Point de vue : Liam Payne.
Il m'est impossible de quitter la chambre de Céleste. Pas que je sois dans la complète impossibilité de le faire, mais je n'en ai tout simplement ni l'envie, ni le courage. Elle est encore endormie, et ses longs cheveux ne sont plus désormais qu'une crinière châtain roux ébouriffée. Si je n'étais pas aussi transi devant le spectacle qui s'offre à moi, j'aurais volontiers éclaté de rire. Elle était parfaite. Si seulement elle n'avait pas un si mauvais caractère...
Elle gémit dans son sommeil, et elle dit quelque chose. Je ne comprends pas, mais d'un coup, elle se réveille et ouvre les yeux. Je ne bouge pas, et je reste stoïque, au bout de son lit. Je la vois cligner des yeux pendant un instant comme si elle pensait que j'étais un mirage. Je lui souris, mais je prends garde de ne pas avancer vers elle ou de faire un geste qu'elle pourrait juger comme étant une attaque à son égard. Elle voit la fleur posée à ses pieds, sur la couette. Elle me jette un regard méfiant avant de s'emparer de l'iris bleu. Elle l'inspecte d'un oeil circonspect, et finit par en humer le doux parfum.
- Merci pour la fleur, me dit-elle d'une voix blanche. Je ne pensais pas que tu t'en souviendrais.
- Je suis très observateur, surtout en ce qui te concerne Céleste.
Lorsque je dis son prénom, je vois ses joues rosir dans l'obscurité. J'aime l'effet que je lui fais, et j'aime aussi la façon dont son prénom roule sur ma langue. Ses grands yeux verts me scrutent et essaient de deviner ma silhouette éclairée par le croissant de Lune. La vérité me tombe littéralement dessus : Céleste est devenue mon nouveau rêve. En songeant qu'elle puisse me repousser, je me mets à regretter tout ce que j'ai pu dire sur elle au lycée pour essayer de dissimuler ma vraie nature. Je ne voulais pas être le défenseur des opprimés, pas jusqu'à cet instant. La situation est simple, presque étrange. Elle me regarde sans détourner les yeux et attend probablement que je parle le premier, mais les mots ne sortent pas. Elle pose l'iris à sa droite et elle se lève. Je la vois s'approcher, lentement vers moi. Pendant ce qui semble être une éternité, nous nous contemplons l'un l'autre avec un air ahuri, comme si nous voulions percer le mystère de l'autre, et en même temps, comme si nous étions des créatures bizarres. Je suis presque fou d'attendre qu'elle ouvre la bouche et qu'elle me dise qu'elle ressent cette tension grandissante entre nous. Toutes les barrières sont brisées, il n'y a plus de frontières, plus aucune limite.
- Tu sens ça aussi... ?, murmure-t-elle en faisant un pas de plus vers moi.
- Oui, Céleste.
Et je sais qu'à cet instant, nous sommes tous les deux prêts à nous laisser consumer. Je fais le dernier pas qui semble nous séparer et je prends ses mains dans les miennes. Pendant une seconde, je sens que ma chaleur la surprend; elle s'attendait sûrement à ce qu'un vampire ait la peau glacée, mais ce n'est pas le cas. Je voudrais que mes mains se posent partout sur son corps et sur cette peau diaphane que j'admire presque chaque nuit. Céleste lâche mes mains et pose les siennes sur mes joues, et caresse ma barbe. Ses mains sont douces, tièdes, et je sens que les battements de mon coeur s'accélèrent.
Point de vue : Céleste Labonair.
Je suis prête à imploser. Sa peau est plus chaude que ce à quoi je m'attendais. J'ai envie de l'embrasser, parce que ses lèvres pulpeuses m'attirent plus que je ne saurais le dire, mais j'essaie d'analyser la situation, et pendant un quart de seconde, j'hésite. Son regard croise le mien, et ses pupilles se dilatent. Dans ses yeux, je ne lis pas de la colère, ni de la peur comme dans les miens, mais du désir. Comment cela est-il possible ? Je suis censée le détester, mais il m'est difficile voire carrément impossible de résister à l'appel des sens qu'il a déclenché en moi. La peur disparaît pour laisser place à l'envie. Je pose délicatement mes lèvres sur les siennes, et il n'est pas surpris par mon geste; j'ai comme le sentiment que c'est un soulagement car je sens tout son corps se détendre. Il passe ses mains autour de ma taille et m'attire contre lui, tandis que mes mains glissent sur ses épaules puis sur son torse. Il entrouvre légèrement les lèvres et sa langue réclame l'accès à ma bouche. Je ne veux plus me soucier de rien, et je m'abandonne complètement à lui, parce que je n'ai pas vraiment le choix. Je n'ai plus aucun contrôle sur mes gestes, et mon corps ne répond plus. Je me laisse aller aux sensations, et je me perds dans ses bras pendant ce qui me semble être un millénaire. Je me sens vivre, et l'ivresse me prend toute entière. Je suis audacieuse, et dans un élan de courage, je le repousse légèrement, et je le fixe.
