Le Royaume de Vendor - Livre 2 : Quête sur la Mer Sombre

Chapitre 9

Alors que les sons peu familiers de cette forêt étrange parvenaient à ses oreilles, Sébastian émergeait peu à peu de cette... « sieste ». Secondes par secondes, le jeune sorcier encore dans les vapes reprenait le contrôle de son corps, sentant de nouveau ses pieds dans ses souliers, les vêtements sur sa peau et...

Attendez, est-ce qu'il se faisait trainer sur le sol ?

Surpris par cette soudaine réalisation, le jeune homme ouvrit les yeux d'un seul coup, comme dans un sursaut. Cependant, le pauvre ne put rien voir ; son dos trainant sur le sol, Sébastian se fit aveugler par le soleil lumineux qui le tapait en plein visage. Il voulut se frotter les yeux de sa main mais... Impossible ! Elles étaient liées, il lui était impossible de bouger !

« Mais, qu'est-ce que... » paniqua-t-il soudainement.

« Arrête de gesticuler, veux-tu ? »

Sébastian lâcha presque un cri de surprise en entendant la voix derrière lui. Cette voix, c'était celle de l'elfe. Sébastian se rappela tout, mais surtout d'à quel point son ennemie l'avait immobilisé en si peu de temps. Elle s'était approchée tellement vite de lui, il n'avait même pas eu le temps de penser à un sort ou quoi que ce soit d'autre...

« Eh, mais tu... »

Une fois de plus, l'elfe ne le laissa pas terminer sa phrase et laissa le corps de Sébastian qu'elle trainait tomber violement sur le sol, dans un bruit sourd, et un râle du sorcier.

Celui-ci d'ailleurs, malgré les menaces de l'elfe, se débattait pour tenter de desserrer les liens qui le retenait prisonnier... Mais rien n'y fit.

Sébastian soupira longuement, essayant de se calmer. Il remarqua que l'elfe, qui s'était assise au bord d'un ruisseau pour se reposer, tenait sa baguette et son grimoire. Elle avait donc tout prévu...

« Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu vas faire de moi ? » demanda-t-il brusquement, sentant quelques sueurs froides parcourir son corps tout entier.

Mais Sébastian n'obtint aucune réponse. Pas même un regard, un soupir, un geste, rien du tout. L'elfe était complètement fermée à lui.

Sébastian avala difficilement sa salive, tentant de trouver une solution à ce problème quelque peu... Inédit. Il ferma les yeux, essayant de trouver la localisation de Naïa, son familier. Elle n'était pas loin... Le sorcier le sentait. Pourtant, c'était comme si quelque chose brouillait sa vision. Il regarda alors l'elfe, anxieux.

Celle-ci demeurait imperturbable. Assise dans l'herbe violette, la jeune fille jouait avec ses deux dagues pointues. Ces dernières étaient d'ailleurs d'une grande qualité ; leur manche était visiblement taillé dans un bois noir somptueux, et comportait des formes rappelant la nature foisonnante qui les entouraient. Les lames aussi étaient méticuleusement taillées, et l'elfe semblait les entretenir avec le plus grand des soins.

Une fois de plus, Sébastian attarda son regard sur l'elfe. Bien que peu accueillante, la jeune femme devant lui n'en demeurait pas moins charmante. Silencieusement, son regard se balada sur cette dernière, passant sur ses cheveux blancs aux reflets bleutés qui l'aveuglaient presque tant ils étaient lumineux, puis sur ses yeux jaunes, effrayants mais envoutants... Évidemment, Sébastian ne pouvait pas manquer ces deux grandes oreilles qu'elle avait. Il remarqua alors que l'elfe avait pris le soin de les percer çà et là, les habillant de plusieurs anneaux dorés et de pierres semi-précieuses ou d'autres fantaisies qu'il ne pouvait identifier.

La jeune elfe se leva brusquement, surprenant le jeune sorcier. En silence, elle s'approcha encore plus du lac, une petite gourde dans sa main. Toujours allongé sur le sol et saucissonné, Sébastian ne la quittait pas des yeux. A vu d'œil, l'elfe semblait presque aussi grande que lui, ce qui démotiva tout de suite Sébastian, qui pensait à la maitriser grâce à sa taille... Elle paraissait d'ailleurs bien plus musclée que lui. A travers ses vêtements sombres, le sorcier pouvait deviner le moindre de ses muscles, notamment ceux des jambes et des bras. Une fois de plus, Sébastian compris qu'il n'avait pas l'avantage...