Un Miracle de Noël [LS] ~ OS

Jour Quinze

Le 15 décembre 2020,

Je me réveille dans un état particulier aujourd'hui. Pour la première fois, depuis des années, je vais à nouveau participer à un concours de maison en pain d'épice. Merci Louis pour cette merveilleuse idée. Je ne suis pas des plus enthousiastes, bien au contraire. Je sais que je vais passer un nouveau moment auprès de Louis, mais c'est aussi un moment que je ne pensais pas refaire. Je n'ai jamais gagné ce concours. En tout cas, jamais avec Max. Peut-être que cette année, ce sera différent. En même temps, tout est différent depuis que j'ai rencontré Louis. Il est lui-même différent des autres garçons. En bien, évidemment. Ce qu'il me fait vivre au quotidien, est si particulier. Je ne pensais jamais le revivre un jour. Plus le temps passe, et plus je me rends compte que je tiens réellement à lui. C'est tellement étrange de ressentir ça, pour la première fois avec quelqu'un que je connais depuis quelques semaines seulement. Mais c'est bientôt la fin du défi. Plus on approche, plus j'ai peur de m'être fait de faux espoirs à son sujet. Dans dix jours, nous sommes à Noël. Dans dix petits jours, le défi sera terminé. Et si ça se trouve, il ne me reste que ce temps si précieux pour profiter de la présence de Louis à mes côtés. Alors oui, vous allez me dire que ce n'est pas Max. Qu'il ne partira pas. Mais rien ne me prouve qu'il tient autant à moi, que moi je tiens à lui. Ça m'effraie tellement d'être devenu aussi dépendant de quelqu'un d'autre que moi-même. Mais c'est Louis, et j'ai envie d'y croire tellement fort. Parce que je l'ai dit, il est différent des autres, il est si merveilleux avec moi. Il me laisse le temps qu'il me faut pour m'ouvrir à lui, sans me forcer. Il ne me brusque pas, et c'est ce que j'apprécie chez lui. J'ose espérer qu'il est sincère dans ses paroles. Ses gestes me le confirment, ses yeux aussi. Je n'y ai jamais lu une once de mensonge. Malheureusement, chez Max non plus, je n'avais rien vu dans ses yeux. Rien qui aurait pu me montrer ce qu'il allait faire. Qu'il allait tout détruire en un claquement de doigt. Pourtant, c'est ce qui s'est passé. Je n'ai rien vu venir, je n'ai pas su contrôler la chute violente qui a suivi. Je me prépare avant qu'il n'arrive. Je sais qu'il m'a déjà vu dans un état plus que pitoyable. Mais je n'ai pas envie que ça arrive tous les jours. Peut-être qu'inconsciemment, j'ai envie de me préparer pour lui. Peut-être qu'involontairement, j'ai envie de lui plaire. De ne pas lui faire pitié. De ne pas le faire fuir tout simplement. J'enfile mon pull, quand ça sonne à la porte. Je me dépêche donc d'aller ouvrir.

- Bonjour Haz !

- Bonjour, Lou.

Il me serre contre lui, comme il le fait à chaque fois maintenant pour me saluer.

- Tu as bien dormi ?

- Ça va, et toi ?

- Ça va. Tu es prêt ?

- Ai-je le choix Lou ?

- Non.

J'attrape mon manteau, et nous, voilà, partis direction le concours de maison en pain d'épice de cette année. Un vrai cliché des films de Noël, je vous l'accorde. Mais c'est Louis, et avec lui tout est plus agréable. Nous arrivons rapidement à destination.

- Ça va ?

- Lou, je n'ai plus fait ça depuis tellement longtemps...

- C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Tu vas gagner cette année.

- Non.

- Comment ça non ?

- Nous allons gagner cette année.

Son sourire me réchauffe de l'intérieur. C'est une sensation inexplicable. Nous nous installons à une table. Je ne suis pas très serein, j'ai envie de gagner. C'est comme si, je retrouvais mon côté compétiteur. Cette année, nous sortirons d'ici en ayant fait la plus belle des maisons en pain d'épice. Je suis très rapidement concentré quand le top départ est donné. Louis m'aide merveilleusement bien. Nous nous entendons très bien, et je remarque très vite qu'il aime autant que moi la compétition. Ça ne nous empêche pas de prendre du plaisir à réaliser cette œuvre. Nous mettons des sucres d'orge. Nous le faisons avec tellement de précision. Nos mains se frôlent, je ne me formalise pas du feu qui prend vie à l'intérieur de moi. Il me consume lentement, mais c'est un pur délice comme sensation. Je me sens envoûté. Nous nous taquinons vers la fin, quand nous savons qu'il nous reste assez de temps pour terminer la maison.

- J'aime te voir sourire, Haz.

- C'est grâce à toi.

- Non, c'est juste la magie de Noël. Cette magie qui ne t'a jamais réellement quitté.

Je dépose mes lèvres contre sa joue. Et j'ose espérer que je les ai bien vu rougir après mon contact contre sa peau. Heureusement, nous avons terminé dans les temps. Il ne reste plus qu'à attendre la décision du jury. Si je perds cette année, c'est que je ne suis définitivement pas fait pour cette période de l'année. Je sais que je dramatise les choses. Que ce n'est pas si grave, si je perds ce concours. Qu'en soit, rien n'est vraiment en jeu. Mais ça me ferait tellement plaisir de le gagner avec Louis. Parce que je ne sais pas si l'année prochaine, il sera toujours auprès de moi. Je n'ai pas envie de perdre du temps à penser au pire. Je profite de l'instant présent. Cet instant, où il est toujours auprès de moi. Qu'il n'est pas encore parti. Plus le temps passe, et plus je le trouve interminable. J'ai envie de savoir si nous avons gagné ce concours ou non. Le jury finit par donner son verdict. Et je n'aurais jamais pensé être si heureux de gagner un simple concours de maison en pain d'épice. Je me retrouve rapidement dans les bras de Louis. Le meilleur endroit qu'il puisse exister, soit dite en passant. Il me rend si faible, mais si nostalgique du bon vieux temps. Il me fait redécouvrir ce que je m'efforçais d'oublier de ma mémoire. Il me fait retomber en enfance. Il m'a même fait retrouver mon esprit de compétition. Louis a un pouvoir sur moi que je m'évertuais à nier. Je m'acharnais à cacher l'évidence. Cette année, vous assisterez, peut-être, à un miracle de Noël.

- Je suis fier de toi, Haz.

- C'est grâce à toi.

- Non, tu n'as jamais perdu la main. Je t'ai juste aidé à retrouver l'envie de gagner.

- Merci pour tout ce que tu fais.

- Ça me fait toujours plaisir de partager un peu de cette magie si particulière.

Ses lèvres sur ma joue, c'est tout ce que je retiendrais de cette journée.