Le Royaume de Vendor - Livre 2 : Quête sur la Mer Sombre

Chapitre 3

Aux premières lueurs du jour, le jeune prince fut réveillé (non sans mal...) par un des majordome particulier de son père le Roi, l'invitant à le rejoindre pour participer aux audiences royales. Complètement coincé, Matthew n'eut d'autres choix que de se plier aux requêtes de son père ; il revêtit l'une de ses plus belles tenues et, sans non plus cacher sa mauvaise humeur, pris enfin place sur son trône.

« Je suis heureux que tu sois là, fils. » lui dit Edgar, essayant de se persuader que Matthew était là de son plein gré.

« Ce n'est pas comme si j'avais le choix... »

Les deux soupirèrent ; aucun regard ne fut échangé entre les deux hommes. L'un écoutait attentivement les requêtes des sujets venus les voir, l'autre, ne les entendant que d'une oreille, observait par la fenêtre qui donnait sur la cour, Peter qui se battait avec William. Le pirate, un sourire aux lèvres et quelques gouttes perlant sur son front, donnait tout ce qu'il avait contre son adversaire dragonnier. Il semblait si heureux, Matthew aurait tout donné pour être à ses côtés, plutôt que d'être coincé sur ce siège si peu confortable...

Le prince senti alors un petit coup sur son épaule. Il se retourna et vit juste derrière lui son ami Chris, debout. Il chuchota :

« Essaye au moins d'avoir l'air intéressé. »

« Crois-moi, j'essaye... »

Du coin de l'œil, Edgar observait son fils et son conseillé, l'air dépité. Rien ne semblait fonctionner, Matthew était toujours indifférent quant à son rôle de souverain...

Pendant ce temps, montant les marches de la grande tour du château d'un pas lent, Sébastian se dirigeait vers la laboratoire de magie de Primerose. Les deux s'étaient rapidement rapprochés, malgré leur différence d'âge et leurs origines. La belle mage c'était autoproclamée enseignante du jeune sorcier, malgré tout ce que disait le Congrès Magique là-dessus. Ainsi, les deux passaient la plupart de leur temps ensemble, à créer de nouveaux sorts, à s'échanger des savoirs ou concocter des potions.

Mais, cette fois-ci, Sébastian ne venait pas pour passer du bon temps. Non, il venait pour se confier. Trop de choses lui paraissaient étranges, ces derniers jours, et il avait besoin d'en parler. Il s'arrêta devant la lourde porte de bois et de fer et hésita à frapper. A ses pieds, son petit familier Naïa se frottait à ses jambes, comme pour l'encourager à entrer. Sébastian lui sourit, lui accorda une petite caresse en guise de remerciement et frappa à la porte.

A peine avait-il toqué une fois que la porte s'ouvrit d'elle-même. Un peu anxieux, Sébastian n'osa pas faire un pas ; Naïa, elle trottina gaiement et alla s'installer sur le canapé au milieu de la pièce.

« Ce ne sont pas nos horaires de cours, pourtant. » fit la voix de Primerose derrière un drap sombre qui séparait deux pièces.

« Bonjour Prim... » le jeune homme hésita. « J'espère que je ne te dérange pas. »

« Non, au contraire. » elle sortit de la pièce secrète, donna une petite caresse à Naïa qui ronronnait déjà et s'approcha d'une étagère. « Je t'attendais, à vrai dire. »

Étonné, Sébastian prit place à côté de son familier et regarda la mage sortir deux tasses et une théière, qu'elle disposa sur la table ; Primerose tapa un coup sur le sol avec son bâton et tout à coup, tout se mis en virevolter dans les airs, pour préparer du thé sans qu'elle n'ait rien à faire. Puis, elle s'installa en face du sorcier, sur son siège.

« Tu m'attendais ? » demanda enfin Sébastian, après avoir admiré ses petits tours de passe-passe.

« Je te sens tourmenté ces derniers temps, mon cher disciple. » répondit-elle. Primerose saisis une tasse qui flottait délicatement dans sa direction, fit un geste de sa main libre et un sucre se déposa dans son breuvage.