Mon enfant est trans

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  Alors.

  Le chapitre le plus compliqué à écrire, je ne vous le cache pas. Mais en même temps, c'est plutôt logique vu que le coming-out aux parents est, sauf en de rares occasions, le coming-out le plus compliqué à réaliser.

  Tous les parents sont différents, donc ça va être compliqué de faire un chapitre pour tout le monde. Mais iels ont un point commun qui les relie tous et toutes : les parents aiment leurs enfants. Et iels ne leur veulent que le meilleur.

  Et je pense qu'effectivement, dans le meilleur futur qu'iels leur avaient imaginé, la transidentité n'en faisait définitivement pas partie.

  Mais nous sommes là, vous et moi, car maintenant s'ajoute cette variable que vous n'aviez peut-être pas envisagé pendant une micro-seconde. Peut-être même que vous ne saviez pas ce que c'était que d'être trans, et ce n'est pas grave. Ce n'est pas votre faute.

  Le monde dans lequel vous avez grandi est, désolé d'être aussi franc, a priori plutôt transphobe. Donc c'est normal d'avoir peur pour votre enfant. Vous vous dites peut-être que c'est se rajouter un handicap pour plus tard, une fois dans la vie active, quand iel se jettera dans la jungle de la vie.

  Sauf que la transidentité n'est pas un ajout : c'est une partie de lui/elle.

  Et rejeter cette part de votre enfant, ce n'est pas lui rendre service loin de là. Car s'iel vous en a parlé, c'est parce qu'iel ne pouvait ou ne voulait plus faire autrement.C'était une nécessité que vous le sachiez, car vous êtes une partie de leur vie, et iels veulent pouvoir être lui/elle-même avec vous.

  Le ou la rejeter parce que vous pensez que cela va le ou la changer, ça ne le.a changera pas. Parce qu'on ne choisit pas d'être trans, tout comme on ne choisit pas d'être gay ou lesbienne ou toute autre minorité : on choisit d'avoir une vie heureuse. Je vous passe les cas où cela revient même au choix de la vie tout court.

  Donc oui, c'est flippant. Mais je vous assure que votre enfant est bien plus angoissé.e que vous. Car c'est lui/elle qui est au centre de tout ça, et iel aura besoin de votre soutien (surtout s'iel est mineur.e).

  Car le monde d'aujourd'hui... Est encore transphobe. Ne le cachons pas, c'est pas fou dans la majorité des pays sur la planète. Revoyez le plan des prochains voyages si vous comptez partir à l'étranger.

  Après, la France a l'avantage de ne pas en faire partie : on a des droits assurés, des parcours possibles, une politique... Qui fait de son mieux. C'est pas parfait, mais elle s'améliore, notamment grâce aux associations.

  D'ailleurs, vous avez sûrement quelque association LGBT+, locale ou nationale, que vous pourrez contacter si vous avez des questions. Elles aiment beaucoup quand des parents s'intéressent à ces sujets, car ça veut notamment dire qu'iels n'ont pas abandonné leur enfant de par son identité. Ce qui est plutôt chic de leur part, avouerons-nous.

  Je ne vous cache pas que, si la transphobie recule un peu aujourd'hui, des connard.sse.s de transphobes (et si vous lisez ça, j'espère que vous n'en faites pas partie), il y en aura toujours. Et de mauvaises comédies françaises sur le travestissement aussi (on ne réinvente pas "Certains l'aiment chaud", que voulez-vous).

  Mais est-ce que ça vaut la peine d'empêcher votre enfant de s'épanouir ?

  Les générations évoluent, et on retrouve une jeunesse très militante concernant la tolérance et les acquis sociaux. Alors, je sais, encore des lycéen.ne.s et des facqueu.ses.x qui sèchent les cours pour aller dans des manifs. Ou qui vont dans des manifs pour sécher les cours. N'empêchent que les causes sont quand même défendues, et que la société évolue à son rythme.

  Et je sais que les employeur.se.s d'aujourd'hui sont plus souvent de la vieille génération. Mais on peut être "âgé.e" et un être humain décent ! (regardez-vous ;) )

  Surtout que, pour leur (futur) travail, une fois qu'iels auront fait leur transition vers le prénom et/ou les pronoms qu'iels considèrent comme adéquats d'un point de vue administratif (désolé pour les non-binaires, genderfluids et autres, on vous récupère après), les gens n'ont pas à le savoir. Votre enfant le partagera avec qui iel voudra, mais le dire le premier jour à son.a potentiel.le nouveau.lle patron.ne (quand ça ne change rien à votre travail) fait rarement partie des urgences.

  Pour les non-binaires, genderfluids et autres où l'administration n'est pas d'une grande aide... On va essayer de vous obtenir plus de droits, mais en attendant, essayez de ne pas tomber sur des personnes transphobes :/

  Pour en revenir à vous, les parents, qui lisez ces quelques mots (y en a peut-être, qui sait x') ), je ne vous retiens pas plus longtemps. Mais essayez de garder à l'esprit que, si vous aimez vraiment votre enfant, montrez-le lui avec votre bienveillance et votre soutien. Car les prochains jours, les prochaines semaines voire les prochaines années ne vont peut-être pas être ce futur que vous aurez imaginé pour iel.

  Mais c'est celui de votre enfant, le meilleur qu'iel puisse s'imaginer vivre, et s'iel vous a fait votre coming-out, c'est qu'iel veut que vous en fassiez partie.

  Alors, s'il-vous-plaît. Ne gâchez pas ce souhait.

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