𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝟏𝟒. ℭ𝔞𝔲𝔠𝔥𝔢𝔪𝔞𝔯𝔰

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Un geste foudroyant tira Ni-ki du sommeil, une lumière aveuglante pénétra violemment ses yeux. Il tenta en vain de les refermer, mais une personne lui en empêcha tenacement. Bien que tous ses muscles soient contractés par le choc, il était incapable de se débattre.

L'instant fut torture pour le blondinet, mais heureusement, il se finit au bout de quelques secondes. Son corps retomba contre le mur. Il était épuisé, et ses yeux durent endurer l'effet d'une brûlure à l'acide.

À la fois indigné et horrifié, Ni-ki tenta de rouvrir les yeux pour voir qui venait de lui infliger cela. Mais ses forces le perdirent peu à peu. Il se sentit tomber, et sa vision s'effaça au fur et à mesure que le visage de son persécuteur apparaissait. Son cœur frappa contre sa poitrine.

Jake.

Il n'eut pas le temps de réfléchir qu'une nouvelle silhouette humaine se forma juste devant lui, à moins d'un mètre. Il reconnut aussitôt la salle à manger de l'orphelinat autour d'eux. Mais que faisait-il là ? Il se rendit compte que la silhouette le pointait, lui. Ses doigts étaient colorés d'un rouge anormal, et ses cheveux chatoyaient de la même teinte.

Heeseung ?

Et l'image aussitôt disparut, laissant place à la forêt dans laquelle il semblait courir précipitamment, la gorge lacérée par les larmes et l'angoisse. Ni-ki ne sentait que ça : les larmes et l'angoisse. Pas de vent frais s'abattant sur son visage, ni de senteur végétale, ni ses pas fouettant les plantes. Il trouva soudainement la sortie et vit Jungwon, languissant sous le soleil de feu, le visage étonnamment calme.

Ni-ki eut envie de lui crier de partir, de s'empresser de le secourir. Mais plus rien ne fonctionnait en lui. Ses yeux continuaient de produire des larmes à flot, sa gorge comprimée l'empêchait de respirer. Et ses pupilles restèrent bloquées sur son meilleur ami dont la peau se fit avaler en millions de minuscules fragments par la brise.

Ni-ki voyait Jungwon disparaître en cendres, sans même qu'il ne puisse articuler un seul mot, sans même qu'il ne puisse bouger un seul doigt. Et lorsqu'il ne resta plus rien de son meilleur ami, le vide l'envahit de nouveau et un voile noir lui cacha la vue, bien que chaque fraction de seconde de la destruction de Jungwon repassa en boucle dans sa tête.

Le réveil de Ni-ki ne fut pas brutal. Il fut lent et douloureux. Ces instants cauchemardesques avaient semblé si réels qu'il finit par sangloter pendant quelques minutes après s'être rassis contre le mur froid de la pièce vide.

Des cauchemars, il en avait fait beaucoup étant petit. Mais jamais aussi désastreux que celui-là.

Il agrippa ses mains à ses cheveux. Il était digne d'être emprisonné. Peut-être bien que s'il n'était pas réduit à la solitude de cette pièce vide, ses amis seraient en danger constant. Non pas seulement parce qu'il y aurait un monstre parmi eux mais parce qu'ils condamneraient Ni-ki à vie à cause de sa bestialité, même avec l'infime éclat d'humanité qui brillait encore dans son cœur.

C'est ça. Ni-ki ne serait plus qu'un monstre aux yeux de ses propres amis.


Les jours qui suivirent, l'adolescent se réveilla – sans jamais avoir été consciemment transporté par qui que ce soit - dans une pièce bien différente : les murs étaient d'un blanc immaculé et le plafond laissait pénétrer la lumière absolument partout, comme des stores vénitiens.

Il fut d'ailleurs agréablement surpris de voir que cette lumière-là ne le brûlait pas. Il suggéra que ce n'était pas la même que celle du précédent endroit. Il en fut drôlement soulagé et commença à croire qu'il n'était pas voué à mourir ici.

