Chapitre I.

23 3 0
                                    

Année 790.

Gisla, agenouillée sur le sol, tenais fièrement sa nouvelle née devant elle à bout de bras. Epuisée après douze heures d'accouchement, la joie avait pris le dessus quelques instants et elle cogitait.

« Je crois que je vais t'appeler... »

Une giclé de sang lui éclaboussa alors le visage et elle ferma les yeux par réflexe. Quand elle les rouvrit, une lame était à quelques centimètres de l'arrête de son nez. Maculée de sang, la lame avait transpercé le nourrisson, qui lui, était désormais sans vie. Gisla poussa un hurlement de terreur et recula en poussant sur ses jambes jusqu'à aller se blottir contre un mur en pleurant.

« J'ai exigé un fils et non une fille, gronda le Roi Éric en retirant le nourrisson, toujours planté sur son épée. Il en sera ainsi jusqu'à ce qu'un garçon naisse »

Le Roi donna le corps sans vie du nouveau-né à l'un de ses gardes.

« Jetez-moi cela dans un trou et qu'on en parle plus » Le garde acquiesça d'un signe de la tête et sorti de la chambre après le Roi.

La Reine, toujours blotti contre le mur avait été rejointe par sa suivante Liliola qui tentais de la consoler.

« Relevez-vous ma Dame, si le Roi vous vois toujours ainsi à son retour il n'en sera que plus violent »

Gisla se releva tant bien que mal sur ses jambes tremblantes, s'aidant de la jeune fille pour trouver son équilibre. Une fois stable sur ses deux membres, elle essuya ses yeux d'un revers de main et tira sur sa robe pour la défroisser.

« Merci Liliola, va prévenir Eberulf que je ne veux pas être dérangée, j'ai besoin de me reposer »

Liliola, âgée de quinze ans était petite et semblait pouvoir s'écrouler à tout moment. Cependant, elle ne manquait jamais d'énergie.

Elle alla d'un pas décidé jusqu'à l'entrée de la chambre, et entrouvrit la porte pour prévenir Eberulf, posté devant cette dernière que la Reine souhaitait être seule.

Liliola alla ensuite aider sa Maitresse à dévêtir sa robe, nettoya le sang versé et se retira ensuite dans ses appartements.

Le mois qui suivit, la Reine ne vit que très peu le Roi. Elle l'évitait au maximum ne le voyant que lors des repas et lui s'en portait bien.

Gisla alla rejoindre le Roi pour le repas du soir mais s'éclipsa très vite. Elle n'avait pas faim. Elle regagna rapidement sa chambre suivie de près par Liliola. Cette dernière lui brossait les cheveux lorsqu'on frappa à la porte.

« Entrez »

La porte s'ouvrit et Gisla reconnu l'un des gardes de son époux.

« Le Roi souhaite s'entretenir avec vous dans ses appartements » annonça le garde.

- Bien.

Le garde fit un mouvement de tête et referma la porte derrière lui.

Gisla jeta un regard inquiet à la jeune fille et les larmes commencèrent lui monter.

« Non... Je ne veux pas » dit-elle la voix tremblante.

- Voulez vous que je fasse quelque chose Ma Dame ? Je peux prévenir le Roi que vous ne vous sentez pas bien ?

- Non, je n'y couperais malheureusement pas. Le plus tôt sera le mieux, le Roi sera moins furieux.

Liliola baissa la tête, triste de ne pas pouvoir secourir sa Maitresse. La jeune fille aimait Gisla et avait beaucoup de compassion pour elle. La jeune femme faisait son maximum pour la soutenir et lui remonter le moral. Mais depuis le meurtre de sa fille, il était impossible de la faire sourire.

La Reine se leva sans volonté, enfila un manteau léger, marcha lentement jusqu'à la porte et lança un dernier regard à sa servante, impuissante, avant de la refermer.

Elle marchait mollement dans le couloir. La chambre du Roi n'était pas loin et tentais de retarder l'inévitable, mais le moment ou elle fut devant sa porte arriva.

Elle frappa à la porte et le Roi lui permis d'entrer. Elle et fit quelque pas dans la pièce et s'arrêta.

« Vous voilà enfin »

- Pardonnez-moi, je me préparais à me coucher.

- A l'avenir vous demanderez à votre boniche d'aller plus vite.

Éric s'approcha et se mit à tourner autour de Gisla.

« Vous m'avez énormément déçu en accouchant de cette fille, j'espère que vous saurez vous rattraper »

- Oui... mon Roi, articula la Reine d'une voix tremblante.

Le Roi la poussa violement sur le lit et elle tomba dessus à plat ventre. Il releva sa robe au-dessus de ses hanches et la pris telle quelle. Gisla versait des larmes, elle souffrait et priait le Seigneur que cela se termine vite.

Les secondes semblaient devenir des minutes et les minutes des heures. Après un long moment, Le Roi termina enfin et congédia sa femme.

Tenant à peine sur ses jambes, Gisla retourna dans sa chambre et s'écroula dans les bras de Liliola, elles tombèrent ensemble sur leurs genoux. La Reine pleurait à chaude larme et sa suivante faisait tout son possible pour la réconforter, bien qu'elle senti les larmes lui monter également.

Elle réussit à se ressaisir et aida Gisla à aller jusqu'à son lit. Elle passa un linge humide sur ses cuisses afin de la nettoyer et souhaitait la bonne nuit à la Reine sachant que cela n'en serait pas une.

Les semaines passèrent et Gisla était appelée deux à trois fois par semaine pour subir les mêmes humiliations de la part du Roi. Quand Liliola arriva un matin, Gisla étai assise sur son lit et avait l'air d'être perdu dans ses pensé.

« Ma Dame ? Vous allez bien ? »

- Je suis enceinte. Je n'ai pas saigné depuis plusieurs semaines.

- Seigneur... Qu'allez-vous faire si c'est une fille ? demanda Liliola en venant s'asseoir près de sa Maitresse.

- Je ne sais pas, j'espère ne pas avoir à le savoir. Je prie juste pour que l'enfant que je porte soit un garçon.

Liliola se leva pris la direction de la sortie.

« Je vais prévenir le Roi que vous êtes enceinte, ainsi il ne vous conviera plus le soir »

- Non, vas plutôt prévenir Eberulf que je veux qu'on selle ma jument, j'ai besoin de prendre l'air et de réfléchir. Je m'occupe d'Éric.

L'héritièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant