Freiheit

Partie 3

Deux semaines étaient passées. Bill était rassuré de voir que Tom n'avait rien fait et qu'il continuait de vivre sa vie le plus normalement du monde. L'androgyne était tranquillement en train de travailler dans son bar, servant toujours avec bonne humeur leurs verres aux clients. Alors qu'il venait de donner leurs bières à deux hommes, il capta un bout de leur conversation.

- Je te jure ! La milice nous empêchait de tout voir. Mais j'ai rapidement aperçu le message.

- Qui disait ?

- Que l'on devait se soulever contre le gouvernement.

- Sérieux ?!

- Ouais. De plus, il y avait une caricature du premier ministre Jones. J'te laisse imaginer la tête qu'il a dû faire en l'apprenant. Tout le monde en riait. Ils se sont empressés de cacher tout ceci.

Bill fronça les sourcils en entendant une chose pareille. Comment ça une caricature ? Qui avait osé faire une chose pareille et aller contre le gouvernement ? C'était totalement inconscient. La milice allait tout faire pour retrouver le fauteur de trouble. La personne qui avait fait ça était complètement folle et ne se rendait pas compte des risques qu'elle prenait. L'androgyne continua de servir les autres clients tout en écoutant la dernière nouvelle d'une oreille attentive.

- J'imagine que ça va chauffer dans les rues, commença l'un des hommes.

- Bien sûr, il va falloir que tout le monde se montre irréprochable. Enfin, quelque-part, j'espère que ça recommencera. Je suis bien content de voir quelqu'un qui se révolte enfin et ose tourner le premier ministre en ridicule.

- Chut ! Il manquerait plus qu'on entende que tu es d'accord avec ça ! Je ne veux pas être soupçonné de quoi que ce soit.

Bill se rapprocha alors du coin où Tom était en train de boire une bière. Juste avant d'arriver, il ne remarqua pas le petit sourire au coin des lèvres du tressé. Tom était très satisfait d'entendre une chose pareille. Mais quand il vit l'androgyne se rapprocher de lui et s'installer face à lui, il reprit son air sérieux.

- Tu as entendu ça ? Qui a pu être assez fou pour... Tom ? Tu n'aurais quand même pas...

- Bien sûr que non, répondit le plus nonchalamment possible le tressé tout en haussant les épaules. Je t'ai dit que je ne ferai rien d'inconsidéré.

Bill fronça à nouveau les sourcils, moyennement convaincu. Mais finalement, il préféra croire Tom. Il avait tellement peur pour lui, pour eux, qu'il savait au fond de lui que le tressé ne ferait rien les mettant en danger. Il refusait de penser une chose pareille. Tant que Tom était avec lui, à ses côtés, tout était parfait. Et puis, ils avaient leur petit secret non ? L'androgyne ne put pas rester plus longtemps aux côtés de son amant, il repartit travailler. Mais cette fois-ci, il aperçut le petit sourire au coin des lèvres de Tom. Il allait devoir vérifier quelque-chose. A l'atelier. Et si pour le faire, il devait y passer chacune de ses nuits, il le ferait. A commencer par ce soir.

[ ... ]

Si jamais Tom faisait quelque-chose à l'atelier sans lui dire quoi que ce soit, il devait le faire les nuits où Bill ne venait pas le rejoindre à l'atelier, c'était plus qu'évident. Et comme ce soir, le brun ne devait normalement pas y aller... Il fit attention de ne pas se faire suivre et arriva enfin à l'atelier. Tom n'y était pas. « Pas pour le moment » pensa l'androgyne. Alors en l'attendant, il fit un petit tour, cherchant quelque-chose qui pouvait ne pas être habituel ici. Il ne savait pas trop quoi. Son regard se posa alors sur le tableau que Tom avait commencé à faire de lui quand ils s'étaient retrouvés ici pour la première fois. Il ne l'avait encore jamais vu, Tom refusait de lui montrer tant qu'il n'était pas terminé et il le peignait uniquement quand Bill dansait. L'androgyne mourrait d'envie d'en voir le résultat mais il respectait l'envie de Tom de le cacher tant qu'il n'était pas fini.