1er Août 2018
J'inspire pour laisser l'air chaud rentrer dans mes poumons, et continue de sentir le soleil chaleureux du sud me brûler la peau. Quelques gouttes de sueurs perlent sur les fronts des enfants qui jouent au foot sur la spacieuse place de Grenoble, et je m'en m'éloigne pour longer les ruelles où les anciens commencent à sortir. Seize heures est passée et l'air est plus supportable, tout le monde en profite. Je m'installe sur les escaliers en pierre auprès de la maison de ma Zia du même nom que moi, et laisse la vieille femme jouer aux cartes avec ses amies et papoter avec tout le centre de Corato sans bouger de place.
Tout est vide depuis le départ de mes parents avec ma sœur. Après un passage dans le Sud de la France, à Ancône au Nord de la botte et à Rocchetta près d'Isergna dans les Marche pour voir la famille, ils ont décidé de rentrer. Il faut dire que rendre visite à Zia Agnès pour ses quatre-vingt ans était une très bonne idée, mais celle-ci a l'habitude de rester cloîtrée dans le noir à longueur de journée, ce qui fait en parallèle croître l'ennui.
Sa magnifique maison composée de trois étages tout d'un splendide carrelage et marbre, sans compter la cave, le terrain immense de plusieurs hectares d'oliviers et la terrasse sur le toit, ne suffit pas à nourrir mon besoin de lumière et d'activités. La décoration est assez riche et ancienne, comme intacte depuis les années cinquante, et la décoration africaine, pour toutes les années qu'elle a vécue là-bas, me donne l'impression que je suis tout le temps observée par ses masques et statues. La maison est très silencieuse, d'autant plus dans une certaine pièce du premier étage qui peut servir de corridor entre l'entrée et un autre appartement de la maison, étant un peu comme un musée dédié à son défunt mari.
Cette pièce est à la fois bouleversante et insupportable, rempli de ses souvenirs elle semble être figée dans le temps et pourtant c'est comme si que je pouvais sentir sa présence à chaque minuscule recoin. Elle est tant chargée d'émotions... C'est comme si qu'il était à côté de nous. Son petit village possède un certain charme mais manque cruellement d'animations. Alors nous sommes partis plus tôt que prévu.
Et étant majeure, j'ai réussi à convaincre mes parents de migrer seule dans les Pouilles pour rencontrer les étrangers où leurs noms sont simplement notés dans mon arbre généalogique. Ils ont accepté, par acte de confiance et mon économie suffisant pour vivre jusqu'à la fin de l'été.
Je me souviens encore de mon départ en Italie, il y a quelques semaines déjà. Si excitée à l'idée d'y retourner, je n'avais pas fermé l'œil de la nuit et même du long trajet. L'aube qui se levait résonner en moi comme un nouvel espoir de revoir le pays de mes origines, les problèmes de familles nous séparant de ce qui nous avait unis. Il était magnifique le lever de soleil ce jour-là, les rayons de soleil rouge-orangés se plaquait sur les nuages, comme un quadrillage céleste et jeu du ciel.
Je me souviens ensuite de notre petite escale à Florence et Rome, c'était magique. Toute l'art renaissante resplendissait et accentuait la beauté de ses villes importantes, croulant sous des monuments chargées d'histoires. Et je me souviens de cette pizza en face Vittoriano, la saveur comme décuplé par nos rires et notre félicité. Je me souviens aussi de Zia Agnès, de son visage illuminé lorsqu'elle nous a vu, de ses compliments face à mon bel appétit, celui qui fait plaisir à la personne qui cuisine, parce qu'elle montre que tu savoure le plat et que tu respectes la personne.
Et c'est vrai, j'aime manger, ce n'est une surprise pour personne. C'est sûr que, quand on regarde presque amoureusement son plat de ragù du dimanche, fait par nonna, et qu'en plus on se sert deux fois, c'est qu'on aime manger. Je me souviens également du premier jour, de la glace maison kinder-céréale offert par le glacier du village, et de la fête si joyeuse du village d'à côté, Scapoli.
Je me souviens de la franchise caractéristique de la vieille femme à marcher en plein milieu de la route, méprisant les voitures et trottoirs, de sa façon de parler de son défunt mari encore si amoureusement au présent, comme n'étant jamais mort. Et de son amour à bavarder sur ma grand-mère comme étant juste une petite sœur, de sa mémoire qui fait ressurgir de vieux souvenirs oubliés. Même si elle monopolise la parole, j'admire sa riche histoire. Vivre la seconde guerre mondiale, être née en 1936 et passée une partie de son enfance à se cacher, rester dans la peur. J'admire sa force.
En attendant tous ces souvenirs qui se mélangent dans ma tête, vécue en moins d'un mois, je les garde. Ils restent importants, mais je suis sûre que ce qui m'attend l'est encore plus. Pendant un mois je serai libre, et une semaine avant la reprise des études je prendrai le train pour rentrer. Mais peu importe, je sens que cet été en Italie va être formidable ! Je vais vivre sûrement un des plus beaux étés de ma vie. Et qui sait, peut-être que j'aurais une bonne raison de rester à la fin de l'été ?
[Vacanze romane, Il Volo]
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Con te - Il nostro estate
RomanceÉté 2018, enfin je découvre ma ville natale et le cœur de mes origines. Après avoir découvert l'Italie et ses merveilles en famille, je vole de mes propres ailes une partie des vacances pour découvrir une toute autre vision. Et je suis loin d'être a...