SEUL

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Le ruissellement de l'eau contre les rochers, le hululement d'une chouette au loin repris en écho par les parois abruptes des gorges. Bruit de verre brisé lorsque Marie bascula la tête sur le côté. Des débris de vitres en miettes glissaient dans son cou, ses cheveux ; elle en avait même sur ses lèvres. Ouvrir les yeux demanda un terrible effort. Son monde se résumait à un cube de tôle repliée, de plastiques déchiquetés. Les airbags avaient explosé sous la force du choc.

Marie tourna péniblement le visage vers le siège passager. Mal aux cervicales, au crâne et au bassin. La ceinture de sécurité lui semblait incrustée dans sa chair et compressait sa poitrine. Elle essaya de se rappeler des événements avant l'accident. Elle rentrait d'une randonnée dans les Cévennes, il devait être aux alentours de 18h quand elle reprit sa voiture pour rentrer sur Avignon. Elle aimait passer par les routes de campagnes, faire un détour part les gorges, c'est surement se qu'elle avait fait ce soir là. Alors qu'elle roulait paisiblement elle se souvient d'un gros bruit contre la vitre puis le véhicule qui quitte l'asphalte. Marie se rappelle alors de la pente vertigineuse, la voiture qui ricocha de tronc en tronc jusqu'à s'arrêter définitivement. Ensuite le trou noir.

La jeune femme remua les orteils puis ses jambes ; a priori rien de casser. Puis elle essaya de se redresser pour pouvoir sortir ses jambes mais ses cuisses sont prises entre le tableau de bord affaissé et le siège. Elle força en vain ; ses rotules font barrage et l'empêche d'extraire ses jambes. Elle était bloquée. Elle pensa alors aux personnes disparues qui mourraient après plusieurs jours parce que personne ne venait à leur secours. Elle ne voulait pas finir comme eux.

Soudain elle pensa à son téléphone. Elle avait son téléphone à porté de main quand elle conduisait, il était posé sur le tableau de bord. Elle le chercha dans l'habitacle mais ne le trouva pas. Lorsqu'elle décida à abandonner ses recherches elle vit en contrebas, dans l'herbe un reflet ; c'était son téléphone. A ce moment là elle hurla de toute ses forces, une de ses chances de survit venait de tomber à l'eau. Elle essaya alors de se détacher mais la ceinture était coincée « foutu système de sécurité qui va faire que je vais crever là seule » Elle fouilla alors dans la boîte à gant, chercha dans les compartiments de rangements de quoi pouvoir couper la ceinture mais ne trouva rien. Les heures passaient et elle allait rester bloquer là.

La nuit était entrain de tomber, Marie décida de regarder l'heure mais sa montre était cassée. Elle en déduisa vu l'obscurité que ça devait faire au moins 3-4h qu'elle était bloqué ici. Elle ne savait plus quoi faire, elle avait aucun moyen de prévenir les secours, elle allait mourir là.

Soudain elle entendit un bruit au loin, comme un bruit de moteur. Elle se retourna du mieux qu'elle peut et entrevit la route creusée dans la montagne à au moins vingt mètres en surplomb. C'est de là-haut qu'elle a dévalé la pente. Autour la nuit tombe, la chaleur étouffante de la journée se replie doucement. C'est alors qu'elle vit une lumière venant de la route, c'était une voiture. Marie hurla alors de toute ses forces, tapa sur la taule de la voiture mais en vain, la voiture continua son chemin.

Il devait être trois heures du matin quand Marie se réveilla en sursaut, elle avait froid. Autour d'elle pas un bruit, juste le ruissellement au loin d'un court d'eau et le craquement des branches que le vent balayait. Elle essaya de se rendormir en se disant que demain les secours viendraient.

Le soleil tapait en plein dans l'habitacle quand Marie se réveilla courbaturée de partout. La chaleur de la journée contrastait avec la fraicheur de la nuit. La journée s'annoncée chaude et ensoleillée. Le soleil était au plus haut et Marie commençait à avoir soif. Le ruissellement de la rivière au loin pesait de plus en plus sur ses nerfs. Les mouches commençaient à tourner autour d'elle. Ses yeux suivaient une grosse mouche noire qui vint se poser sur le volant. Sa trompe explore avidement le caoutchouc. Marie la fixa un instant puis l'insecte redécolla et vint taper sur le pare-brise arrière. Le temps s'écoule, le bourdonnement est incessant. Marie ferme les paupières, elle aimerait bien être chez elle au frais mais cette friction d'ailes contre l'air l'empêche de se concentrer. Elle se plaqua alors les mains sur les oreilles « qu'elle se taise bordel »

Horror 42Where stories live. Discover now