âme déchue

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Voler, survoler la ville éteinte, où seulement les étoiles me guideraient, les étoiles et la lune. Ce petit astre lumineux qui laisserait mon corps s'approcher d'elle, l'enlacer de mes frêles bras. Bras qui sont bien marqués par mes peines. Peines qui rêveraient elles aussi de s'envoler, de ne plus exister. Exister, chose que je ne veux plus, subir cette vie sonne comme une torture pour mon pauvre coeur. Coeur qui ne cesse de subir lui aussi, subir mes caprices et mes fautes, et pourtant il est toujours là, bien qu'endommagé. Endommagé comme mon âme, âme qui semble errer dans le tunnel de l'obscurité, en attendant que quelqu'un vienne lui tendre une torche pour retrouver son chemin. Mais cette main tendue ne viendra jamais, aucune lumière ne viendra la sauver, ce tunnel est sans fin, sans issue, elle est condamnée à rester bloquée dans ce dédale, en espérant ne pas y rester toute sa triste vie. Vie qu'elle n'a pas choisie, qu'elle ne connaît pas, chaque jour qui passe, elle en apprend un peu plus sur son passé. Découvrir sa propre vie, c'est assez ironique non ? Et pourtant, elle ne sait rien d'elle, ni de son enveloppe charnelle qui subit ses mœurs, elle ne cesse d'en découvrir un peu plus chaque jour. Sa vie est une énigme, et les maîtres du jeu restent pour la plupart inconnus. Inconnus, elle en croise sans cesse, sans oser leur montrer sa véritable nature, seul son masque se manifeste, laissant sa fausse gaieté apparaître, répétant sans cesse que tout va bien, et le soir elle pleure toute seule dans sa chambre, accompagnée de son coeur qui se laisse aller lui aussi. Prisonnière, elle ne peut s'échapper, elle est retenue dans un corps qui ne cesse de la faire souffrir un peu plus chaque jour, pour elle hier ressemble à demain, elle aimerait tant que cette monotonie cesse, qu'enfin la lumière lui vienne, et que tout s'arrête. Mais malheureusement pour elle, rien ne se passera. Elle aura somme toute des moments de "répit", lui faisant croire que tout allait se régler, mais en vain, la réalité revient bien assez vite, lui rappelant chaque jour que la vie n'est pas un conte de fées, que la vie est rude et qu'aucun répit n'y est permis. On lui autorise à croire, à espérer que tout allait s'arranger, qu'elle pourra voler et planer au-dessus de la ville, tel un colibri, mais ce n'est qu'un oiseau en cage auquel on donne un peu d'espoir pour mieux la décevoir. Décevoir, combien de fois l'a-t-elle été ? Chaque fois qu'elle tente l'optimisme, la dure réalité lui frappe au visage, creusant un peu plus le gouffre dans lequel elle s'enfonce. Une main, elle n'attend que cela pour se relever, mais aucune ne se présente devant elle. Du moins, elle les refuse toutes, car aucune n'est sincère, toutes sont en eau, dès qu'on les touchent, elles disparaissent. Quand bien même celle-ci serait réelle, elle la refusera, ne voulant pas de pitié. Incomprise, voilà comment elle se sent. Des mots sortent de sa bouche, mais aucun ne sont à la hauteur de sa peine et de sa douleur. Aucun ne sont assez puissants pour décrire le long tunnel obscur dans lequel elle se trouve. Alors comment l'expliquer ? Comment avoir une lumière pour l'éclairer ? En continuant d'espérer, pour tomber encore un peu plus bas ? Ou bien, en tentant de dire l'indicible ? Tant de questions sans réponses, sans réponses car je ne les pose qu'à moi-même. Une âme déchue n'a guère de chance de s'en sortir, sa vie sera toujours douloureuse, même si elle vit aisément, réalise ses rêves ou voyage, car sa peine sera toujours là, comme une marque indélébile.

Recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant