Nina et le Poudlard Express

137 19 14
                                    

(merci Sedovna pour l'inspiration)

Quand on est une enfant loup-garou, issue d'une famille de loup-garous, c'est très difficile de s'intégrer parmi les sorciers. On passe pour des monstres sanguinaires, prêts à croquer n'importe qui juste pour le plaisir. C'est faux, pourtant. Mes parents sont des gens très respectables, qui n'ont jamais croqué personne - du moins à ma connaissance. Et moi... Disons que je fais de mon mieux. J'ai quelques problèmes d'impulsivité, et j'ai mordu deux ou trois petits camarades de classe lorsque j'étais à l'école primaire, mais j'ai appris à canaliser mes pulsions depuis. Bien sûr, c'est compliqué les nuits de pleine lune, mais il suffit de s'isoler et personne n'est mangé. Le reste du temps, je suis tout à fait civilisée et je n'ai pas de goût particulier pour la chair humaine. À vrai dire, je préfère les bonbons. Ou toutes sortes de sucreries, en fait. Ça a l'air idiot comme ça, mais c'est une part importante de mon bien-être quotidien : je crois que c'est une forme d'addiction, à ce stade. Mais c'est toujours mieux que manger des gens, non ?
Ce que je préfère, ce sont les sucreries qui sont vendues à bord du Poudlard Express, lors du voyage vers l'école. Elles ont une saveur particulière, liée sans doute à ma joie de retourner à Poudlard et d'y retrouver mes amis. Je sais que j'ai de la chance d'y avoir été acceptée, que ce n'est que grâce à la magnanimité du directeur qu'une petite loup-garou a pu pénétrer l'enceinte de la prestigieuse école de magie. Quasiment personne parmi mes camarades n'est au courant de ma différence, et ma conduite exemplaire pendant mes deux premières années fait que personne ne se doute de rien. S'ils savaient, je sais que beaucoup me regarderaient d'un autre oeil. Mais je m'estime chanceuse de pouvoir être là, et j'ai hâte d'entamer ma troisième année.
Comme l'année dernière, j'ai économisé mon argent de poche pendant deux mois - ce qui ne représente pas une fortune, ma famille ne roulant pas sur l'or - pour le dépenser en bonbons lors du trajet vers Poudlard. À présent, j'attends que la petite dame qui les vend arrive jusqu'à notre wagon. Mes amis, assis avec moi, s'amusent de mon impatience fébrile ; mais je ne prête même pas attention à leurs moqueries affectueuses tant mon esprit est occupé par l'arrivée imminente des sucreries. D'une oreille attentive, je guette le roulement caractéristique du petit chariot, insensible aux sons parasites qui m'entourent. J'ai besoin de mes bonbons. À cet instant, ce besoin me semble presque vital.
Peut-être que j'ai un problème, je songe vaguement. Mais bon, il sera toujours temps de résoudre mon souci d'addiction plus tard. J'entends le bruit des petites roulettes, plus qu'un wagon avant le nôtre. J'en salive d'impatience. Dès que les précédents ont été servis et que j'entends le chariot repartir, je me lève d'un bond et passe ma tête par la porte avant même qu'il n'arrive jusqu'à nous.
"Bonjour madame, je prendrais dix chocogrenouilles cinq boîtes de dragées surprise et..." Lancé-je d'une traite, sans respirer, avant qu'elle ne m'interrompe.
"Je suis désolée, il ne me reste plus rien", dit-elle avec un sourire navré. "Un gosse de riches a tout acheté."
À partir de là, je ne me souviens pas vraiment de ce qui s'est passé. Je me souviens juste de la rage qui a envahi tout mon corps, et du voile rouge qui a couvert mes yeux. Le reste, on me l'a seulement raconté : j'ai dévoré les banquettes de notre wagon, puis trois des doigts de Jeremy, mon meilleur ami. Il a fallu huit personnes pour me maîtriser, et lorsque l'on m'a enchaînée dans un compartiment à l'écart, je hurlais encore "MES BONBONS ! DONNEZ MOI MES PUTAIN DE BONBONS !!!!"
Il faut croire que j'avais vraiment un problème avec les bonbons. Bien sûr, j'ai été exclue de l'école, et de la société sorcière en général. Mes propres parents semblent avoir du mal à ne pas me considérer comme une paria. Ma vie est foutue, en somme ; et même si je sais que j'ai une part de responsabilité là-dedans, j'en veux toujours à celui qui a été l'élément déclencheur de mon dérapage. Je connais son nom, à présent. Harry Potter. Et un jour, je me vengerais.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Dec 02, 2020 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

NIQUE HARRY POTTEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant