Point de vue : Céleste Labonair.
J'ai l'impression d'être complètement à l'ouest. Liam est parti il y a presque deux heures, et le sang bat encore nerveusement dans mes veines, sans que je puisse me calmer ou faire quoi que ce soit. Il fait trop chaud. La fenêtre est pourtant ouverte, mais l'air me semble irrespirable. Je sens encore ses lèvres sur ma peau, ses mains sur ma taille, son souffle sur ma nuque, ses murmures près de mon oreille. Il est parti, mais je ressens encore sa présence. Pour la première fois de mon existence, tout n'a plus l'air sombre, triste ou désolant. Tout s'est illuminé, tout s'est éclairé. Je revois encore ses yeux couleur chocolat briller dans la pénombre de ma chambre et mon humeur se fait plus légère. Désormais, je suis sûre d'une chose : peu importe ce que Liam a l'intention de me demander, je me sens disposée à tout lui accorder. Notre baiser m'a paru durer une éternité, et en même temps, j'ai cru qu'il avait duré un millième de seconde. Ce court échange m'a permis d'y voir plus clair, et m'a aussi emprisonnée, dans un sens.
Je sens enfin un peu de fraîcheur me parcourir, et je remonte légèrement mon drap jusqu'à mon ventre. Je ne suis plus vraiment inquiète, même si je sais que dès que je serai réveillée demain matin, mon cerveau tournera de nouveau à plein régime, n'étant plus embrumé comme il l'est à cet instant, et je serai de nouveau angoissée et terrifiée d'être touchée par une quelconque réaction des esprits ancestraux lorsque j'irai rendre visite à Grams. Je ne peux pas me permettre d'espérer qu'ils me laisseront du répit, et je préfère autant me préparer, et apprendre à pratiquer la magie sérieusement. Je suis heureuse d'avoir pris cette résolution, et je pense sincèrement que Liam ne désapprouvera pas ce choix.
Je finis enfin par trouver le sommeil, le sourire accroché aux lèvres, ressentant la plénitude m'envahir.
Point de vue : Liam Payne.
Enfin de retour chez moi, je repense à ce qui est arrivé ce soir. J'ai senti que quelque chose était différent, clairement. Jusque là, je comparais ce que je ressens à ce que j'ai pu ressentir pour Thalia, mais Céleste n'a rien qui puisse lui ressembler, et je m'en suis rendu compte dès la seconde où elle a posé ses yeux sur moi, dans sa chambre, avant de m'embrasser et de me demander de la mordre. Je pensais qu'elle était timide, docile, peureuse, et j'ai même cru qu'elle pourrait être soumise... Je m'étais trompé sur toute la ligne. Céleste est courageuse, elle a du caractère, elle est audacieuse, et je l'aime. Son odeur est partout sur mes vêtements, et je suis à deux doigts de courir la rejoindre, de déchirer ce qui lui sert de pyjama et de la prendre contre tous les murs de sa chambre, sur son lit d'adolescente, contre sa grande armoire blanche, mais je ravise aussitôt, parce que la partie raisonnée de moi-même veut lui laisser du temps, comme elle me l'a demandé, et cette partie-là éprouve aussi le besoin de réfléchir à ce qui pourrait arriver entre nous. Le goût de son sang est encore dans ma bouche : sucré, léger, presque fruité, son sang est de loin le meilleur que j'ai jamais goûté. Je suis certain que cette pensée la dégoûterait venant de moi, mais en y réfléchissant, je me rends compte que je n'en ai aucune idée. La façon dont elle a réagi m'a tellement bouleversé que je n'arrive plus à anticiper la moindre réaction chez Céleste. L'avoir embrassée, puis mordue et y penser encore et encore jusqu'à devenir fou à lier : voilà ce qui m'attend cette nuit.
Point de vue : Céleste Labonair.
La lune éclaire ma chambre d'une lumière douce, presque blafarde. Allongée dans mon lit, je scrute la pièce d'un regard absent. Devant mon lit, un petit bureau en bois blanc patiné, sur lequel trône fièrement un cadre dans lequel se trouve une photo de Maximilien et moi, à Mardi Gras, l'an dernier avec nos dizaines de colliers multicolores autour du cou. A côté, mon ordinateur, qui émet un léger "ping", me signifiant que je venais de recevoir un mail. Je me lève, contourne le pouf qui se trouve à la droite de mon lit, enfile mon kimono en soie, et m'avance vers mon bureau pour aller prendre mon ordinateur portable. Je clique sur la petite fenêtre en haut à droite de l'écran, et je commence à lire le message silencieusement.