Love is a victory march [joystu]

Nevada

Pdv Jordan

Je suis tranquillement assis dans ma cuisine, perdu dans mes pensées, comme ça m'arrive souvent si je me laisse aller. Je regarde Nevada et June jouer sans vraiment les voir, je suis bien trop loin dans mon propre univers pour ça. Ils ont l'air d'aimer le nouvel appart, tous les deux, et ça fait plaisir. J'avais grave peur au début qu'ils se sentent pas chez eux et qu'ils aillent pas bien à cause de ça.

Mais franchement non, et ça c'est plutôt bien passé, je suis content.

Nevada monte sur la table, et je m'apprête à le réprimander lorsque soudain il saute.

Mon cœur s'accélère tellement fort lorsque je comprends ce qu'il vient de se passer que pendant un instant je pense être en train de faire une crise cardiaque. La panique m'envahit, je revois la distance entre le sol et la fenêtre, la première fois que je l'ai vue quand j'ai visité l'appart, le grillage. Son cri de détresse lorsqu'il touche le sol m'atteint, et je suis déjà en train de courir hors de l'appart pour aller le voir. Je manque de me ramasser la figure une, deux fois, mais j'en ai rien à foutre, j'ai l'image de Nevada, étalé mort sur le sol dans la tête.

Quand enfin j'arrive à la porte d'entré de l'immeuble, mes mains tremblent tellement que j'ai du mal à l'ouvrir. Une fois dehors je me précipite vers l'endroit où donne la fenêtre, je bouscule des gens au passage, je fais attention à rien.

Nevada est la, étalé sur le sol, ensanglanté. Je sens les larmes monter. J'arrive pas a voir si il respire ou pas, et je prend soudain conscience que moi même j'arrive pas a reprendre mon souffle, je suis en train d'hyperventiler, je tremble. Mon cœur bat tellement vite. Depuis tout à l'heure j'arrête pas de répéter non, que c'est pas vrai, pas réel, et j'ai même pas réalisé que je parlais. Mais c'est pas vrai, pas mon chat, pas Nevada...

J'arrive plus à respirer, je comprends rien, je-

-Mec, ça va ? T'as pas un téléphone, pour appeler le veto ? Regarde, il respire encore.

Je tourne les yeux, ramené à la réalité. C'est une meuf qui vient de me parler, une inconnue. Elle me regarde d'un air inquiet. Derrière elle y'a toute sa bande de potes qui attend, l'air tout aussi inquiet.

-Inspire un bon coup, mec, ça va aller. Va chercher tes clés de voiture, j'appelle le veto pas trop loin, ok ?

J'hoche la tête, reconnaissant, réalisant soudain que tout se passe maintenant, que si je me dépêche pas il pourrait mourir à cause de moi. Je me précipite dans l'immeuble, je grimpe l'escalier quatre à quatre, je rentre dans l'appart, ferme la fenêtre, chope les clés de voiture, et je ressort. J'arrive en bas, la meuf et ses potes sont toujours là.

-T'es garé loin ? Me demande la meuf.

Je dis que non, elle me propose de me suivre pour m'ouvrir la porte de la voiture, je dis oui sans réfléchir.
Doucement, je soulève Nevada, j'ai peur de le briser encore plus. Il respire tellement difficilement. Une larme coule, je peux pas la retenir.
On se dirige vers la voiture. La meuf fait ce qu'elle m'a dit, elle et un pote à elle m'aident à installer Nevada sur la banquette arrière. Puis je rentre à l'intérieur, secoué. Je devrais pas prendre le volant, pas dans ces conditions, mais j'ai pas le choix.

-Mec, sois quand même prudent sur la route, ok ? Tout ira bien, me dit cette fois le gars.

J'hoche la tête avec reconnaissance, les remercie vraiment tous les deux, et puis je fonce vers le vétérinaire. J'essaie de pas penser que la tout de suite Nevada pourrait être en train de rendre son dernier souffle, j'essaie de pas penser que c'est peut être la dernière fois que je le vois.