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Ce matin, je me lève de très bonne humeur, on est vendredi, donc le weekend c'est ce soir. La semaine est passée vite. 

Sur la route pour aller au collège j'envoie un message à Kageyama pour lui rappeler que nous  passons aujourd'hui devant la classe pour l'oral qu'on a préparé. Il me répond immédiatement qu'il a révisé et que ça devrait aller. 

Juste avant manger, notre tour vient. 

Je connaissais ma partie par cœur mais pas lui. Je m'y attendais à vrai dire. Pour lui sauver la mise, je réussis à parler à sa place lorsqu'il bloque. Une fois que nous avons fini, la sonnerie retentit. 

Arrivé à la cantine, Kageyama se place en face de moi. Je prends un air outré.

"Mais tu bouleverses tes habitudes là!"

"Si je dois bouleverser mes habitudes pour empêcher Kaori de s'installer en face de moi alors je le ferais"

"Et si elle se met à côté de toi tu fais comment? En plus elle n'est pas revenue nous voir depuis lundi, elle a surement dû trouver d'autres victimes."

"Ah merde, je n'y avais pas penser... Tant pis, au moins à coté je verrais moins sa face de truie si elle vient."

Je ris malgré moi. Son intonation exprimait une grande sincérité. 

Sur mon plateau, j'avais pris une briquette de lait, je décide de la donner à celui qui se trouve en face de moi. Il me regarde et me demande :

"Tu es sur que tu n'en veux pas ?" 

"Non, prend la. J'ai cru comprendre que tu vouais un culte à ces briquettes."

"Oh merci. Par contre je ne leur voue pas un culte! Je les reconnais simplement à leur juste valeur."

Je ris à nouveau. Son expression était devenue enfantine en prononçant ces mots. 

"Oi, tu n'as pas le droit de te moquer de moi p'tite abrutie!"

"Mais tu nies l'évidence! Acceptes le fait que tu fasses une fixette sur ces briquettes!"

"Puisque je te dis que non!"

"Puisque je te dis que si!"

"Je vais pouvoir vous dire qui as raison moi! On sait tous que votre avis ne vaut rien face au mien. Même si je pense que mon Tobio a forcément raison, profitez de ma présence je vous écoute." annonce Kaori en s'asseyant à côté de Kageyama. 

Elle ne m'avait pas manquer celle-là. Il s'empresse de me donner un coup de pied comme j'avais fait en début de semaine. On se lève en même temps mais Kaori tente d'attraper le bras de celui qu'elle a osé rabaisser sans aucuns scrupules. Il est parvenu à l'esquiver, on aurait dit qu'il avait anticiper ce qu'elle allait faire. 

Ensuite, nous partons nous asseoir sur le même banc que les jours précédents. Il entame la conversation.

"J'ai bien fait de te parler de ce qu'il s'est passé l'année dernière. Elle allait certainement te raconter sa version des faits avant que je puisse te dire la vérité. Elle m'a déjà détruit ma quatrième, j'aurais mal vécu qu'elle réussisse à..." 

J'attend la suite mais il ne termine pas sa phrase. 

"Qu'elle réussisse à?"

"Non rien laisse tomber."

Je n'insiste pas. Cette histoire l'a vraiment marqué et je comprends pourquoi. Même s'il ne le dit pas clairement, je comprends qu'il ne voulait pas à nouveau se retrouver seul contre tous. 

"Tu as bien réagi, par contre je suppose qu'elle a osé t'appeler "mon tobio" parce qu'il n'y avait aucun membre de sa clique autour?"

"Exactement, tu as tout compris et d'ailleurs ça m'énerve qu'elle m'appelle comme ça. Déjà qu'elle se permette de m'appeler par mon prénom m'énerve mais qu'elle rajoute "mon" devant ce n'est juste pas possible."

"Oui, c'est normal."

N'ayant aucune envie de continuer de parler notre camarade de classe, je change de sujet.

 "Tu n'as pas un match de volley face à une autre équipe bientôt ?"

Instantanément, son expression change, ses yeux pétillent. Il m'explique que le match n'est pas pour tout de suite. Maintenant qu'il est lancé, il me raconte ses entrainements. Je l'écoute avec attention. Il est tellement passionné que ça donne envie de s'y intéresser.

De retour en classe, la journée se poursuit. 

La sonnerie finale se fait entendre, je souhaite un bon week-end à mon voisin puis repars chez moi à pied.

A mi-chemin entre le collège et ma maison je me retourne, j'ai la sensation d'être suivie. Je tombe alors face à Kaori. Je remarque qu'elle cache quelque chose dans son manteau. Elle me montre ce qu'elle camoufle, il s'agit simplement de son téléphone. 

Cette dernière se rapproche de moi, je ne bouge pas. Je veux savoir ce qu'elle a à me dire.

Elle me montre la photo d'un homme sur son portable. Je ne l'ai jamais vu auparavant.

"Tu sais, j'ai mené ma petite enquête cette semaine. Il se trouve que ta vie familiale est très intéressante contrairement à toi. Je ne sais pas si tu es au courant mais ta mère te ment. Ton père n'est pas mort. Sur cette photo, il est tout à fait heureux et surtout vivant."

"J'ai comme l'impression que c'est plutôt toi qui te surpasses dans le mensonge. Mon père est mort, il n'y a rien à ajouter."

"Regarde son visage, il ressemble au tien."

Pour une fois elle avait raison. Mon frère et ma mère se ressemble mais moi je ne leur ressemble pas. Il serait donc logique que je ressemble à mon père.

"Pourquoi est-ce que tu me racontes tout ça ?"

"Si tu veux retrouver ton père, je peux t'aider. Mais en contrepartie tu dois couper tout contact avec Kageyama. Alors tu décides quoi ?".

Je ne sais pas quoi répondre. Ma famille a toujours éviter de parler de mon père. Quand on y réfléchit, l'accident de voiture est la meilleure excuse pour faire croire à la disparition de quelqu'un. C'est surement ma seule occasion de le retrouver s'il est bel et bien en vie.

"Ca me va... mais aucune de nous deux ne doit en parler à qui que ce soit"

Elle acquiesce puis s'en va. 

Je reprends mon chemin, même si l'espoir qu'elle détienne la vérité est faible j'ai envie d'y croire.

Une fois la porte d'entrée fermée je m'effondre en larmes. Je me sens tellement égoïste de laisser Kageyama. J'aurais aimé que mon frère soit là pour lui en parler mais il a dû s'absenter exceptionnellement ce week-end pour ses études. Je ne peux donc en parler à personne.

Je décide de me mettre à faire mes devoirs pour me concentrer sur autre chose. 

Je relève la tête, il est quatre heures du matin. Je n'ai pas mangé, pas dormi et j'ai fini mes devoirs. 

Je vais dans mon lit, jette un coup d'œil à mon téléphone. Je vois un message de Kageyama. Depuis le début de la semaine il a pris l'habitude de me demander si tout allait bien dès qu'il rentrait chez lui. Un nouveau message apparait, puis un deuxième.

|Répond stp.
|Même si ça ne va pas dit le dans ce cas là je t'appellerais.

Les larmes se remettent à couler, je n'oses pas lui répondre. Je prends mon égoïsme en pleine face. Il me fait confiance et moi je le lâche. Il s'inquiète et je ne trouve rien de mieux à faire que de le laisser sans réponse. Il devrait dormir au lieu de m'accorder son attention, il mérite mieux...

Simple intuitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant