Nocturnes : One-Shot de Noël.

Partie I : Le Pianiste.

Dix ans plus tard : Konoha, Japon

« Et c'est tout de suite que nous vous passons le morceau « Neige » du célèbre compositeur Minato Namikaze, à qui nous souhaitons rendre hommage.

- Tout à fait, c'est en effet le dixième anniversaire de sa mort, ainsi que celle de son épouse... Nous vous rappelons qu'ils avaient tragiquement été assassinés par Kabuto Yakushi, un jeune fanatique qui leur avait tiré à chacun une balle à bout portant à la sortie du concert qui clôturait leur tour d'Europe. Leur meurtrier s'était par la suite donné la mort... »

- Tu veux que j'éteigne la radio Sasuke ?

- Non, c'est bon. Tu peux laisser. J'adore ce compositeur.

- Même à huit heures du matin ? D'habitude t'es plutôt du genre « ours grincheux » qui ne veut rien entendre avant dix heures ?

- Ça va Itachi ! Je ne suis pas un « ours grincheux » !

- Une marmotte irascible alors ?

- Tsss... Tais-toi !

- J'aime t'embêter, tu sais que c'est mon sport préféré ! Bon file, on est devant le métro. »

Le dit Sasuke, un jeune homme qui devait avoir moins de trente ans, les cheveux aussi sombres que ses yeux, descendit de la voiture. Saluant son frère d'un geste de la main.

Il attendit que le véhicule s'enfonce dans la masse noire des bouchons de la ville pour tirer un paquet de cigarettes de sa poche. Il en glissa une entre ses fines lèvres et alluma la tige de tabac avec satisfaction. Son frère n'aimait pas le voir fumer, et lui n'aimait pas les leçons de morale. Il n'était plus l'adolescent inconscient d'autrefois, mais son ainé avec qui il habitait, ne cessait de le traiter comme tel. Néanmoins, il était la seule famille qui lui restait, il faisait figure de père, de mère, de meilleur ami, de pilier. Et bien qu'il soit parfois un peu surprotecteur voir agaçant, il l'aimait plus que tout.

Sasuke laissa doucement échapper une volute de fumée tout en soupirant. Itachi avait raison, comme toujours... il n'était décidemment pas du matin.

Surtout le lundi. Surtout-spécifiquement- quand il devait se rendre à son premier cours de la semaine. Sasuke était pianiste mais  n'en vivait pas. Aussi s'était-il résigné à donner quelques cours dans une université en tant que professeur de littérature. Après tout, il avait été jusqu'au doctorat et avait toujours aimé les livres. En soit, son activité professionnelle était un bon compromis, elle lui laissait du temps pour jouer et composer et dans une autre mesure, de lire beaucoup.

Seulement, il n'était pas très friand de ses élèves. Déjà parce qu'il n'avait qu'une poignée d'années de plus qu'eux, ensuite parce qu'ils étaient souvent bruyants et agités. Lui, qui était d'une nature calme et silencieuse, avait la sensation de se jeter dans la fosse aux lions à chaque fois qu'il faisait face à un amphithéâtre. Pourtant, il était un professeur très apprécié. Surtout de la gente féminine. Que ce soit ses collègues, ou ses élèves, les filles avaient une fâcheuse tendance à lui jeter des œillades enflammées et à lui sourire bêtement. Sauf que premièrement il n'était pas très sociable, deuxièmement il était gay. Son ex petit ami de l'époque lui disait souvent que c'était l'une des grandes plus grandes ironies de ce monde. Sasuke Uchiwa, le garçon le plus adulé du lycée, n'était pas attiré par les filles.

Sasuke balaya ce souvenir rapidement. Il n'aimait pas repenser à son ex et cela  arrivait trop  souvent. Depuis quelques années maintenant que Deidara avait mis fin à leur relation houleuse et passionnelle, lui disant qu'il n'était pas prêt à s'engager auprès d'un homme, qu'il était plus facile de vivre avec une femme et d'avoir une vie « normale ». Sasuke avait été déchiré par ces mots.