Cette pièce-là n'était pas vide : une barre en bois était accrochée sur toute la longueur d'un mur et un petit banc se tenait seul au fond de la salle. Un jour il fut soudain touché par un souvenir d'une vieille passion, celle qui lui donnait des ailes, qui le détachait du monde l'espace de quelques instants, qui le rendait éperdument comblé : la danse.

Il se remémora toutes ces heures qu'il avait passées à observer les cours de danse classique des petites filles dans un coin indiscernable de la salle, à les envier assidûment de jour en jour. Il se souvint aussi des paroles de la professeure de danse et de Miss Ellie : « Tu es un garçon et tu es bien trop jeune pour commencer la danse ».

Tu es un garçon.

« Et alors ! » avait-il crié, sans même attendre de réponse. « Moi aussi je veux danser ! ». Il s'était défendu comme jamais il n'avait eu à le faire durant son enfance. Ce jour-là, il apprit que seules les âmes bornées pouvaient obtenir ce qu'elles voulaient : il n'avait pas arrêté de revenir chaque jour pour protester. Seulement, c'était grâce à Heeseung. Si son aîné n'avait pas été là pour l'encourager chaque soir à continuer ainsi, danser n'aurait plus été qu'une lointaine rêverie d'enfant. Quand il s'asseyait sur le bord de son lit en pleurant, son hyung venait toujours s'accroupir devant lui et sécher ses larmes avec ses mains chaudes et rassurantes. Il eut désespérément besoin de sa présence pour se relever et s'affirmer durant cette période.

Aujourd'hui, Heeseung n'était pas là. Pourtant, Ni-ki ressentait l'étrange besoin de s'affirmer une fois de plus, ici-même et maintenant, dans cette salle blanche et vide, inondée d'une fine et vitreuse lumière, comme pour prouver son obstination à être libre. Il voulait danser pour manifester à sa façon.

Il confronta la lumière qui l'éclairait. Il n'en pouvait plus. Il défiait du regard la chaîne qui le retenait comme les mots de la professeur de danse. Il sentait le sang bouillir dans ses veines gonflantes, tellement que son corps eut un mouvement de recul soudain.

Un claquement avait retenti dans le silence. Une souple force venait de le soulever dans les airs.

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JOYEUX NOËL, BONNE ANNéE, MEILLEURS VOEUX, GESTES BARRIèREEEEEES :DDDD

Je commence cette année 2021 par écrire un nouveau chapitre d'AoF (Arrow of Fate si c'est pas évident), le deuxième du PDV de Ni-ki !

Si vous n'avez pas bien compris le chapitre, voici un petit résumé : au tout début, quelqu'un "ausculte" les yeux de Ni-ki alors qu'il pensait dormir (d'où la lumière et l'effet de brûlure à l'acide), puis il voit Heeseung juste devant lui, dans un autre endroit (en l'occurrence l'orphelinat), puis il est dans la forêt et commence à courir jusqu'à ce qu'il voit Jungwon en train d'être réduit en cendres sous le soleil. Après cela, il se réveille et se rend compte que c'était un cauchemar. À la fin, il à prend à Ni-ki l'envie de danser comme quand il était plus jeune. Pour lui, la danse est un moyen de se libérer, de s'exprimer. C'est ainsi que lorsqu'il commence à effectuer un mouvement, il est "libéré" de ses chaînes et s'envole au sens littéral.

Mais pourquoi...? ça, c'est pour une autre fois ;)

J'ai oublié de dire qu'il y a pas mal de petites références à Let Me In dans AoF, notamment à la chorégraphie comme dans ce chapitre au moment où Ni-ki découvre que c'est Jake qui a inspecté ses yeux (Son coeur qui frappe trois fois dans sa poitrine = la partie "Will you open your wiiiiiindow").

Je vous souhaite la meilleure année 2021 possible pour vous personnellement, et on espère qu'elle sera mieux que 2020 x)

Byye :3

𝐀𝐫𝐫𝐨𝐰 𝐨𝐟 𝐅𝐚𝐭𝐞 ~ Les Hyphens [ENHYPEN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant