I D O L E

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Chapitre 1                                                    

Il était sept heures du matin, et en ce mois de février, le soleil ne daignait jamais éclairer le monde avant huit heures.

A Londres, le mois de février n'apportait pas que la nuit, il apportait également de la neige.

Le manoir était recouvert d'un manteau blanc, et quelques flocons tombaient encore sans discontinuer. On aurait pu croire qu'un froid pareil tuerait la nature, mais le matin venu, les oiseaux chantaient, s'envolaient, et, dans le grand jardin on pouvait aussi distinguer, lors de balades, l'empreinte de divers animaux.

Le gèle, la pénombre et la neige donnaient une allure mystérieuse au manoir. Les enfants qui passaient devant les grilles, le matin en se rendant à l'école, en bus, à pied ou en vélo, se demandaient toujours ce qu'il pouvait ce passer entre les murs de cette grande maison. Qu'est-ce que c'était que cette Wammy's House ? Certains disaient qu'il s'agissait d'une école privée, d'autres un orphelinat, en tous les cas personne ne pouvait y entrer.

La propriété de la Wammy's House commençait au pied d'une colline, le manoir avait été construit au sommet, le côté donnant sur la ville possédait une cour de graviers blancs, et un long chemin serpentant jusqu'aux grilles, en bas de la colline. De l'autre côté, à l'abri des mauvais regards, se dressait un grand jardin aménagé de cabanes et de balançoires qui s'étendait sur cinq cents mètres et était fermé par une longue haie fournie. Et ce matin là, tout était recouvert de neige.

Entre les murs de ce manoir, la vie s'éveillait lentement, dans l'aile ouest, les lampes s'allumaient, et des dizaines de petits pieds foulaient les tapis. Réglés comme des horloges, les enfants n'avaient pas besoin de réveille-matin. Tous les jours commençaient par le même rituel : on sort du lit, on se frotte les yeux, on prend une douche et on déjeune.

Dans la cuisine, deux femmes profitaient, encore un peu, de la tranquillité de l'aube.

Elles avaient brouillé les œufs, fait les pancakes, coupé le pain, sorti les confitures, déposé les oranges dans l'extracteur de jus, ouvert le gros bocal de chocolat en poudre, les bouteilles de sirops d'érable et disposé de grosses boîtes de céréales.

Le réfectoire contenait plusieurs tables, un buffet, et dans la pièce d'à côté, la cuisine, elles étaient installées à une petite table en bois.

- Ils vont encore être excités comme des puces, maugréa la plus vieille.

- Normal, il a beaucoup neigé, moi aussi j'ai hâte d'aller dehors.

- Tu es comme eux.

Soudain, dans le couloir résonna des bruits de course, et des éclats de rires.

- Madre de dios ! Paniqua Céleste en se dandinant pour se relever.

Madame Céleste était la gouvernante de la Wammy's House, elle s'occupait du ménage, des lessives, de la cuisine et de toutes autres tâches ménagères. Elle était au service de Watari depuis des années.

Les cheveux noirs, parsemés de gris, tirés en chignon, et un tablier blanc sur ses robes. Elle perdait vite patience, n'était pas très subtile, et râlait souvent, mais l'affection qu'elle portait  aux enfants était sans failles. Son préféré avait été Lawliet, et il le resterait toujours, mais maintenant qu'il avait atteint ses vingt ans, elle ne le voyait presque plus. Son deuxième enfant préféré était Sea, du même âge que le détective, d'élève et potentiel L, elle était devenue « résidente » à la Wammy's House, elle s'occupait des enfants.

C'était noble de sa part pensait Madame Céleste, mais au fond elle ne pouvait s'empêcher de croire que la jeune fille se gâchait elle-même.

Elle replaça correctement son tablier, et partit par derrière pour aller faire les lits.

Wammy's BabysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant