𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝟓𝟗. 𝔏𝔢 𝔤𝔞𝔯ç𝔬𝔫 𝔠𝔥𝔞𝔲𝔳𝔢-𝔰𝔬𝔲𝔯𝔦𝔰

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Rose donna enfin l'autorisation à Jay de procéder à la téléportation et s'assit près de Sunoo. À vrai dire, il n'avait commencé à s'impatienter que lorsque le noiraud avait dit qu'il lui faisait un peu confiance. Il le déculpabilisait complètement, contrairement à Jake. C'était assez plaisant à entendre mais aussi quelque peu inattendu de sa part.

Le blond se passa les doigts dans les cheveux, retira sa bague de son annulaire pour la passer à l'autre annulaire, puis s'accroupit pour étaler ses deux mains sur le sol crasseux. Après quelques secondes de concentration, il put sentir affluer dans ses phalanges le poids des quatre individus présents dans le sous-sol. Il lui fallut plus de temps pour trouver celui de Rose et de Sunoo.

Les vampires ne peuvent pas téléporter plus de dix personnes à la fois dont eux-mêmes, c'est-à-dire le nombre de doigts maximum qu'ils possèdent. Tout le monde doit se tenir au plus simple sur le même sol, ou au moins toucher le même mur s'il y en a un à moins de quatre ou cinq mètres. Comme Rose et Sunoo se trouvaient plus loin et sur une surface différente, c'était beaucoup plus long et compliqué de les rassembler avec les autres. D'autant plus que Jay n'avait jamais vraiment expérimenté une téléportation avec un nombre important d'individus.

Il sentit les quatre captifs bouger autour de lui.

- Mais je ne veux pas m'en aller, moi..., fit la voix de Jake.

- Qu'est-ce qu'il fait ? S'inquiéta celle de Sunghoon.

- Vous pouvez faire le deuil de votre orphelinat pendant ce temps.

« Rose, tu n'aides à rien en disant ça », faillit grogner Jay.

Mais contre toute attente, les prisonniers ne répondirent rien. Ce qui arrangea bien le blond.

Pendant ce temps, quelques petites étoiles virevoltèrent devant lui. Il portait à présent les six personnes au bout de ses doigts. Et accessoirement leur destination.

Tel était l'avantage de téléporter plusieurs personnes en même temps.

Petit à petit, l'inconscience émergea dans la pièce. Jay attendit d'être sûr et certain qu'aucune faille ne risque d'apparaître pendant la téléportation et laissa finalement son corps et celui des autres s'effacer de l'année 1946. Le tunnel de lumière les accueillit sans problème et le blond lui indiqua où les déposer.

Le tunnel était pire qu'un enfant désobéissant quand Jay a commencé à l'emprunter. Il ne tombait jamais où il voulait, peinait à revenir au point de départ même avec la précision de mots et d'images la plus précise qu'il soit... Exténué et désabusé, il avait abandonné son pouvoir jusqu'à ses seize ans, où Sunoo était venu le récupérer. Et pendant trois ans consécutifs, il l'avait aguerri pour qu'il ne fasse qu'un avec sa faculté.

Les premières fois, il atterrissait également comme un oiseau mort en plein vol. Après de longs entraînements, de prises de conscience et de changements de techniques, il était maintenant capable de se réveiller sans chute.

Ce fut donc dans la vieille cabane en bois et grâce aux rayons blafards du soleil qu'il s'éveilla. Comme il l'avait demandé, la lumière ne le frappait pas directement au visage. En forêt, la chance qu'il se fasse brûler vif était minime grâce à l'ombre des arbres. En revanche, rester plus d'une demi-heure dans les champs ou d'autres lieux exposés ouvertement au soleil était mortel. C'est pour cela que l'orphelinat leur avait semblé être la place parfaite, tranquille et réaliste.

Jay essuya les larmes qui avaient inondé ses joues comme à chaque fois qu'il dormait. Il se pencha, s'approcha de la minuscule fenêtre à l'autre bout de la cabane et poussa le morceau de tissu qui la couvrait, et vit au travers Sunoo, replié dans fauteuil dans des vêtements plus 'modernes' – soit une veste en jean trouée, un pantalon noir et des baskets noires et blanches pour les gens du vingt-et-unième siècle. Il somnolait encore. Quoique... en regardant plus attentivement on pouvait distinguer ses yeux clignant lentement. Il paraissait s'être réveillé avant le blond mais il n'avait visiblement pas envie de bouger.

𝐀𝐫𝐫𝐨𝐰 𝐨𝐟 𝐅𝐚𝐭𝐞 ~ Les Hyphens [ENHYPEN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant