𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝟔𝟗. 𝔏à 𝔬ù 𝔩𝔢 𝔰𝔬𝔩𝔢𝔦𝔩 𝔰'𝔢𝔣𝔣𝔞ç𝔞

170 26 35
                                    

Ͽ ⸻⸻⸻『』⸻⸻⸻ Ͼ

 Brusquement, une ligne de lumière déchira les nuages pendant une seconde. De chaleureux et léger, le ciel devint vineux et lourd. Une bourrasque aplatit les arbres au même moment où le son d'un coup de tonnerre brisa le silence. Comme si l'éclipse les avait appelés, ils se sentirent tous attirés par ce phénomène spectaculaire qui semblait n'avoir existé que par conséquence de leur propre existence.

Ils étaient liés. Plus qu'à la nature où à eux-mêmes, ensemble. Ils avaient l'impression d'entrer dans le ciel et de sonder la terre comme s'il n'y avait plus qu'eux entre les deux.

Tout devenait clair, enfin presque : là où le soleil s'effaça, un monde s'ouvrit à eux.

Jungwon était étourdi. Autour de lui les arbres bougeaient de place en ondulant comme des serpents, le ciel rouge roulait à une vitesse folle, s'assombrissait toujours plus et étouffait l'éclipse. Toutes les lumières et reflets fuyaient sous ses yeux. Plusieurs odeurs inconnues vinrent heurter celles qu'il connaissait. Quand il se crut tomber en arrière, un vent chaud le poussa doucement dans le dos, ce qui eut pour effet de le maintenir debout. Et heureusement, en même temps, tout ralentit enfin.

De grands et maigres arbres les entouraient et un groupe de formes noires et rapides comme l'éclair virevoltaient dans tous les sens. Seul le bruit de leurs petites ailes résonnaient, elles demeuraient gracieusement silencieuses. Des particules pâles se déplaçaient en chœur vers leur gauche dans une trajectoire constante. Les pieds des garçons s'enfonçaient dans une terre noire et humide ou nulle plante n'y émergeait.

Attendez... Ils s'enfonçaient vraiment !

Le sol se dérobait sous eux. Ils faillirent tous perdre l'équilibre mais réussirent à se tenir les uns aux autres. En jetant un coup d'œil derrière lui, Jungwon vit que Jay était accroupi à quelques mètres d'eux, la main sur le sol et les yeux rivés là où la terre s'affaissait. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que c'était le blond qui faisait ça.

« S'ils peuvent nous téléporter, nous hypnotiser, modeler la terre... », songea le brun en déglutissant, « ils peuvent nous contrôler à leur guise.

Et ils l'ont déjà fait. »

Cette pensée ne voulut plus quitter sa tête. Combien de fois l'avaient-ils manipulé ou contrôlé ? Ses doigts se raidirent. Par réflexe, il se tourna vers Heeseung et vit que le rouge sang avait le regard posé sur lui. Lorsque leurs yeux se croisèrent, ils purent rapidement y lire leur crainte mutuelle.

La terre forma des escaliers descendant vers les ténèbres loin devant eux. Il semblait que le chemin avait déjà été creusé depuis un moment. Sunghoon s'y avança le premier, suivi de Sunoo et des autres. Rose fermait la marche. Ils descendirent à plusieurs mètres de profondeur, éclairés par de petites bougies qui donnaient une teinte rougeâtre aux murs de terre. Une froide humidité collait à leurs vêtements.

L'atmosphère ici oppressait un peu Jungwon. Elle était tiède et glissait sur sa peau et cet accueil le dégoûtait. Ils étaient huit mais il avait l'impression que quelque chose les suivait, les surveillait.

Le passage se faisait petit à petit plus grand et propre, avec des blocs de pierre installés dans la terre sûrement dans le but qu'elle ne s'effondre pas. Au bout de quelques secondes, ils passèrent devant une porte en bois poussiéreux à leur gauche. Sunoo y entra le premier. À l'intérieur, ils furent surpris de voir qu'ils n'avaient pas atterri dans un bunker crasseux mais bel et bien une grande pièce entretenue et décorée comme celles de l'orphelinat – bien que celle-ci était clairement plus embellie. Jungwon s'attendait à voir des objets insolites – comme des trucs de sorciers ou des têtes empaillées, qui sait ? – mais la réalité fut que tout ressemblait à ce qu'il connaissait déjà : des meubles sombres et sculptés avec raffinement sur lesquels des verres et des assiettes ornées se reposaient, des toiles de dentelle pourpre suspendues les murs, quelques tableaux de peinture abstraite, le parquet luisant couvert d'un tapis de velours... Une table ronde nappée d'un voile similaire à ceux sur les murs résidait un peu à gauche, et un canapé noir et quelques fauteuils étaient réunis un peu plus à droite.

𝐀𝐫𝐫𝐨𝐰 𝐨𝐟 𝐅𝐚𝐭𝐞 ~ Les Hyphens [ENHYPEN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant