Le vide

7 1 0
                                    


Nous sommes tous les deux dans cette ville blanche. Le souffle du vent et le soupir de l'horizon sont les seuls sons qui troublent notre course. Je suis heureuse de te retrouver. Toi aussi.

On se dirige vers une grande maison blanche, vers un couloir blanc, vers une chambre blanche. Tout est blanc, encore les draps, encore le sol et les rideaux. Tu me prends la main. Tu es si timide. Je t'embrasse.

Tu me portes dans ce grand lit de cette grande chambre. On s'embrasse sur les lèvres à plusieurs reprises, comme les enfants qui imitent les adultes. Je veux briser cette barrière chaste par le bout de ma langue mais tu hésites. Je le sens, tu le veux aussi. Pourquoi alors hésiter ?

Tu me serres dans tes bras. Tu as peur. Et si nous ne pouvions pas nous rencontrer ? Et si le temps nous lassait l'un.e de l'autre ? Et si nous nous trompions à propos de l'autre ?

Tu ne veux pas disparaître. C'est un rêve, ça ne dure pas. Puis je réalise.

C'est mon rêve, pas le tien. Ce n'est pas toi qui a peur de disparaître, qui a peur que nous ne puissions jamais nous aimer en vrai. C'est moi. Je te serre dans mes bras car j'ai peur. Je m'accroche à ces bribes de toi que j'imagine, à ces sens que je souhaites exalter, à cette envie de plonger pour de vrai dans tes yeux fatigués et inquiets. Oh je ressens tant à ton égard, rien ne va, mes rêves deviennent mon désespoir, c'est un tourbillon de promesses et de craintes infondées qui me caressent de façon si tortureuse. Je te veux tant.

Et puis tu disparais.



Le vide est si grand.



RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant