B-BOY 18

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Ziad débarqua quelques minutes plus tard devant l'entrée de la fac. Je m'apprêtais à aller le rejoindre lorsque je vis Viviane une fille de ma classe se diriger vers lui, ils s'embrassèrent puis se mirent à discuter joyeusement l'un en face de l'autre. Ça alors... Si on m'avait dit un truc pareil je ne l'aurai jamais cru, au moins j'ai vu.

Viviane était tout sauf sympathique et elle semblait tout le temps prête au massacre simplement pour une petite maladresse ou un mot mal placé, elle était capable de créer des problèmes et de radoter avec son affreuse voix criarde durant toute la journée. Elle était comme ça avec pratiquement tout le monde sauf les profs et deux ou trois copines aussi désagréables qu'elle.

Mais bien évidemment avec moi ça n'était pas aussi simple, elle savait à qui faire ses affaires, je n'avais aucunement peur d'elle ou de ses sauts d'humeurs hystériques. Moi-même j'avais les miennes, bien que peu fréquentes, elles étaient 100 fois pires, aussi prenait-elle soin de toujours bien m'éviter. Tant mieux pour elle. Il y aurait longtemps que je lui aurais fermé la déchèterie qui lui servait de gueule.

Mais pourtant avec Ziad je crus voir une tout autre personne, elle était totalement différente de celle que j'avais l'habitude de fréquenter en classe. Elle souriait, elle riait, elle faisait des manières et elle semblait même satisfaite, un peu comme si... Je préférais en avoir le coeur net et décidais d'aller les rejoindre, m'apprêtant une nouvelle fois à mettre de l'huile sur le feu tout en arborant un sourire espiègle sur les lèvres.

-Tu as durée hein B-boy. Dis-je en rejoignant Ziad

Il eut le réflexe de vouloir m'embrasser mais il s'arrêta net avant d'avoir pu esquisser le moindre geste, je compris qu'il prenait toujours en compte cette histoire de privilège du contact rapproché donc je m'approchais en lui faisant des bises sur les joues. Il sembla tout d'abord surpris puis ravi il me sourit d'un air gamin. Ah là là ce sourire... Il était tout simplement irrésistible.

-Je ne savais pas que toi et Viviane vous vous connaissiez... Fis-je remarquer

-Moi non plus, je ne savais pas que tu fréquentais Zi, ça fait longtemps qu'on est pas sorti ensemble, j'allais l'invité quand tu es arrivé. Rétorqua-t-elle d'un ton acerbe

Pour toi aussi c'est Zi hein et donc tu veux me faire comprendre que c'est déjà ton territoire ? Okay, on sort l'artillerie lourde.

-Les grands esprits se rencontrent toujours... Tu ne savais pas ? Et vu que vous vous connaissez, tu sais qu'il est tellement mignon que c'est impossible de lui dire que tu ne veux pas le voir nan ?

Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je réplique de cette manière là. De ce qu'elle devait savoir, je n'avais jamais montré aucun intérêt pour quelqu'un jusqu'à présent. Elle se contenta juste d'hocher la tête, arborant le sourire le plus faux qu'elle pouvait laisser entrevoir tout en me fixant.

Tu ne parles plus ? Ennemie à terre ? je répète ennemie à terre !

-Bon, j'ai encore des choses à faire alors, ce sera pour une autre fois Zi, Rahé...

Elle s'éclipsa en une fraction de seconde et je dus lutter tout mon saoul pour éviter de rire aux éclats.

-Tu n'es pas croyable... Me lança Ziad en roulant des yeux tout aussi amusé

-Aller monte Bad boy, j'ai faim jusqu'à ! Dis-je en ouvrant la portière avant de sa voiture

-Où est-ce que je t'amène ma belle ?

-Bonamoussadi, Tchop et Yamo, tu connais ?

-C'est comme si on y était déjà.

Nous roulâmes un bon moment en silence. Je regardais par la fenêtre, la grande statut faite de bric-à-brac d'un homme souriant avec un pied en l'air croisé derrière l'autre, une main sur le ventre à la manière de Roger Milla et l'autre sur la tête qui se trouvait au beau milieu du carrefour circulaire me signifiait que nous étions déjà à Deido. Cette statuette n'avait pas changée, elle était là depuis et bien avant ma plus tendre enfance et sa drôle d'allure me faisait toujours sourire.

B-BOY (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant