2. I know if I'm haunting you, you must be haunting me.

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Point de vue : Céleste Labonair.

Le Vieux Carré est triste ce soir. Il n'a pas arrêté de pleuvoir ces deux derniers jours, mais je m'en fiche, je suis restée dehors. Je suis allée au cimetière, comme d'habitude. Grams aimait la pluie. Elle me racontait souvent que les esprits avaient créé la pluie pour que les sorcières sachent que la moisson approchait. Grams m'a appris à faire fleurir une plante du bayou, et cette plante sent vraiment très très bon. L'iris bleu est d'une couleur tellement intense que parfois, au Printemps, lorsque les terres du bayou en sont recouvertes, on croit que la terre est devenue bleu éléctrique.

Je suis assise à côté de la tombe de Grams. Sa fleur est fanée, mais on peut encore sentir son doux parfum. Je m'avance doucement et je pose mes deux mains sur les bords du vase en marbre noir.

"Phasmatos florae tribum."

La fleur est de nouveau vivante, et sa couleur flamboie plus que jamais. Les voix sont encore là, et elles me disent que de l'Autre Côté, Grams sourit, et elle est fière de moi. Je sais ce qu'elle aurait voulu que je devienne, mais mes parents ont refusé que je participe à la Moisson. J'ai essayé de chercher des informations sur les rituels ancestraux, et Grams m'en parlait quelques fois, mais je n'ai rien trouvé. Rien aux archives de la mairie, rien à la bibliothèque de la ville, comme si on voulait effacer toute trace magique de ma Nouvelle Orléans chérie.

Je sens un frisson me parcourir, et en un court instant, je devine qu'il est là. Au début, je n'ose pas parler, et même si ma bouche s'ouvre, aucun son n'en sort. Je ferme les yeux pendant une seconde ou deux, et je prends une grande bouffée d'air.

- Liam, je sais que tu es là. Ce n'est pas drôle.

- Depuis que je viens, c'est la première fois que tu daignes m'adresser la parole, me répondit-il, surpris.

- Je n'ai pas grand chose à dire. Quand tu es là, les mots s'en vont. Même dans ma tête, tout fout le camp, comme si tu émettais des mauvaises ondes. Tu comprends ?

- Je sais, je sais... Céleste, pourquoi tu continues à venir ici ? Tu préfères les morts aux vivants ? demande-t-il en s'approchant de la tombe, et en jetant un coup d'oeil à l'iris.

- Les morts ne me mettent pas en colère, dis-je sans lever les yeux vers lui.

- Tu insinues que je provoque ta colère ?

- Oui.

- Oui ? Vraiment ?

- Oui. Il n'y a que Max qui ne me met pas en colère, parce que Max comprend tout. Il comprend ce qui se passe dans ma tête, et il ne me juge pas, lui.

- Ne sois pas stupide, je ne t'ai jamais jugée, tu le sais.

- Je ne suis pas stupide, mais je sais ce que tu dis sur moi au lycée. Tu es méchant, hypocrite, et tu ne respectes rien, même pas la tranquilité des morts de ce cimetière.

- Tu ne sais pas ce que tu dis, crois moi. Je suis le premier à respecter les morts, même si je n'ai pas l'air comme ça.

Il ment encore. Je le sais, il ment toujours quand il parle aux filles. Je sens la colère monter en moi comme une boule d'énergie incandescente. Si je le pouvais, je déclencherais un incendie de la ville entière pour que les gens sachent à quel point ils me mettent en colère, mais à la place, je ferme les yeux, et Liam se retrouve projeté contre un des murs d'enceinte du cimetière Napoléon.

Left Behind.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant