Partie II : L'étranger.

187 20 70
                                    


31 décembre, Konoha

Sasuke était étalé de tout son long sur son lit, à vrai dire, il était plutôt enroulé sous sa couette. Il avait un petit côté « marmotte » comme aimait à lui rappeler son frère. La chaleur des draps, la douce obscurité dans laquelle trempait sa chambre avait quelque chose de rassurant.

Cela faisait presque une semaine qu'il avait donné son premier vrai concert, certes c'était un concert organisé par le conservatoire ou il avait étudié mais tout de même... Puis, il y avait eu Naruto, son étrange apparition qui l'avait ébranlé d'une drôle de façon. Comme si ce quasi inconnu avait su comprendre sa musique, plus que la comprendre : ne faire qu'un avec elle.

Lorsque l'orchestre s'était tu et levé pour saluer modestement la salle, sous une slave d'applaudissement, il l'avait presque inconsciemment cherché du regard. Mais rien. Il avait tout bonnement disparu, si bien que Sasuke s'était demandé s'il n'avait pas rêvé. A dire vrai, plus les jours avaient passé, plus il avait repris contact avec la réalité : le mangaka qu'il ne connaissait qu'à peine ne devait, ne pouvait  lui procurer un tel vertige. C'était le contexte : la beauté de la musique, la moiteur de la salle, la lumière bleutée vibrant dans l'obscurité.

Sasuke Uchiwa n'aimait pas que ses pensées dévient un peu trop du rationnel. Cela ne lui était arrivé qu'une seule fois : lorsqu'il s'était laissé entrainer dans une passion dévorante pour Deidara.

Il avait tous justes dix-huit ans, l'autre en avait cinq de plus. Et il l'avait aimé sans limite. Deidara lui avait fait connaître le pire du meilleure : soit les ascenseurs émotionnels, les disputes explosives, les réconciliations bouillantes... Deidara avait été pareil à un champ de mine, ou à une bombe nucléaire. Il l'avait dévasté, de par ses tromperies, de par ses grandes phrases bien trop belles et mensongères sur l'Art, l'Amour, les Ames sœurs ... un beau baratin auquel le blond volcanique avait dû croire lui-même.

Puis d'un coup, il avait retourné sa veste. Après toutes ses promesses, ses discours enflammés, il l'avait abandonné. Du jour au lendemain, avec pour seule explication son envie de se « ranger ». Il s'était marié quelques temps plus tard avec une certaine Kurotsuchi. Sasuke c'était littéralement senti couler. Il avait eu la furieuse sensation de n'avoir été qu'une expérience adolescente pour l'homme, le seul, qu'il avait aimé. « Ouais, c'était sympa. On s'est bien éclaté, mais bon, j'aspire à un vrai truc tu vois. » Et Sasuke était tombé de haut. Il s'était senti trahit, vidé. Puis, après des nuits d'errance dans des lits oubliables, le plus souvent défoncé, il s'était simplement fait la promesse de ne plus jamais ouvrir son cœur et de ne consacrer sa passion débordante qu'à sa musique. Alors l'autre blond imbécile, avec son prénom ridicule, ses sweat oranges et ses listes de courses douteuses... il ne fallait plus y penser.

Son téléphone vibra. D'un œil morne il déverrouilla l'écran.

« C'était bon hier soir. Ça te dit de remettre ça ? Ce soir 20h au Byakugan ? J'ai un cadeau pour toi. »

Il soupira. C'était Neji. Son régulier. Un ancien de sa promo d'université. Ils couchaient souvent ensemble, Neji était un bon amant. Mais un homme complètement paumé, à presque vingt-neuf ans, il enchainait les soirées, consommait toutes sortes de drogues et,  rentier de son état, ne travaillait que quand l'envie lui en prenait. Quant au cadeau dont il faisait mention, Sasuke se doutait qu'il devait s'agir de MD ou autre substances hypnotiques... il savait que Neji était un peu nocif, il tentait sans cesse de lui faire prendre des drogues, ce que Sasuke refusait en général. Si Neji était resté perché sur son nuage depuis l'université, lui avait fini par remonter la pente et n'aspirait plus vraiment à se déchirer à la moindre occasion. Mais ce soir-là... c'était le nouvel an. C'était presque tentant. Un peu de bonheur immédiat à faire fondre sous la langue...

Nocturnes  : One-Shot de Noël.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant