CHAPITRE 4

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Ajay.
Quelques jours plus tard.

Toujours avec le même trio d'idiots, on s'installe à une table de la cantine pour la pause midi. On est à peine installés qu'ils commencent à se jeter le contenu du plat des uns sur les autres en rigolant.

Au menu ; choucroute. Autant vous dire que se retrouver avec des bouts de saucisses et de choux dans les cheveux n'est pas vraiment au top de mes fantasmes. Je suis tout de même leur délire, parce que c'est marrant.

Je prend ma cuillère et pose un bout de saucisse dessus, pour faire un missile. Je tiens le manche fermement et exerce une pression sur le bout rond pour le lâcher, espérant toucher Alex.

Je n'ai apparemment pas dosé ma force en voyant ma saucisse traverser la salle et foncer dans l'œil d'un élève, faisant tomber son plateau par la même occasion. Je me lève pour regarder qui j'ai percuté, appréhensif.

Roulement de tambours... Nayati.

La malchance ne m'étonne même plus. Je me rassoie rapidement et me mord la lèvre anxieusement en espérant qu'il ne me voit pas. Je l'observe discrètement parcourir la cantine des yeux, espérant trouver le coupable. Il doit sûrement comprendre que c'est moi, sachant que les trois autres explosent de rire en même temps. Il fronce les yeux et avance vers moi d'un pas pressé. Je panique, pensant qu'il vient pour me frapper, mais rien ne vient.

Il dirige sa main vers le pichet qui trônait sur la table et en déverse une partie au dessus de ma tête. C'est de bonne guerre, "Ça tombe bien je me suis pas lavé les cheveux ce matin."

Il lève les yeux au ciel, sourit, puis vole la compote que j'avais et retourne au près de son groupe d'amis. Je roule à mon tour les yeux et retourne à mon plat de choucroute.
"Y'a de l'amour dans l'air."

Le regard noir que je jette à Alex arrive presque à lui faire regretter d'avoir dit ça. Mais rien n'arriverait à lui ôter son sourire d'éternel idiot.

Mes yeux font des allés retours entre Nayati et mon plat sans que je m'en rende compte. Après quelques minutes, il intercepte mon regard et m'adresse un sourire sournois, arrivant a me couper l'envie de le fixer.

Théo.
Plus tard.

La sonnerie de seize heure sonne enfin, j'attends Ajay devant sa classe depuis environ quinze minutes. La porte de sa salle s'ouvre et il est le premier à en sortir. Il marche rapidement vers les escaliers et ne semble pas me voir donc je crie dans sa direction,
"Ajay !"

Il se retourne vers moi les bras ballants et lève les yeux d'un air blasé, montrant son agacement. Je sais que son bus est assez serré avec son emploi du temps donc je ne lui en tiens pas rigueur.
"Quoi ? Je suis pressé.
- On se demandait juste avec les gars si ça te dirais qu'on sorte ce soir ?"

Il semble réfléchir et se remet à marcher, m'incitant à le suivre d'un pas rapide.
"Normalement je suis libre, pour aller où ?
- Je sais pas, on pourrait se promèner dans les rues, faire deux trois b-
- Ok ok, à ce soir.", Il me coupe la parole et me fait un check avant de détaler aussitôt. Ça s'est mieux passé que ce que je pensais.

Alex.
Le soir même.

Coup d'oeil rapide à mon portable : une heure du matin. Sebastian est parti draguer les filles du bar pendant que je reste assise à siroter ma limonade. Je ne tiens pas assez l'alcool pour me permettre un écart, et j'ai promis aux garçons de pas faire de connerie.

Alors je reste dans mon coin, comme une gamine perturbée, à observer Sebastian du coin de l'oeil. J'ai même entendu des remarques de la table à côté disant que j'avais l'air d'une creep. Mais bon, j'ai l'habitude. Je suis introvertie et je regarde mal, évidemment que je vais pas faire bonne impression.

Une main vient frapper fortement sur ma table, et en relevant les yeux je tombe sur un Théo complètement torché. Sebastian est celui qui nous paie les boissons, car il a l'avantage d'avoir de l'argent et une carte d'identité valable. L'alcool rend les gestes de Théo encore plus erratiques et ses épaules se contractent presque constamment.

Il se penche vers moi et élève sa voix un peu trop fort dans mon oreille, au-dessus de la musique tambourinant nos tympans,
"Il est où Aj' ?!
- Je croyais que vous étiez allés aux toilettes ensemble."

Ses yeux se baladent tout au tour du bar à la recherche de Ajay, puis reviennent sur moi.
"Tu crois qu'il est rentré chez lui ?"

J'hausse les épaules d'un geste désinvolte, "Aucune idée, essaie de l'appeler."

Il forme un rond avec son index et son pouce accompagné d'un furtif clin d'œil, puis se faufile à travers le bar pour rejoindre la sortie.

Mes yeux viennent se replonger dans mon verre à moitié vide lorsqu'une autre présence s'assoie sur la même banquette en cuir rouge que je monopolise depuis le début de la soirée. Nos deux sourires s'accordent à l'unisson quand nos regards se rencontrent.

"Lars !
- Je pensais pas te croiser ici ! Ça fait un bail qu'on s'est pas vu, comment tu vas ?"

La discussion banale que j'entretiens avec Lars arrive à rendre cette soirée un peu moins merdique, mais je commence à être fatiguée.
"Désolé, je dois y aller je suis crevée, on se voit plus tard ?
- Pas de soucis, bonne soirée ! Faudra qu'on refasse ça, ça m'a vraiment fait plaisir de te voir tu m'avais manqué."

Je lui sourit et me lève finalement pour aller voir Sebastian qui est resté au bar. Nos yeux se croisent avant qu'il ne détourne le regard, presque agacé. Il nous regardait ?

En passant derrière lui, je me penche au-dessus de son épaule pour atteindre son oreille, essayant de me faire entendre par-dessus la musique bruyante, "Je crois que je vais y aller !"

Il ne se donne même pas la peine de se retourner et effectue un petit geste de la main, se rapprochant presque d'un au revoir. C'est ça, continue de flirter et ignore moi.

La foule se bouscule sur moi pendant que j'essaie de sortir de la boîte, et je manque de tomber en glissant sur un liquide, probablement de l'alcool. Une main appuie mon épaule et me rattrape habilement, m'évitant de tomber en arrière, et en me retournant je tombe finalement sur Ajay.
"T'étais passé où ?! On te cherchait !"

Ajay regarde aux alentours, ayant l'air d'être submergé par le bruit et les couleurs, et me crie en retour, "J'étais aux toilettes, on peut y aller !"

Il évite mon regard et fixe le sol. Son air fatigué et l'odeur qu'il dégage m'indique qu'il était probablement en train de vomir, "Ça va Aj' ?
- Ouais, ouais."

Il prend mon bras et m'entraîne en dehors de la boîte, où on tombe nez à nez avec Théo.
"Ah t'es là ! Ça va mec ? T'as pas l'air bien.
- Je vais bien, appelle un taxi."

Nous attendons une quinzaine de minutes dans la rue jusqu'à l'arrivée de notre Uber. Le trajet s'effectue en silence, jusqu'à mon arrêt où je salut les gars et rentre finalement chez moi. Soirée de merde.

...

Toi et Moi [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant