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Le souvenir de cette soirée froide de Janvier me revint lorsque je touchai sa peau après bientôt deux ans, pendant lesquels il devait avoir oublié mon existence. J'aurais dû oublier la sienne aussi, mais je doute que cella me soit possible un jour.
J'avais dix-neuf ans à l'époque de cette souvenance lointaine de deux longues années, tout comme lui. Nous devions être un Vendredi ou un Samedi soir. Il faisait froid, je me souvenais particulièrement de ce détail car le brun m'avait prêté son manteau en plus d'avoir allumé le chauffage de sa voiture. Nous étions dans cette dernière, c'était un model ni trop vieux ni trop récent, il n'avait de toute façon pas besoin de plus.
La voiture sentait son parfum, le même qu'il dosait toujours parfaitement bien sans même faire d'efforts. Contrairement à ce que je pensais la banquette arrière comme avant étaient parfaitement propres, mis à part deux-trois papiers par-ci par-là.
L'Épiphanie était passée depuis quelques jours maintenant et partager le reste de la galette que j'avais acheté pour l'occasion avec lui me semblait une bonne idée. Nous nous étions donc retrouvés dans la voiture de Suna un soir de Janvier particulièrement froid, pour finalement manger de la galette. Tout ça sous prétexte que le brun avait envie de me voir. Il était vrai que, moi aussi, je voulais le voir, mais là n'était pas le sujet.
La musique jouait en Bluetooth sur l'enceinte transportable de mon ami. Nous riions et nous nous taquinions tout en parlant de sujets divers et variés. Et ce jusqu'à ce que les parties de cartes, que j'avais moi-même pris soin d'emmener, furent épuisées et que nos lèvres furent sèches à force de parler.
Le silence s'était installé dans la voiture mais il n'était pas gênant. C'était un silence regroupant les paroles de la chanson jouant en fond, nos respirations, le vent tapant contre les fenêtres et le bruit léger de nos mouvements.
Alors que nous croquions tous les deux dans la part de galette que nous avions pris un peu avant, mes dents heurtèrent quelque chose de dur. Je baissai les yeux vers le gâteau et aperçu la fève tant attendue coincée entre les couches de pâte. Je regardai Suna avec un grand sourire en lui montrant le petit objet en verre entre mon pouce et mon indexe. Ses yeux s'écarquillèrent et il soupira, vaincu.
- Je pensais enfin avoir la chance d'imposer ma monarchie mais il faut croire que ça sera pour plus tard, se plaignit-il
- Dommage, lui souris-je toute contente.
J'avais conscience que je ressemblais à une enfant en étant si heureuse pour une simple fève dans une galette, mais ça m'importait peu. Et je dois avouer que je n'en avait encore plus rien à faire après que Suna ait ajouté :
- T'es mignonne quand t'es heureuse comme ça, je rougis après ses dires et crus bien voir un semblant de sourire en coin au bord de ses lèvres.
Une musique quelconque passait mais nous ne nous en préoccupions gère. Sur le muret en face, un chat passa. Il était blanc, son pelage contrastant avec le sombre de la nuit était éclairé par un lampadaire défaillant. La lumière jaunâtre qu'il produisait attirait naturellement tous ces insectes volants que j'avais en horreur. Mais cette nuit là il n'y avait même pas une araignée.
Je regardai l'animal passer avec une agilité qui lui était propre. Suna avala une gorgée de sa cannette de Monster en regardant devant lui. Je me faisais violence pour ne pas laisser mes yeux glisser sur son profil et sa pomme d'Adam.
- Tu dois choisir un roi maintenant, ou une reine si tu préfères, me rappela Suna. Le fait qu'il prête attention à ce petit détail de la tradition me fit sourire.
J'attrapai sa cannette en tendant mon bras, même si, en vérité, Suna l'avait apporté à ma main. J'approchai le bord de mes lèvres et en bu une gorgée à mon tour. Les yeux de Suna suivaient mes mouvements alors que les miens étaient toujours posés sur le muret devant moi.
- Me ferais-tu l'honneur de bien vouloir gouverner avec moi en devenant mon roi ? Demandai-je en souriant.
Le brun attrapa ma main et déposa un baiser furtif sur le dos de cette dernière. Il installa la couronne en carton sur le haut de ma tête. Nos yeux se croisèrent et je pouffai de rire. Sa main était encore sur la mienne, ses bagues métalliques froides sur ma peau.
- Avec plaisir gente dame, vous laisser vous battre seule contre le monde serait un affront que je ne pourrais corriger, je levai mes yeux au ciel en soufflant d'amusement.
Maintenant couronnée reine j'attrapai le téléphone de Suna pour changer de musique. Son code étant composé de quatre chiffres je tapai ceux de ma date de naissance pour taquiner le brun si ce n'était pas ça, mais lorsque j'eus fini, l'appareil se déverrouilla. Je jetai un regard en coin à Suna qui observait le parking de par la fenêtre. Je souris et changeai la chanson tournant actuellement pour la remplacer par une cover de Bubble Pop Electric de Gwen Stefani.
Je commençai à chanter doucement, ne voulant pas trop me faire entendre par Suna, même s'il n'y avait que lui et moi dans la voiture.
- Tonight I'm gonna give you all my love in the backseat, bubble, pop, electric, chantai-je sans prêter grande attention aux paroles.
Je tendis la main pour prendre la cannette du brun mais ce dernier l'éloigna de moi. Je le regardai en fronçant les sourcils et je compris bien vite que j'avais fait une bêtise pour qu'il me regarde comme ça. Ce sourire carnassier qu'il avait aux lèvres était de ces expressions que je ne pouvais pas supporter. J'avais l'impression d'être petite et vulnérable face à cet air malicieux. Mais cette fois-ci il y avait quelque chose de différent dont je n'avais pas encore pris conscience.
- Tiens ta parole et fais plutôt ce que tu viens de dire avant de piquer dans ma boisson, me lança Suna.
Sa langue passa sur ses lèvres et je compris, ce qui ne lui échappa pas puisque le rouge me montait aux joues. Je me repris et tentai d'aborder à nouveau un air confiant. Je lançai une playlist lofi, passant d'une ambiance joyeuse à quelque chose plus calme et posé. Je me hissai avec peu de difficultés sur la banquette arrière et fis signe au brun de me rejoindre.
- Attend... Tu étais sérieuse ? Me demanda-t-il, les yeux écarquillés.
- J'ai dix-neuf ans, il serait temps que je le sois, non ? Le taquinai-je.
Suna se glissa à son tour à l'arrière de la voiture avec aisance. Son corps au dessus de moi me parut envoyer des ondes de chaleur sur le mien. Mes yeux l'inspectaient en entier, sa langue passant une nouvelle fois sur ses fines lèvres, ses cheveux dont s'échappaient quelques mèches rebelles, la couleur de sa peau seulement éclairée par la lumière de la Lune et des lampadaires dehors, la façon dont ses yeux fatigués le rendaient terriblement attirant ainsi que ses mains blanches et ses doigts décorés de bagues froides courant sur ma peau.
En sentant ses lippes se déposer en baisers sur la peau blanche de mon cou pour parfois y laisser des traces violacées, je n'avais plus froid. C'était même tout le contraire. Le bruit de l'après-minuit n'existait plus, sur ce parking désert il me semblait qu'il n'y avait que nos respirations et son souffle saccadé contre ma poitrine.
Dans le noir de la nuit, nos corps se heurtaient à l'amour. Et ce pendant de longues minutes entrecoupées de grognement rauques et du froissement de nos silhouettes fatiguées.
Maintenant j'étais là, lui attrapant le bras en plein milieu de la rue. Et vu les cernes pareilles aux miennes sous ses yeux, lui aussi se rappelait du bruissement de nos ébats d'il y a deux ans.
je suis plutôt fière de celui-ci (surtout de la fin que je trouve très poétique) donc je vous le poste maintenant en sachant que lire vos commentaires réussira à me faire sourire après toutes mes péripéties de téléphone (ceux qui ont vu le message sur mon mur comprendront mdrr) bref, prenez soin de vous, c'est important <3
