J'étais couché dans l'herbe à côté de Lisa, ma petite sœur, on regardait les nuages en jouant à notre jeu préféré.
Leur trouver des formes.
C'était le seul moment où notre imagination partait en vrille...
Ce qu'il y avait de beau avec les nuages c'était leur côté poétique, des millions de gouttelettes s'étaient réunis en un seul et même être. Et ils étaient inaccessibles, déjà bien trop haut et s'évaporaient une fois que tu voulais l'attraper.
Quand je vis un cœur je souris en repensant à Cyril, mon ex, il m'avait trompé, ça m'avait brisé. Mais je l'aimais toujours.
Puis ma sœur pointa un nuage du doigt.-Jack regarde le nuage là, tu le vois?
-Oui, il ta fait penser à quoi petite ?
-Mais arrêtes de m'appeler comme ça!
Ses yeux étaient outrés et determinés, je ris légèrement et elle reprit d'un ton rêveur.
-Il me fait penser à une personne qui pleure...
Je me tournais vers elle en posant ma tête au creux de ma main.
-C'est bien mélancolique ce que tu dis.
-Oui...
Elle se tourna à son tour et me scruta de ses yeux bleus. Du haut de ses 14ans je ne pouvais que l'admettre, ma sœur était une fille magnifique et avec un cœur énorme. J'avais peur pour elle, mon cœur était en surpoids et je l'avais payé par des oreillers mouillés, je ne voulais pas que ce soit pareil avec elle.
-Dis, tu pleures souvent toi?
Sa question me braqua. Et je me remettais sur le dos en regardant le ciel.
-Jack, répond moi... Tes 17 ans ne t'empêche pas d'être sensible tu sais?
Je souris, et pensais à voix haute;
-Tu sais les trous dans ma porte, c'est mes poings qui ont saignés après mes cris de rages. Mes oreillers changés toute les deux semaines, c'est parce que leur tissus est trop mouillé. Mes écouteurs vissés dans mes oreilles H24, c'est pour écouter une playlist pour les âmes peinées et me couper de ce monde horrible. Mes cicatrices, c'est le rasoir volé à maman. Mes bleus, c'est les homophobes au lycée. Ma timidité, c'est une peur d'être moi-même. Ma façon d'être avec toi, c'est mon cœur gros. Mes amis qui ne cessent de me décevoir, c'est que j'en attends de trop.
Une larme solitaire s'écoula sur ma joue pour finir son ascension dans les fibres de mon pull.
Quant à ma sœur, le bleu de ses yeux avait été remplacé par des larmes silencieuses. Elle se jeta sur moi.-Oh mon dieu Jack, je suis si désolée!
-C'est pas ta faute, c'est ce monde, il est horrible...