Zahra : Les aléas de la vie

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Zahra

Qu'ils restent à l'attendre, je m'en fiche. Je prends un taxi et lui demande de me déposer à la plage. Arrivée à destination, j'achète un paquet de cigarettes plus des bonbons à la menthe. Le boutiquier me regarde bizarrement. Qu'est ce qu'il veut lui ? Je lui lance un regard meurtrier et quitte la boutique, à la recherche d'un coin tranquille. Après quelques minutes de marche, je trouve enfin un endroit où il n'y a presque que des coureurs. Vu l'heure, 17h30, c'est normal. Je branche mes écouteurs et appuie sur la chanson Love me like you do. Je me laisse emporter par cette musique et repense au moment de bonheur que j'ai vécu. Malgré mes sombres souvenirs, il y en a des bons comme la joie de revoir de mon père après chaque mission. D'ailleurs, ce dernier est reparti. Ensuite, mes pensées se dirigent vers ma tante Fayol, la mère des jumeaux, qui à chaque vacances me cajole. Puis, il y a ma rencontre avec les garçons, l'une des plus belles de ma vie. Rien qu'en y songeant, mes lèvres s'étirent vers le haut. J'ai de la chance de les avoir et je m'en rends compte. Je suis restée longtemps à me remémorer, si bien que je n'ai pas entendu quelqu'un s'asseoir à côté de moi.

— Salut !

Je me retourne pour le regarder mais impossible vu qu'il fait un peu sombre. En plus de ça, il porte un sweater à capuche à manches courtes ainsi qu'un jogging tout aussi sombre. Très malin !

— Salut, répété-je sans enthousiasme.

J'allume une cigarette et commence à tirer. Le fait de voir la fumée sortir m'amuse. Je continue sans calculer l'autre puisqu'il n'a plus reparlé. Subitement, une idée me vient. Je me retourne alors vers lui pour lui faire face et aspire une grande fumée que je rejette sur son visage. Je refais mon petit jeu jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un quart de ma cigarette. Il commence à tousser et un petit rictus se forme sur sa face.

— Tu es vraiment une gamine, dit-il en souriant.

Cette voix ! Je la reconnais mais je n'arrive pas à mettre un nom dessus.

— Je suis une gamine.

— Tu sais que fumer n'est pas bon ?

Il saisit le restant de la cigarette du bout des doigts et l'écrase contre le sol. Je le regarde, les yeux sortant de leurs orbites tant je suis surprise.

— Je le sais, c'est écrit sur l'emballage alors qu'ils continuent à le vendre, foutaises !

Il rigole et je ne peux m'empêcher de sourire. C'est agréable à entendre.

— Bon, il se fait tard, tu devrais rentrer.

Je regarde l'heure, c'est vrai. Il est déjà 20h30, je vais me faire tuer. J'ai six appels manqués de ma mère, quatre de Mohamed et le reste c'est les gars et des messages. Ok, je peux commencer ma prière.

— Merci pour l'info, le remercié-je. Tu peux me dire ton nom ou enlever ta capuche "Monsieur je ne fume pas" ?

Pour toute réponse, il se relève et sourit. Dis donc, il est jovial lui !

— Mon nom c'est Diop mais pour mon visage une autre fois peut-être.

— Tu es vilain c'est pour cela, le taquiné-je. Tu ne m'as pas dit ton prénom!

— Nom et prénom ce n'est pas la même chose, petite ! Viens, je te raccompagne.

Je le suis et nous marchons vers la route. Mon téléphone vibre ; il s'agit de ma mère. Je ne réponds pas, je suis le genre de personne qui après avoir fait une bêtise ne se prend pas la tête à se dépêcher pour rentrer. Au contraire, j'en profite au max car je sais qu'après je vais être punie. Pourquoi se précipiter et gâcher ta journée alors qu'on sait que les pires mensonges ne vont pas t'épargner de ton châtiment ?