Le Royaume de Vendor - Livre 2 : Quête sur la Mer Sombre

Chapitre 11

« Mort ? » s'offusqua Nerwen, n'en croyant pas ses oreilles. « Comment ça, mort ? »

« Eh bien la dernière fois que j'ai vu mon ami, il était... mort ? »

« Tu... » elle le regarda, l'air lasse. « Tu te moques de moi, n'est-ce pas ? »

« N-Non ! Je sais que ça peut paraitre étrange mais- »

« Étrange ? Non, croiser un dragon qui parle c'est étrange. Essayer de retrouver son ami mort, c'est carrément glauque. »

« Eh, l'un de mes amis est un dragon ! Et il parle... »

« Je suis à deux doigts de te remettre un coup sur la tête, alors arrête de me prendre pour une imbécile. »

« Non, je... » Sébastian soupira longuement. « Je sais, c'est totalement tordu mais je te jure que tout cela est vrai. Je l'entends... Il m'appelle, il est vivant, j'en suis sûr ! »

« Donc, on cherche ton ami mort... Mais qui est vivant ? »

« Oh c'est pas vrai ! » grogna Sébastian, en mettant sa tête dans ses mains.

« Avoue que ton histoire est vraiment tirée par les cheveux... Mais bon, si tu dis que tout cela est vrai, je te crois. »

« V-Vraiment ? » murmura Sébastian, en relevant la tête.

« Je n'ai pas d'autre choix, après tout. Il faut bien que je croie en ton histoire pour t'aider. »

« Je suppose, oui... »

« Bon ! » Nerwen souffla un grand coup. « Restons près du lac pour cette nuit, il commence à se faire tard, la forêt n'est pas aussi sûre que l'on croit la nuit... »

Les deux se retournèrent pour faire face à l'immensité de la forêt. Elle qui paraissait si lumineuse et accueillante en début de journée provoqua un frisson de frayeur à Sébastian. C'est comme si, d'un coup, elle s'était assombrie, la rendant soudainement plus lugubre. Sébastian n'entendait plus les oiseaux chanter, ne voyait plus les papillons voler... C'était une forêt totalement différente, inconnue et terrifiante.

Il se retourna, mal à l'aise. Nerwen avait raison, il serait bien mieux prêt de ce point d'eau.

« Repose toi un peu, je prends le premier tour de garde. »

« D'accord... » Nerwen avait raison, le sorcier était exténué.

Pourtant, il ne se sentait toujours pas si à l'aise à l'idée d'être autant à découvert devant l'elfe. Il s'allongea malgré tout, la regardant rassembler quelques branches pour faire un feu de bois, se sentant de plus en plus lourd. Ah, il était en train de s'endormir, de se laisser aller... Et si Nerwen le tuait pendant son sommeil ? Peu importe, après tout... Ce n'est pas comme si quelqu'un le regrettait plus que de raison.

Se laissant sombrer dans les bras de Morphée, Sébastian s'endormi. Il aurait voulu profiter de doux rêves ; d'un déjeuner avec tous ses amis, d'un bal masqué au palais, de tout... Sauf de ce rêve qu'il allait vivre.

Tout était noir, sombre et effrayant. Vide aussi... Sébastian se sentait plus seul qu'il ne l'avait jamais été. Plus encore que quand Naï était mort devant lui. Plus encore que quand il avait compris que ses amis ne le croyaient pas... Il était tout seul.

Ce sentiment amer le figea sur place dans son propre rêve, et Sébastian baissa les yeux. Il aurait voulu se rouler en boule, s'assoir dans un coin et pleurer mais rien ne venait. Pas une larme, pas un mot, ni même un souffle... Rien.

Soudainement, il entendit quelque chose dans son dos qui lui glaça le sang. Un grognement... Plutôt un râle. Il se retourna et, devant lui, dans ce sombre endroit où il était, Sébastian vit une masse noire. Curieux, le sorcier s'approcha lentement, très lentement...