement sot. Elle ignorait complètement le reste des invités à la table qui avaient leurs yeux rivés sur elle. Tom ne prit pas la peine de poursuivre quelconque échange et ria doucement alors qu'il prononça quelques mots dans une langue qu'elle connaissait bien. Soudainement, deux corps enchaînés tombèrent du haut du plafond et s'écrasèrent sur la table de bois. Ataraxia avait remarqué en rentrant dans la pièce qu'il y'avait quelque chose de suspendu au plafond, elle était loin de s'imaginer ce que c'était.

Elle haussa un de ses sourcils en se rapprochant davantage des corps et en reconnaissant ses parents. Ils avaient l'air blessé, mais pas mort. Le reste des invités se forçaient à regarder droit devant eux, complètement anéanti par ce qui était en train de se produire. La jeune fille regarda alors les invités pour la première fois dans l'espoir de comprendre la situation. Elle était jeune, mais du haut de ses six années, elle avait acquis une certaine maturité. En effet, elle avait presque toujours tout fait en autonomie, elle vivait presque seule avec ses elfes de maisons dans le Grand Manoir des Ó Mordha, puisque ses parents voyageaient souvent dans le monde entier afin d'approfondir leurs recherches en magie noire. Elle reconnaissait alors les amis de ses parents, un à un, leurs prénoms lui venaient en tête.

« Tu sais Ataraxia, auparavant je t'enviais », il reprit. Elle se tourna alors vers lui. Pourquoi est-ce que ses parents étaient blessés ? Et pourquoi est-ce qu'on lui avait demandé de descendre ?
« Tu avais eu les bons parents. Des parents qui t'aimaient suffisamment pour ne pas t'abandonner. Du moins, c'est ce que je pensais. Quelques gouttes de Veritaserum et finalement je me rends compte que je me suis trompé », il se prit alors d'un fou-rire. Tom Jedusor avait grandi dans un orphelinat, son père Moldu l'avait abandonné et sa mère était décédée de chagrin une heure après sa naissance. Il tua son père des années auparavant.
« Finalement, ils ne t'aiment pas tant que ça. Ils pensent sincèrement que leur vie aurait été plus simple s'ils n'avaient pas mis au monde un monstre, pour reprendre les douces paroles de mon adorable tante, la sœur de ma mère, cette célèbre mage noir et mangemort, Felicia Gaunt Ó Mordha », il ria de plus belle en regardant sa tante, puis son regard se posa sur Ataraxia. « Je te remercie d'ailleurs d'avoir gardé le secret et donc de n'avoir jamais mentionné que nous étions cousins, ils ne se sont même pas douté que nous partagions ne serait-ce qu'un peu, les mêmes gênes. Ce qui m'a le plus surpris c'est quand ton père, le riche et noble sang-pur Ó Mordha dont je respectais profondémment les prouesses dans la magie noire et l'état d'esprit, m'a supplié de le faire, quand je leur ai demandé si je pouvais te tuer », le père d'Ataraxia essaya d'hurler mais Nagini le mordit aussitôt, il se mit alors à crier de douleur.
« Bien-sûr, heureusement que Rogue nous a apporté ce délicieux nectar, maintenant j'ai changé d'avis. Avant je voulais vous tuer tous les trois. Je ne voulais plus jamais avoir un membre de ma famille vivant. Je voulais être le seul héritier de Serpentard. Mais, je me suis rendu compte qu'on se ressemblait beaucoup toi et moi. Je t'épargne, pour aujourd'hui. Tu es sûrement trop jeune pour même comprendre ce que je dis ». Il poussa Ataraxia et celle-ci tomba violemment par terre. Draco se leva brusquement mais son père l'attrapa par le col et le força à ne pas bouger, par peur qu'il n'en tue plus d'un aujourd'hui. Lacer Clemens, son parrain, se leva rapidement pour l'aider à se relever. Il lui déposa tendrement un baiser sur la tempe alors que les larmes de l'homme coulaient le long de ses joues.

« Avada Kedavra »

Les mangemorts présents tentèrent de ne pas vaciller en voyant leurs meilleurs amis mourir devant eux. Le cri qu'avait lancé Zabini lorsque leurs corps s'éteignirent lui aura coûté la vie. Lacer ne lâchait pas Ataraxia, il essayait de la protéger de cette scène. Les yeux d'Ataraxia, qui étaient jaune depuis le début, devinrent blanc. Une fumée s'évaporait doucement de son corps, Lacer la lâcha subitement quand sa peau se mit à brûler. Petit à petit, les regards se tournaient sur elle, alors que la fumée grandissait au-dessus de son corps. Ils retenaient leurs larmes pour se concentrer sur l'orpheline dont ils s'étaient tous fait la promesse de veiller sur elle. Les yeux de la jeune fille toujours vides, la fumée prit lentement une apparence presque humaine. On pouvait y distinguer un visage. Son regard glacial avait paralysé les personnes autour de l'enfant, qui avaient reconnu le portrait de l'homme que la fumée avait dessiné.

« Que tu tues des gens que tu ne connais pas, mais ma fille, pourquoi ? », une voix stridente prononça ces quelques mots à l'intention de Tom Jedusor. La fumée s'avança rapidement vers lui et le visage grandissait. Lacer essayait de réveiller Ataraxia tant bien que mal, mais personne ne comprenait ce qui était en train de se passer. Jedusor s'agenouilla alors, il regardait l'épaisse fumée d'un air ému.

« Grand-père. Vous êtes le seul pour qui mes genoux embrassent le sol ».

La silhouette se dirigea vers le corps des défunts et il prononça quelques mots en Fourchelang qui voulaient dire « je vous attends avec moi ». Il se retourna vers l'un de ses héritiers, « n'oses même pas faire du mal à ta cousine Ataraxia Ó Mordha, si tu as un peu de dignité envers ton sang, préserves-là » il hurla provoquant une tornade dans la pièce. Les tableaux volaient, les chaises dansaient, les objets étaient tombés et les personnes s'accrochaient aux meubles.

Après plusieurs minutes de tourmente et de sorts lancés au hasard dans la pièce, la fumée se dissipa et les yeux marron clair d'Ataraxia étaient de nouveaux présents. La salle se calma, ils regardaient tous Ataraxia avec crainte, encore plus lorsqu'ils constatèrent que les deux corps de ses parents avaient disparu. Lord Voldemort réalisa rapidement qu'il avait sous-estimé la malédiction portée sur sa cousine. Le serpent en elle partageait son corps avec l'esprit de leur ancêtre, Salazar Serpentard. Il l'observa alors de loin, alors que Narcissa et Lacer étaient auprès d'elle et pour la première fois dans sa vie, il était inquiet. Non pas inquiet pour sa cousine, mais inquiet pour lui. Pour la première fois dans sa vie, on pouvait voir la peur se dessiner dans ses yeux.

« C'est mieux pour elle. Oubliette », fut la dernière chose qu'elle entendit.