Je n'étais pas la personne concernée ici. J'étais spectatrice d'un rêve qui ne me concernait pas. Ou alors, c'est mon esprit qui m'envoie d'étranges métaphores de mes sentiments que je refoule. En tout cas, cela fut un bon moment, vraiment. D'ailleurs, ce dont je vais parler est le seul moment que j'ai retenu de ce songe à la fois farfelu et tranquille.
Une femme dort dans une grande chambre violette, dans un grand lit bleu profond, c'est la nuit. Elle est grande et ses longs cheveux noirs tombent de son vaste lit. Elle dort profondément.
Sa fenêtre s'ouvre. À travers les rideaux opalescents, une silhouette sombre s'introduit dans la chambre. C'est un homme apparemment, grand, les yeux noirs et le visage cagoulé. Ses habits sont aussi sombres que son regard et dans sa main, il a un pistolet. Il regarde le lit.
Tout en s'approchant, sa tête se transforme, elle devient celle d'un lion à la crinière impressionnante, bleue et violette comme la nuit. Il vient pour tuer, c'est son devoir, c'est sa nature.
La bête.
Il s'approche doucement, son pas de velours frôle à peine le sol, son arme est chargée. Il s'approche de la tête de lit, là où les cheveux de la femme coulent abondamment. Il ne peut s'empêcher de se dire que c'est dommage de devoir tuer une si belle créature, avec ce visage serein, ces lèvres pleines et douces, ces longs cils courbés qui cachent des yeux immenses. Il est tenté de lui toucher le visage, cette pensée l'excite, mais sa mort doit l'exciter davantage.
"Que faites-vous là ?", dit la femme.
Ses yeux sont ouverts. Sombres comme ses cheveux, comme la chambre, comme la nuit bleue qui éclaire la pièce de sa Lune froide et blanche. L'homme recule, surpris, puis son instinct féroce reprend le dessus et il montre des crocs luisants. Son pistolet est pointé vers la femme, mais il ne tire pas.
Elle se lève. Il la voit debout sur le lit, nue. Ses yeux sont ennuyés.
"Vous me dérangez."
Mais elle ne lui dit pas de partir. Curieusement, elle avance, descend du lit avec légèreté, s'approche de l'intrus. Il ne tire pas.
L'homme ferme la gueule, stupéfait. La femme vient l'embrasser. Le pistolet tombe. Elle l'entraîne vers le lit. Lui arrache ses vêtements. Goûte sa peau. Mord sa chair. Griffe son corps.
La bête.
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Rêves
FantasyIl y a dans ce recueil les rêves que mon imagination torturée aime inventer lorsque je suis engluée par le sommeil. Certains sont étranges, idiots, horribles, tristes, géniaux, superbes, ce sont des rêves. Plein de rêves.