CHAPITRE 16

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Nayati.

Bon, d'accord.

J'ai peut-être un crush sur Ajay, et il a définitivement un crush sur moi.

Je l'aperçois avec ses amis en train de manger des sandwichs sur la pelouse de la cour. Ils m'adressent un sourire en me voyant et Ajay dépose sa veste à ses côtés. J'imagine que c'est pour que je puisse m'asseoir sans tâcher mes vêtements avec la terre, donc je le prends comme une incitation à venir à ses côtés.

Plusieurs discussions ont lieu en même temps. Sébastian et Alex semblent raconter des anecdotes sur leur enfance, mais je décide de ne pas les rejoindre par peur d'être intrusif. Théo parle d'un prof qu'ils ont en commun et Ajay l'écoute en faisant des remarques de temps en temps.

Je me concentre sur Ajay et ignore les discussions qui deviennent un brouhaha imprécis. Je sais pas trop ce que je fais ici, et pourquoi je me sens autant à l'aise avec une personne que je connais depuis si peu de temps.

J'attire son attention en tapotant son épaule. Il se retourne et me demande à voix basse ce qu'il y a.

"Ça te dirais de sortir ce week-end ?"

Il sourit, probablement étonné de ma proposition.
"Tous les deux ?
- Oui, enfin, si ça te dérange pas.
- Non, ça serait super."

Ajay.
Samedi.

On s'est envoyé plusieurs messages avec Nayati pour conclure notre sortie. On s'est mis d'accord pour faire de la randonnée en montagne et y dormir une nuit.

Je suis arrivé un peu tôt au lieu de rendez-vous et attends avec impatience. Je m'attendais pas à ce qu'il propose qu'on passe du temps ensemble. J'ai toujours eu l'impression que notre relation était un peu à sens unique, que je me faisais des idées, donc ça me rassure. Mais il faut pas que je m'emporte non plus.

Nayati arrive au loin et je le salue de la main. Il porte plus d'affaires que moi, et même s'il avait insisté pour amener la tente je me sens un peu mal. Il engage la conversation, un peu essoufflé,
"Désolé, t'as attendu longtemps ?
- Non, à peine dix minutes."

On s'échange un sourire bancale. Pour je ne sais quelle raison, on semble tous les deux gênés. Il reprend,
"Le plateau au sommet doit être un bon endroit pour poser la tente."

J'hoche la tête et il passe à côté de moi en me bousculant l'épaule, lançant un regard joueur en se retournant.

Le soleil tape mais le vent constant rend la chaleur acceptable. Sur le chemin on parle de tout et de rien et la gêne du début part naturellement. Nayati me parle de sa petite sœur qui va rentrer en CE2, puis de son père qui est parti en voyage pour son travail. Je lui raconte à mon tour mon enfance, l'absence de mon père et des histoires à la con.

Avec un bon rythme et des pauses régulières, on atteint le sommet vers dix-huit heures.

"Enfin !", il soupire, épuisé, et s'allonge sur l'herbe. C'est une plaine dégagée, on a une vue sur le village d'en bas. Quelques maisons sont parsemées dans la montagne ici et là. C'est un endroit assez éloigné, la plupart n'auraient pas envie d'y vivre mais je comprends l'attrait.

Nayati.

On se laisse souffler une seconde. Je retire la tente que je transportais pour aller l'installer tranquillement.

Pendant ce temps, Ajay part chercher du bois pour faire un feu. Une fois qu'on a tout préparé, on se pose près du feu pour respirer. Ajay est essoufflé mais il commence quand-même à parler,
- Pourquoi tu voulais faire du camping ? J'aurais pas pensé que c'était ton style."

Je prend le temps de réfléchir à sa question,
"C'est une activité que je peux faire sans être dérangé. Ça me fait du bien, d'être seul au milieu de la nature, me déconnecter.
- Et pourquoi avec moi ? Pourquoi maintenant ?
- T'as beaucoup de questions dis-moi."

Je lui souris et il le fait en retour, mais attends toujours une réponse de ma part.
"Je sais pas, je voulais juste partager ça avec toi."

Ça a toujours été quelque chose de special pour moi, d'habitude je deteste le fait de faire de la randonnée avec quelqu'un, ça finit toujours par me taper sur les nerfs alors que c'est censé être un moment de détente. Avec ajay c'est différent. J'avais envie de rassembler deux choses que j'aime, partager ce moment avec lui.

Il sourit en regardant le bois brûler, et me permet de l'observer. Je ne prends pas souvent le temps de réellement regarder mon entourage.

Mais à ce moment, son expression est belle. La nuit a déjà commencé à tomber, le feu l'éclaire à son avantage. On voit l'ombre de petites gouttes de sueur qui descendent le long de sa tempe. Je descend un peu plus bas et voit sa paume d'adam monter et descendre lorsqu'il avale sa salive. Ses yeux croisent les miens, je les baisse immédiatement. Il ne dit rien, moi non plus.

Je prends une boite de nouilles et y verse dedans l'eau chauffée par le feu. Je n'ose pas lever le regard, par peur de croiser le sien. Je sais qu'il me regarde, ses yeux me brûlent la peau. Chaque mouvement que je fais est analysé, j'oublie comment respirer.

Je l'entends bouger, l'herbe se plie sous ses mains. Il se penche vers moi, et dépose ses lèvres contre ma joue. Mes poils s'hérissent, un frisson parcourt mon dos et je manque de faire tomber les nouilles sur l'herbe.

Il passe ses doigts entre mes cheveux. Mon souffle s'accélère et mon cœur bat un peu trop rapidement.

Avec ce qui donne l'impression d'être tout le courage et l'énergie qu'il me reste, je me retourne vers lui. Nos yeux se croisent enfin, les siens son vif et excités, et même s'il essaie de le cacher je peux y apercevoir un fond d'anxiété.

Je louche brièvement sur ses lèvres, puis relève mes yeux vers les siens. Je ne pensais pas pouvoir me sentir autant intimidé par lui, mais je pourrais faire tout ce qu'il me demande à cet instant.

C'est rapide, mais je le surprend à regarder mes lèvres également. Je prend son visage d'une main peu assurée, et me rapproche encore de lui. Nos bouches s'effleurent, puis je m'arrête et il fait de même. On laisse une seconde se passer, juste pour être sur de ce qui est en train d'arriver.

Et puis ça y est, il m'entraine dans un baiser. Je me rapproche encore pour me mettre au dessus de lui. Nos lèvres bougent dans une cadence douce et lente, les siennes ont un goût chaud et sucré. On s'arrête une seconde pour souffler, et avant que je ne m'avance de nouveau il m'arrête dans mon élan. Ajay me regarde sans rien dire, je brise le silence,
"Tu regrettes ?"

...

Toi et Moi [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant