Chapitre 1

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Chapitre 1 Les Ados

Les cheveux hirsutes, tiré du sommeil par la "Positive Vibration de Bob Marley", sonnerie de son portable, Joshua ramène l'oreiller sur sa tête pour savourer les dernières minutes passées sous la couette. Il sait que sa mère va bientôt entrouvrir la porte de sa chambre et l'appeler en douceur. Un « Oui j'arrive » pour réponse puis son pas feutré se dissipera petit à petit dans l'escalier et l'odeur du lait chaud viendra lui taquiner les narines. Ce matin, il n'a pas envie de la faire râler. Aujourd'hui, au collège c'est promenade avec les potes, alors aucune raison de traîner davantage au lit. Son mètre soixante huit à peine se faufile en s'étirant dans des vêtements bouchonnés amassés au pied du lit, dans lesquels son corps mince et musclé flotte allègrement. Il marque un passage furtif dans la salle de bains, juste le temps de remarquer le changement de couleur de ses yeux passant du gris clair au vert l'espace d'une aspersion façon réveil instantané et d'un coiffage au gel sur des cheveux châtains courts ondulés. Il a ce regard « faites l'Amour pas la guerre » de la génération soixante-huitard qui fait fondre les filles, même celles du Lycée. C'est d'une allure flegmatique qu'il retrouve sa mère à la cuisine. Sa sœur ainée et son père sont encore plongés dans un profond sommeil.

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Un simple passage de gant de toilette pour enlever la brume de sommeil qui voile encore ses yeux. Ce même gant humide appliqué sur sa peau métissé et ses cheveux crépus aussi noirs que l'iris de ses yeux. Copie adolescente d'Omar Si, il a une jolie petite cour de filles qu'il n'hésite pas, contrairement à son ami Joshua, à interchanger fréquemment. Un coup de brosse à dent avec le reste de dentifrice de la veille collé aux poils avachis, rinçage. Stick déodorant sous les bras, un dernier regard dans la glace, le voilà prêt pour cette journée « histoire de France » comme il aime à le dire.

Derrière la porte le murmure de sa mère :

- Edouard, il est l'heure, tu n'as même pas pris de petit déjeuner.

- Je n'ai pas faim à cette heure Maman. J'emmènerai des barres de céréales pour manger dans le bus.

- Je te les ai préparées avec un jus de fruits. Ne réveille pas toute la maison avec la porte, elle grince et ça fait cent fois que je dis à ton père de la huiler.

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Douché, séché, parfumé, devant son café, ses tartines grillées, beurrées et confiturées, Charles sirote son café. Seuls les pas de Marinette glissent sur le parquet ciré comme deux patins parfaitement métronomisés. Ses parents dorment encore. Leurs manteaux et leurs instruments de musique s'entremêlent sur le canapé. Hier soir, il ne les a pas entendus rentrer. Dommage, il aime tellement leurs derniers baisers avant d'aller se coucher.

- Le taxi est arrivé, chuchote Marinette, le sourire dans la voix.

Du haut de ses quatorze ans, Charles regarde sa nounou, sa Manou, s'affairer pour lui rendre la vie la plus agréable possible.

Marinette n'a jamais voulu se marier à la suite d'une déception amoureuse. Elle a décidé de dévouer sa vie à son neveu, fils de sa sœur, sachant que de l'homme qu'elle aimait, elle ne pourrait jamais avoir d'enfants. Elle n'avait jamais pu se départir de sa timidité. Il s'était lassé de n'obtenir aucun encouragement de sa part et en avait choisi une autre.

Dès la naissance de Charles, elle a su qu'elle donnerait à cet enfant tout l'amour qu'elle portait en elle. Au fil du temps, elle était devenue indispensable à ses parents. Tous deux grands musiciens, très demandés, voyageant beaucoup, de concerts en concerts, ils partaient à chaque fois rassurés.

Après un léger baiser lancé à travers la vitre du taxi à l'intention de Marinette, Charles attache ses cheveux, d'un châtain foncé, en queue de cheval et les recouvre d'un bonnet rayé marin. Il n'a pas envie de les couper, mais pas envie non plus qu'on le prenne pour une fille avec ses traits fins. Ses origines tziganes, par sa grand-mère maternelle, lui confèrent un regard mystérieux mordoré et une peau basanée.

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Un peu de liner noir à la base des paupières, une touche de rose sur les pommettes, c'est le seul maquillage que Lila tolère en général. Surtout ne pas accentuer ses cils recourbés et ses lèvres pulpeuses. On la surnomme Pocahontas dès qu'elle se fait des tresses, Esmeralda lorsqu'elle met des anneaux à ses oreilles, parfois la Manouche avec son air argentino-espagnol. Si elle se maquillait davantage, à quel surnom aura-t-elle droit ? Aujourd'hui, rien de tout cela, une simple pince dans les cheveux pour retenir ses boucles aussi brunes que les prunelles de ses yeux. Un mètre cinquante cinq, mince avec déjà de jolies courbes qui apparaissent, elle reste naturelle, son père l'aime ainsi.

- Salut ma Petite Brunette lance-t-il dans l'entrebâillement de la porte de la salle de bains. Quand est-ce que tu es prête ? Joshua et sa mère ne vont pas tarder. J'aimerai bien te voir avaler quelque chose avant d'y aller.

- J'arrive Papa, dix petites minutes encore.

LE PAS....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant