Prologue .

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Neige Nocturne.

« Et tes yeux criaient ».

Disclaimer : Ces personnages ne sont pas à moi, mais vu la fin du manga, ils auraient dû l'être !

*Le morceau dont il est question dans cet écrit est celui de Kyle Landry au piano « Howl's Moving castle Theme ». Il est à mes yeux de toute beauté et je vous le conseille vivement (écoutez le lors de moments j'en fais mention ici il s'intitule « Neige »)*


Minato caressa d'une main agile les touches blanches de son piano. Il la suspendit un instant dans le vide. Il n'y croyait presque pas, c'était bien trop beau pour être vrai. Il était à Paris, dans une salle de concert prestigieuse.

A ses côtés, sa tourneuse de page, son grand amour, la mère de son fils, sa femme Kushina, lui adressa un sourire chaleureux. Il avait le trac, son rêve se tenait là, sous ses doigts. Il posa enfin ses deux paumes sur le clavier d'ivoire. Et les notes s'élevèrent, pures, mélodieuses. Sa musique, celle qu'il avait composée s'élevait dans la vaste salle. Il ferma les yeux, laissant cette sensation le griser. Puis il les rouvrit et contempla les sièges remplis face à lui, ces centaines de paires d'yeux luisant dans l'obscurité braqués en direction de la scène. Sous les néons brûlants, il songea à cet  Art qui avait su s'affranchir des frontières de son esprit,  voyager jusqu'en outremer, toucher des millions d'autres êtres humains... Il se demanda un instant si en tant que musicien il n'avait pas atteint le sommet de sa gloire. 

A quarante-trois ans, il était un homme comblé. A quarante-trois ans, il achevait sa première tournée européenne dans la ville lumière... Cette ville qui les avait fait rêver des années durant, lui et son épouse. Il lui avait juré, deux décennies avant, qu'il l'emmènerait un jour voir la tour Effel. Manger des croissants dans un petit café simple mais chaleureux, et qu'ils se promèneraient sur les bords de Seine. Et voilà qu'aujourd'hui, ils y étaient. 

Il aurait tant aimé que Naruto puisse être au premier rang, comme souvent lorsqu'il était petit, à lui lancer des regards émerveillés.

Parfois durant l'entracte, Jiraya emmenait le petit garçon blond jusque sur la scène. Kushina l'attrapait tout contre elle, le faisant tournoyer au-dessus de sa tête, le faisant rire aux éclats, puis elle le fourrait d'autorité sur les genoux de son père. Il prenait les petites mains dans les siennes, faisant  pianoter l'enfant qui tournait sa bouille remplie de fierté vers lui. Ses cheveux blonds et aériens, si semblable aux siens, venaient se frotter contre son menton, le chatouillant agréablement...

A ces souvenirs, Minato sentit son cœur se gonfler d'un amour sans nom. D'un geste léger et puissant, il fit passer ce sentiment jusque dans son jeu, dans des arpèges époustouflants. Oui, il aurait tant aimé que son fils soit là lui aussi, à pouvoir l'encourager depuis son siège. Mais  celui-ci avait bel et bien seize ans et malgré qu'il les ait supplié de l'emmener durant leur tour d'Europe, ils n'avaient pu accepter. Après tout, ses résultats scolaires étaient loin d'être excellents et c'était une année charnière, il ne pouvait manquer autant de cours. Puis, il aurait toute la vie devant lui pour découvrir le monde. Ils l'emmèneraient une prochaine fois.


                                              *

Le concert avait été une véritable réussite. Minato avait d'ailleurs joué plusieurs morceaux en plus face aux rappels enthousiastes du public. Un sourire flottait sur ses lèvres. Le pianiste posa ses yeux sur les nombreux bouquets de fleurs disposés dans sa loge, humant leur parfum entêtant. Ce soir, il emmènerait sa femme dans un petit restaurant de Montmartre, simple mais charmant.

Kushina passa ses bras autour de sa taille, enfouissant son visage contre sa nuque, le tirant de ses pensées.

« On y va ? » murmura-t-elle.

Le compositeur acquiesça et le couple se dirigea vers la sortie.

Ils marchaient main dans la main, profitant de l'air frais qui balayait leur visage. Leurs yeux ne ratant rien de chaque nouveauté qui s'offrait à eux dans ce paysage inconnu, les lumières de la ville embellissaient la nuit, elles dansaient sur les flots bruns de la Seine. Les remous du fleuve clignotaient, presque comme dans une œuvre impressionniste.  Dans leur contemplation, ils ne virent pas la silhouette qui les suivait depuis leur sortie du bâtiment. Ils ne virent pas l'éclat de folie qui agitait les pupilles de l'homme aux cheveux gris qui les filait.

Ce n'est que quand une voix les appela qu'ils tournèrent la tête

« Namikaze ! »

C'est alors qu'ils le virent. Et qu'ils le reconnurent. Cet étrange jeune homme qui assistait depuis plus d'une année à chacune des représentations du pianiste, qui lui avait envoyé plusieurs lettres passionnées, et avait même trouvé leur ligne de téléphone, les poussant à changer de numéros plusieurs fois. C'était de toute évidence un fanatique instable. Comment avait-il pu les retrouver jusqu'ici ? Le couple se regarda avec effroi, la plainte qu'ils avaient déposés quelques mois plus tôt n'avait donc pas eu l'effet escompté...

Puis tout se passa très vite.

L'homme empoigna quelque chose qu'il tenait contre lui et rapide comme l'éclair, se retrouva sur eux. Il braqua Minato de ce qui de toute évidence était une arme à feu. 

- Namikaze, Vous me reconnaissez ? poursuivit leur agresseur

Sa voix tremblait, elle ressemblait presque à un sanglot, à une supplique. Minato tentait de réfléchir, de comprendre ce qu'il se passait. La seule certitude qui le traversa, c'était qu'un métal froid s'enfonçait douloureusement dans sa tempe, le canon d'une arme. Soudain, Kushina hurla. Dans un élan rapide, elle se rua sur le fou qui menaçait son époux.

Minato aurait voulu l'en empêcher, lui dire de ne pas faire un son, de se faire la plus petite possible. Mais c'était peine perdue, sa femme avait toujours été une tête brulée. Et il entendit plus qu'il ne vit, à près tout n'avait-il pas l'oreille absolue, ce son terrible. Cette déflagration féroce, puis ce bruit sourd de chute : l'homme venait de tuer d'une seule balle sa femme... Son amour de toujours. Elle gisait désormais devant lui, inerte. Une grande flaque rouge se mit à couler de la chevelure chérie. Comment le Monde avait-il pu changer de face si brutalement ?

Le reste s'enchaina avec une vitesse irréelle. L'assassin de Kushina poussa un juron, il paniquait. D'une main tremblante, il braqua à nouveau son arme sur le compositeur, tout contre son cœur. Minato n'eut pas le temps d'agir. Il n'eut que le temps de penser « Heureusement que Naruto n'est pas là. Mon Dieu veillez sur lui ». Puis, Minato Namikaze eut la sensation d'être traversé par un choc puissant, un choc qu'il n'avait jamais connu et qui le déchira. Il en fut stupéfait. Ses pupilles bleus s'écarquillèrent sous la surprise, il voulut lutter. D'ailleurs, le temps parut se suspendre un instant, il lui sembla flotter entre deux dimensions. Mais le corps humain à ses limites que même la plus féroce volonté ne peut surpasser. Et le compositeur s'éteint dans un dernier soupir. Sa dernière pensée fut pour son fils : ce fils qui désormais n'aurait plus de parents, ce fils qu'il abandonnait. Ce fils qu'il aurait tant voulu voir devenir un homme et qui, grâce à Dieu, était à des milliers de kilomètre de ce champ de bataille. Oui, Naruto était en sécurité, Naruto était en vie. Et cette dernière certitude lui permit de sombrer avec moins de douleur. 

Nocturnes  : One-Shot de Noël.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant