L'Appel de la Lune [NCT-ATEEZ]

Chapitre 2

Le nez couvert de crasse et le reste du corps dans un état pas plus enviable, YeoSang parcourut les derniers mètres qui le séparaient de la sortie du tunnel. Ses mains accrochèrent les barreaux rouillés de ce qui ressemblait vaguement à une échelle, et il se hissa en sollicitant ce qu'il lui restait de force dans les jambes et dans les bras. Il avait marché plusieurs heures sans s'interrompre, ne s'arrêtant ni pour boire ni pour manger de peur de perdre l'écart qu'il avait creusé entre sa famille et lui. Son organisme demandait du repos, surtout qu'il n'avait pas dormi la veille non plus tant le stress et l'excitation de sa fugue le rongeaient. 

Le jeune oméga libéra l'une de ses mains pour venir pousser la chappe de métal qui obstruait la sortie, et il la fit glisser sur une vingtaine de centimètres en soufflant fortement. Elle était plus lourde que ce qu'il pensait et, à l'image de la porte ou de l'échelle, le temps avait fait son œuvre. Curieux, il pointa le haut de sa tête à travers l'embrasure et un large sourire étira son visage fatigué. Il reconnaissait l'ancien hôtel de ville, abandonné depuis des années et en cours de réhabilitation, le plan était exact. 

L'aube était sur le point de se lever, le chantier n'avait pas encore repris alors il en profita pour s'extraire du souterrain sans craindre d'être repéré. YeoSang grimaça en constatant qu'il était couvert de saletés en tout genre, allant de la vieille toile d'araignée à des choses non identifiables. Il frotta ses habits pour tenter de reprendre une apparence convenable et éviter d'attirer inutilement l'attention, puis il se mit en route pour la gare. Elle n'était pas très loin, à peine une demi-heure de marche supplémentaire, mais la peur de se faire attraper si près du but fit accélérer l'oméga si bien qu'il ne mit qu'une vingtaine de minutes. 

YeoSang prit quelques secondes pour se refaire une beauté grâce à la vitre d'une voiture stationnée sur le parking de la gare, puis il se dirigea vers le petit kiosque où un employé tout juste plus âgé que sa propre personne lui sourit aimablement. 

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ? 

- Bonjour, sourit l'oméga. Je voudrais un billet pour le premier bus se rendant au port de Jeju-do si c'est possible. 

- Je regarde ça tout de suite. 

L'employé tapa rapidement sur les touches de son clavier et plissa le nez en déchiffrant les informations qui lui étaient fournies. 

- Le prochain bus part dans dix minutes, c'est un indirect donc il sera plus long. Le trajet coûte trente-trois mille wons, est-ce que ça vous conviendrait ? 

- C'est parfait, acquiesça rapidement le noiraud en hochant la tête. 

Il aurait aimé ne pas avoir à faire de détours mais il allait s'en contenter, en plus il ne savait pas quand serait le prochain direct et il ne pouvait se permettre d'attendre plusieurs heures au même endroit aussi près du domaine familial. Peut-être qu'il se faisait des idées et que sa disparition n'avait même pas encore été remarquée, mais il voulait mettre toutes les chances de son côté. Tant qu'il n'aurait pas quitté l'île Jeju il resterait facilement trouvable et à la portée de sa famille qui s'empresserait de le ramener dans son cocon étouffant. Il paya rapidement la somme demandée en espèces, et l'employé lui tendit son billet en retour. 

- Ce sera derrière le quai D, vous devez contourner le kiosque et tourner ensuite sur votre gauche. Le bus est déjà là, le numéro est marqué sur votre billet. Bon voyage. 

YeoSang le remercia et se dépêcha de se rendre dans la direction indiquée, il n'avait plus que quelques minutes pour rejoindre son moyen de locomotion sans quoi il serait laissé ici. Il trouva rapidement le bus qu'il cherchait et montra son billet au chauffeur avant d'aller s'installer à une place libre. Il n'y en avait plus beaucoup, le véhicule était plein à craquer, mais il réussit à trouver un siège côté vitre. Le jeune homme glissa son sac à ses pieds, et rabattit la capuche de son pull sur sa tête en se maudissant de ne pas l'avoir fait avant. Il était sûr que des gens avaient dû le reconnaitre, il était un peu la célébrité locale même si ses parents étaient bien plus connus et avaient fait en sorte de le préserver un minimum.