- Mords moi, dis-je, brûlante.
- ... Quoi ?, répond-t-il en bafouillant, étonné par ma requête.
- Mords moi, je t'en prie. J'en ai besoin Liam, vraiment.
D'abord, je crois qu'il se ravise, mais il est comme moi, il est prêt à se jeter tout entier dans le volcan qui nous brûle, nous consume, nous transforme en cendres. Doucement, il dégage mes cheveux de ma nuque pour mieux atteindre ma gorge. Il retient ma tête, et plante lentement ses crocs dans ma chair. Curieusement, je ne ressens pas la douleur, et je le soupçonne de modifier mes émotions, mais j'efface vite cette idée de mon esprit et je me laisse transporter.
Il aspire quelques gouttes de mon sang et lèche la petite perle qui roule à l'endroit où il a percé ma chair. Il semble satisfait de ne pas avoir laissé une trop grande trace, et me tend son poignet.
- Tiens, bois, juste quelques gouttes. C'est pour soigner ta gorge.
- Tu es sûr que c'est vraiment nécessaire ?
- Au-delà de ses propriétés curatives, oui, j'aimerai que tu boives mon sang. J'aimerai que tu le boives parce que ça signifiera que tu es à moi, et à personne d'autre que moi.
- Je suis à toi, tu le sais, mais si tu y tiens... D'accord.
Il mord doucement son poignet et me le tend de nouveau. Je goûte à son sang; un goût métallique envahit ma bouche, mais il est vite remplacé par une saveur sucrée, qui me donne une sensation de plénitude. Notre appartenance l'un à l'autre est bien réelle, presque palpable dans l'air devenu étouffant de ma chambre. Les traces de ses crocs ne sont désormais plus que deux petites cicatrices presque invisibles, mais si je passe la main sur ma gorge, je peux encore les sentir. Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens, et un silence pesant s'installe entre nous. Ce silence ne semble pas le déranger, et il m'étreint une dernière fois.
- Promets moi que tu ne vas pas t'enfuir Céleste..., dit-il d'une voix presque suppliante.
- Je connais la portée de notre geste, Liam. Je ne suis pas stupide, et je suis sûre de ce que je veux maintenant. Tout ce que je te demande, c'est un peu de temps pour assimiler ce qui s'est passé ce soir... C'est un peu.. Soudain. Tu comprends ?
- Oui, je comprends... Mais merci, merci Céleste.
- Merci ?, je demande en écarquillant les yeux.
- De m'avoir ouvert ton coeur, de me parler enfin, d'être dans mes bras.
- C'est assez bizarre pour moi de te l'avouer, mais on n'y est pas si mal que ça.., lâchai-je en souriant bêtement.
Liam entend des pas dans le couloir, et s'éclipse aussitôt en déposant au passage un chaste baiser sur mes lèvres. Le pire est arrivé. J'ai cédé à mes passions, et mon pire cauchemar est en train de se réaliser. Le loup s'est précipité dans la bergerie, et il est maintenant impossible de l'en extirper...
La ville est calme ce soir. Les filles légères sont rentrées chez elles, et il n'y a pas de saxophoniste dans la rue. Tout semble avoir été bousculé, ou transformé, et je pense que la ville est au diapason de mon humeur : changée et presque instable. Demain, je compte retourner au cimetière sur la tombe de Grams. La seule chose que j'espère, c'est que les esprits des ancêtres ne soient pas trop perturbés... Mon geste ne pourra jamais s'effacer. Le sort de Liam et le mien sont désormais scellés, et nos destins indissociables.
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Bonsoiiiiiiiiiiir !
Après moultes rebondissements ces deux dernières semaines, j'ai enfin pu poster ce chapitre 3 ! J'ai mis un peu plus de temps, mais les idées ont mis du temps à mûrir dans ma tête... Et dans mon soucis du travail bien fait, je souhaitais vous offrir un chapitre de qualité, et pas un truc baclé sans queue ni tête.
J'espère donc que ça vous plaira, et que ça fera travailler vos petites méninges (pour trouver une piste de suite de votre côté, je le dis parce que ça m'arrive de le faire).
Je vous embrasse fort,
Florine.