Chapitre 9 : "Etais-je heureux ?"

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Drago se contentait de la regarder, elle semblait nerveuse et ne cessait de tripoter ses doigts entre eux. La rendait –il si mal à l'aise que ça ? Elle n'osait remonter ses yeux, certes, il ne devait pas être très agréable à regarder, mais quand même. Il s'en était pourtant remarquablement bien sorti. Une entorse à la cheville et une luxation de l'épaule droite et de nombreux hématomes au visage.

_ Pourquoi es-tu venue ? lui demanda-t-il alors d'une voix douce, mais dénuée d'émotion...comme d'habitude.

_ Pour te voir.

_ Pourquoi ?

Parce qu'il lui manquait ? Parce que leurs conversations nocturnes lui manquaient ? Parce qu'elle voulait toucher cette peau blanche comme la nacre ? Parce qu'elle l'aimait ? Du moins le pensait-elle.

_ Pour être certaine que tu allais bien, c'est tout, mais en aucun cas je n'ai voulu te déranger je...

_ Merci, la coupa-t-il, ta présence me fait plaisir.

Il se rassit plus confortablement sur le lit et continua de la contempler. Il soupira lourdement ensuite, ce qui eut don de faire sortir Astoria de ses pensées.

_ Qui a-t-il ? Tu as mal quelque part ? s'affola- t- elle.

Les yeux de Drago se mirent à pétiller d'amusement.

_ Je suis désolé Astoria, pour beaucoup de choses d'ailleurs, mais je voulais que tu comprennes que si tu restais à mes côtés, ces saletés d'élèves voudraient s'en prendre à toi uniquement parce que ce serait drôle de le faire.

_ Je sais, souffla-t-elle.

_ Et...ta sœur n'est pas très commode quand ceux qu'elle aime sont « menacés ».

_ Je me fiche de l'avis de Daphné ! Et tu n'es pas une menace.

Cette simple phrase, pourtant vraie, lui fit mal. Elle était loin, très loin de savoir ce qu'il avait fait dans sa vie. À présent il n'était plus une menace, car personne ne lui dicterait quoique ce soit, mais avant... avant il était sous le joug de Voldemort et par peur il avait obéi.

Astoria avait de la chance de le connaître maintenant, le Lord s'était amusé à détruire tous ceux qu'il aimait et s'il l'avait connue à cette période... Merlin seul savait ce qu'il aurait été capable de lui faire.

_ Pardonne-moi pour tout.

Ces quelques mots se perdirent quelques secondes dans le silence absolu de l'infirmerie. Astoria cligna quelques fois des yeux, mais se reprit en lui arborant un magnifique sourire.

_ Je ne t'en veux pas, tu avais tes raisons. De bonnes raisons cependant je suis assez grande pour me défendre toute seule et aussi assumer mes choix. Je n'ai jamais vu en toi le monstre que tous croient que tu es et je sais que jadis tu étais un petit garçon très souriant et intrépide.

_ Comment ça ? Pourquoi dis-tu ça ?

_ Je n'ai pas osé t'en parler avant, car je voyais bien que tu ne te souvenais pas de moi, mais parfois lorsque je venais au manoir Malefoy avec ma mère, nous jouions ensemble toi et moi dans votre grand jardin, mais je pense que tu as dû oublier.

Drago réfléchit alors à cette déclaration. En soi, cela ne le surprenait pas tant que ça, il avait très peu de souvenirs de son enfance et il savait que son père y était pour quelque chose.

_ Je ne me souviens pas, dit –il en fronçant les sourcils.

_ Ce n'est pas grave tu sais, nous étions très jeune.

_ Étais-je heureux ?

Cette question dérouta la jeune femme qui ouvrit la bouche de stupeur. Elle aurait pu s'attendre à de nombreuses questions venant de lui, mais sûrement pas celle-ci.

Méfaits AccomplisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant