Chapitre 4 𓅰

82 10 0
                                    

* Opale *

J'ai oublié depuis longtemps ce que ça fait d'être heureuse en cours. Mais cette vente de roses à l'approche de la Saint Valentin est de loin l'un des pires passages de mes années scolaires.
Je veux dire, il y a des petits couples partout qui s'échangent leurs bouquets, ceux qui déclarent leur amour et ceux qui en reçoivent. La dernière catégorie est la pire, des dizaines de bouquets offerts par des dizaines de personnes, et aucunes pour lesquelles ils ont des sentiments.
Est-ce que je reçois des roses ?
Oui. Souvent noires avec un petit message moqueur. Je les collectionne à vrai dire, c'est si adorable.
Oh, madame ironie fait son retour...
Bon OKAY, ça me fait un peu de mal. Mais juste un peu, c'est promis. Je vous avais bien dit que j'étais sentimentale non ?

J'étais donc tranquillement en train de résoudre une équation quand un surveillant est entré dans ma classe de maths avec un panier pleins de roses. Il se dirige vers le petit prince et dépose une dizaine de roses.
Pitoyable.
Est-ce que je suis jalouse ?
Un peu... peut-être !
Puis il se dirige vers moi et dépose 2 roses noires accompagnées de deux petites enveloppes. Sur les deux sont inscrites des critiques et des insultes.
Soit.
Le surveillant prend ensuite deux bouquets et les apporte à Julie, la bombe de la classe.
Il revient ensuite vers moi et me donne le panier avant de sortir de la classe.
Il a dû se tromper ... pas vrai ?
Mes camarades se mettent à me siffler et faire des commentaires. J'observe les roses : elles sont de différentes couleurs mais toutes reliées dans un magnifique bouquet. Sur la petite carte qui l'accompagne est écrit un poème de Robert Desnos, j'ai tant rêvé de toi.

" J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m'est chère ?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie. "

Suivis de quelques mots :
𝒥 '𝒶𝓊𝓇𝒶𝒾 𝓋ℴ𝓊𝓁𝓊 𝒶𝓋ℴ𝒾𝓇 𝓁ℯ 𝓉𝒶𝓁ℯ𝓃𝓉 𝒹ℯ 𝓉 'ℯ𝓃 ℯ́𝒸𝓇𝒾𝓇ℯ 𝓊𝓃, 𝓂𝒶𝒾𝓈 𝒶̀ 𝒹ℯ̄𝒻𝒶𝓊𝓉 𝒹ℯ 𝒸̧𝒶... 𝒥ℯ 𝓃ℯ 𝓈𝒶𝓋𝒶𝒾𝓈 𝓅𝒶𝓈 𝓆𝓊ℯ𝓁𝓁ℯ𝓈 ℯ́𝓉𝒶𝒾ℯ𝓃𝓉 𝓉ℯ𝓈 𝓇ℴ𝓈ℯ𝓈 𝓅𝓇ℯ́𝒻ℯ́𝓇ℯ́ℯ𝓈, 𝒶𝓁ℴ𝓇𝓈 𝒿ℯ 𝓉 'ℴ𝒻𝒻𝓇ℯ 𝒹ℯ 𝓁𝒶 𝒸ℴ𝓊𝓁ℯ𝓊𝓇 ℯ𝓉 𝒿'ℯ𝓈𝓅ℯ̀𝓇ℯ 𝓊𝓃 𝓅ℯ𝓊 𝒹ℯ 𝒿ℴ𝒾ℯ 𝒹𝒶𝓃𝓈 𝒸ℯ𝓉𝓉ℯ 𝒽ℴ𝓇𝓇𝒾𝒷𝓁ℯ 𝒿ℴ𝓊𝓇𝓃ℯ́ℯ.
𝒰𝓃 𝓇ℴ𝓂𝒶𝓃𝓉𝒾𝓆𝓊ℯ ℯ́𝓅𝓇𝒾𝓈 𝒹ℯ 𝓉ℴ𝒾

Qui m'a offert le bouquet et... le mot ...?
Je pourrais sans doute faire comme si cette attention ne me touchait pas mais je n'en avais pas envie aujourd'hui.
Demain, sans doute, mais pas aujourd'hui.
Parce que, qui que soit cette personne, il m'a fait me sentir heureuse. Et si cette personne peut me donner quelques secondes de plus de bonheur, il faut qu'il soit près de moi pour m'empêcher de tomber.
Le cœur battant je souris en baissant la tête.

Je le retrouverai, je me le promets.

𝚁𝚊𝚝𝚝𝚛𝚊𝚙𝚎 - 𝚖𝚘𝚒 𝚜𝚒 𝚓𝚎 𝚝𝚘𝚖𝚋𝚎. 𓅰Où les histoires vivent. Découvrez maintenant